Une banque de vaccins contre les pathologies affectant les cheptels devrait être opérationnelle pour l'Afrique du Nord en fonction de la mobilisation des financements. La brucellose et la rage constituent des problèmes de santé animale au Maghreb, outre la réapparition relativement maîtrisée de la fièvre aphteuse. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Une banque de vaccins contre les pathologies affectant notamment le cheptel devrait être lancée en Afrique du Nord. Une banque antigènes qui permettra, considérait hier le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche (MADRP), Sid-Ahmed Ferroukhi, qui a ouvert, avec la nouvelle directrice de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), Monique Eloit, les travaux de la 11e réunion du Comité permanent conjoint du réseau méditerranéen de santé animale (Remesa). Une banque de vaccins qui permettra aux pays où certaines pathologies et épizooties sévissent de pouvoir obtenir les vaccins de manière immédiate et en quantités suffisantes. Quid de la vocation de la banque ? Une banque dont la création a été initiée par l'Algérie dès 2014, lors de la résurgence de la fièvre aphteuse. «Notre pays y a mis le forcing», considèreront en marge des travaux le représentant de l'OIE pour l'Afrique du Nord, Rachid Bouguedour et le directeur des services vétérinaires au MADRP, Karim Boughalem. Cette banque «virtuelle», gérée sous l'égide de l'OIE et devant être basée à Tunis, permettra selon Rachid Bouguedour, de «réagir immédiatement» en cas d'épizooties. Il s'agira ainsi pour le pays concerné de «contacter l'OIE qui déclenchera immédiatement le producteur de vaccins», explicitera le représentant de l'organisation internationale. Ce qui permettra de compenser les déficits des pays voisins, d'éviter la réédition des difficultés rencontrées par l'Algérie qui «malgré le financement existant, a mis deux mois pour obtenir les doses de vaccins», relèvera M. Bouguedour. Pourtant, l'Algérie a pu bénéficier de la «solidarité» du Remesa, d'«appuis scientifiques et techniques, de dons de partenaires et de doses de vaccins», indiquera la directrice générale de l'OIE. «Les bailleurs de fonds commencent à arriver» Cette banque de vaccins devrait être opérationnelle dans quelques mois, voire à la fin 2016, escomptera le directeur des services vétérinaires. «Le Maroc et la Tunisie, intéressés, nous ont rejoints et le Remesa a adopté une résolution en ce sens», dira Karim Boughalem qui précise que l'OIE qui a déjà mis en place un dispositif similaire en Asie «s'est engagée et travaille pour la mise en œuvre de cette banque». Ce faisant, le lancement de la banque dépendra de la mobilisation des financements nécessaires, assez conséquents. Tout en assurant que «les bailleurs de fonds commencent à arriver. La Commission européenne, l'Italie et la France sont disposées», le représentant de l'OIE considérera le rôle fondamental des pays concernés dans la création de cette banque vouée à «autonomiser» les pays et conforter les dispositifs de prévention. Le cheptel algérien «se porte bien» Or, des dispositifs qui doivent être maintenus en permanence dans le contexte de la résurgence-apparition de certaines maladies, telles la fièvre aphteuse, la brucellose et la rage notamment. Certes, «le cheptel algérien se porte bien», assurera le directeur des services vétérinaires. M. Boughalem observera ainsi que l'état sanitaire du cheptel «a été impeccable» durant la récente période, hormis l'épizootie de fièvre aphteuse en 2014 et qui a touché principalement le cheptel bovin. De même que le cheptel ovin «se porte bien même si des foyers de fièvre aphteuse ont été constatés mars 2015 en région steppique». Voire, le représentant du MADRP observe qu'«il n'y a plus eu de foyers de fièvre aphteuse jusqu'à la réapparition de cette maladie au Maroc». A ce propos, le représentant de l'OIE précisera que 6 foyers de fièvre aphteuse y ont été enregistrés même «si la situation est actuellement maîtrisée et la progression de la maladie ralentie». La Libye, un «maillon faible» Autre facteur à prendre en considération, «le maillon faible» que représente la situation politique en Libye qui «impacte fortement sur la santé animale», relèvera le représentant de l'Organisation mondiale de la santé animale. Cela même si des actions de formation ont été initiées en faveur des services vétérinaires libyens et que la réactivité de ces derniers est avérée dans le cas de la grippe aviaire notamment. D'autres maladies à considérer Néanmoins, le cas du Maroc constitue un un sujet d'«inquiétude» au regard du risque de propagation transfrontalière, considèrera Karim Boughalem qui précise que ses services «restent vigilants» et qu'une campagne de vaccination du cheptel s'effectue tous les six mois dont la dernière a été lancée depuis la mi-novembre. «Nous maintiendrons cette vigilance et la vaccination jusqu'à l'éradication de totale de l'épizootie», note ce cadre du département de Sid-Ahmed Ferroukhi. Toutefois, Karim Boughalem note le problème de la brucellose sur le bovin. «Nous sommes en train de gérer cette maladie», dira-t-il en relevant que le département ministériel a «introduit la prime sanitaire de 2 dinars. Cette prime est donnée aux éleveurs qui possèdent du cheptel et qu'on indemnisera en cas d'abattage pour cause de brucellose notamment». De fait, l'éradication de cette maladie est possible «dans une dizaine d'années», dira le directeur des services vétérinaires. Cela même si le problème de l'identification de tout le cheptel se pose et que l'éradication de la brucellose et de la tuberculose représente «un travail de longue haleine», considère le représentant de l'OIE. Outre la brucellose, la tuberculose et la clavelée, l'Afrique du Nord est confrontée à la rage, relève Rachid Bouguedour. Considérant que le traitement de cette maladie nécessite l'implication «intersectorielle», la coopération des collectivités locales, le représentant de l'OIE indique qu'un programme de vaccination en Afrique du Nord a été validé et bénéficiera d'un financement extérieur. Vers l'identification de tout le cheptel L'identification de l'ensemble du cheptel figure justement parmi les thématiques du programme de jumelage impulsé entre l'Algérie et l'Union européenne, indiquera le directeur des services vétérinaires. Bénéficiant d'un financement européen et d'un transfert d'expertise française et italienne, ce programme porte également sur la mise en place d'un système d'information «abritant la base de données de l'identification», selon Karim Boughalem. Il évoque ainsi la mise en place d'un plan algérien de recherche de contaminants et de résidus dans les aliments. «Si nous arrivons à concrétiser ces actions, nous pourrions arriver à résorber les écarts décelés lors de l'évaluation des experts de l'OIE», considère le représentant du MADRP. Notons à ce propos que «les services vétérinaires algériens sont bien notés au niveau international», relèvera Rachid Bouguedour qui observe que «le problème de la fièvre aphteuse est bien géré» notamment en Algérie qui a réalisé «beaucoup de progrès en matière de prophylaxie».