Le Centre de recherches préhistoriques, anthropologiques et histoires (CNRPAH) devra affronter les susceptibilités de chaque région du pays pour asseoir son grand projet, l'atlas du patrimoine culturel algérien. Une sorte de consensus qui n'est pas sans quelques frictions, mais le jeu en vaut certainement la chandelle. Pour sa sixième édition, le colloque international portant sur l'anthropologie et la musique, revêt de par sa thématique, une importance capitale pour une identité algérienne, culturellement riche et diversifiée, le savoir-faire et la transmission dans les musiques de traditions orales, dont le malouf constantinois. Un colloque qui s'est étalé sur trois jours, lundi, mardi et mercredi derniers à l'hôtel Marriott avec la participation de plusieurs chercheurs de différentes nationalités, quinze au total et pas moins de trente communications. La conférence de presse, organisée pour la circonstance au siège du commissariat de la manifestation culturelle, Constantine capitale de la culture arabe, initiateur de ce projet et présidée par le chef de département des colloques et congrès, Slimane Hachi qui est également directeur du CNRPAH, s'est voulue un avant-goût des travaux menés par plusieurs chercheurs dans le domaine musical à travers les régions du pays et c'est la directrice de ce projet, le professeur Maya Saidani qui précisera l'argumentaire d'un tel colloque : «Ce colloque intervient à un moment où il fallait coordonner tous nos efforts pour répertorier tout le patrimoine culturel et musical afin de l'inventorier pour mettre en place une véritable base de données, laquelle constituera à son tour un véritable outil de travail pour tous ceux qui veulent approfondir les recherches». Elle a par ailleurs fait part du riche programme de cette rencontre dont les thèmes ne peuvent que susciter un intérêt certain des spécialistes. Abondant dans le même sens, Slimane Hachi dira pour sa part : «Tous ces colloques sont destinés à concrétiser un grand projet qui est celui d'un véritable atlas de notre patrimoine culturel et partant une banque de données qui permettra toutes les recherches possibles quant à notre mémoire collective qui est en même temps notre identité. Ajoutant, quand on sait que notre pays jouit d'une histoire qui remonte à plus de deux millions d'années pour une superficie de plus de deux millions de kilomètres carrés, la tâche, dans ce domaine est colossale, mais nécessaire et c'est à ce titre que l'Etat, conscient de l'importance de ces travaux a décidé d'étendre les activités du CNRPAH à des annexes, implantées sur tout le territoire national afin d'être proches de chaque région pour mieux s'imprégner de son patrimoine». En fait, la problématique des réticences de certains conservateurs dans le monde musical quant à une transmission crédible qui n'affectera pas l'âme du patrimoine, semble hanter les esprits des initiateurs de ce projet comme le souligne Maya Saidani : «effectivement, la tradition orale, très présente dans la transmission de notre patrimoine a prouvé son efficacité du moins dans des sonorités très particulières, mais il faut aussi, non seulement les répertorier mais aussi les archiver, ce qui est selon quelques expériences vécues, peuvent constituer un obstacle de taille, le cas du malouf constantinois dans l'interprétation d'une œuvre et sa transcription en est la preuve de toutes les difficultés que nous pouvons rencontrer entre conservateurs, traditionnalistes et modernistes scientifiques». Et c'est en présence d'un panel d'experts remarquable issus de divers horizons que le colloque s'est ouvert dans la matinée de lundi. Emue, la présidente, Maya Saidani, ne manquera pas de souligner l'importance d'une telle rencontre dans son allocution : «Le sujet que nous allons débattre ensemble, vous en convenez, est assez complexe pour générer autant de difficultés quand il s'agit de transcrire et transmettre des musiques de tradition orale». En effet, ce n'est pas le propre des musiques algériennes, mais de toutes les musiques, même européennes, car il ne faut pas occulter toutes les difficultés rencontrées quand ces mêmes pays ont entrepris ce travail. Maya Saidani dira pour l'exemple : «Lorsque certains musiciens du moyen-âge ont eu la fameuse baguette pointée contre eux, il y a eu comme un soulèvement et une réprobation amère, pourtant, c'est cette baguette, avec ses indications, au demeurant très pointues, qui a engendré toutes ces transcriptions et partant, une transmission efficiente d'un patrimoine musical bien conservé à nos jours». Il est à noter qu'une minute de silence a été observée à la mémoire d‘Ahmed Serri, décédé récemment et pour qui un grand hommage a été rendu par le chef de département des congrès et colloques, Slimane Hachi. Le travail que le défunt a accompli durant sa vie à l'égard de la musique algéroise, la Sanaâ en l'occurrence, est un chef-d'œuvre puisqu'il a le mérite d‘avoir transcrit tout le répertoire». Et pour bien entamer un colloque dédié à la musique,la présidente a eu l'ingéniosité d'offrir une Hadoua, «une musique», dit-elle qui se trouve dans plusieurs régions du pays, qui sonne comme un prélude à une fête et dont la particularité s'articule autour de fortes percussions et d'intenses sonorités de Zorna.