Les prix des viandes rouges risquent d'augmenter d'ici quelques semaines, à l'approche de l'Aïd El Kébir. Une hausse provoquée notamment par la propagation de la fièvre aphteuse qui affecte actuellement une partie du cheptel bovin et commence à s'étendre aux ovins. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) Si la maladie virale n'est pas maîtrisée, une hausse des prix des ruminants serait prévisible. Certes, des éleveurs subissent déjà «une perte», relevait, hier, Mohamed Tahar Ramram, qui préside le Comité national des commerçants de viandes lors d'une conférence organisée sous l'égide de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Ainsi, des éleveurs se retrouvent dans une situation de quasi –faillite. Certes, un dispositif d'indemnisation à hauteur de 80% pour la vache laitière, voire à 100% en recourant à la vente de la carcasse, existe au profit des opérateurs qui déclarent des cas de contamination. Mais ce dispositif ne pourra cependant être lancé qu'après évaluation des pertes enregistrées. Or, l'estimation de cette perte, de cette «catastrophe» reste à affiner, d'autant que le nombre des têtes contaminées et/ou abattues reste encore inconnu selon le représentant des commerçants de viandes. Notons dans ce contexte qu'un millier de bovins aurait été contaminé sur un effectif total de 1,9 million de têtes, outre les quelque 23 millions de têtes d'ovins. Ce faisant, des éleveurs ont été en effet obligés de baisser leurs prix de vente des têtes de bovins d'environ 30% à 50% à l'est du pays et notamment dans la région sétifienne où les premiers foyers de l'épidémie ont été déclarés et les marchés à bestiaux fermés. Ainsi, les prix des carcasses ont décru de 800 dinars le kilogramme à 500 dinars, voire à 200 dinars le kg dans plusieurs localités de cette région. Une diminution du revenu des éleveurs, certes, et qui devrait profiter aux distributeurs et commerçants et par conséquent, aux consommateurs. Néanmoins une baisse qui ne devrait pas durer, et les prix des bovins mais aussi des ovins devraient repartir à la hausse en raison de la spéculation et autres pratiques commerciales plus ou moins indues et de la raréfaction de l'offre, nonobstant le recours à l'importation. Et ce, dans le contexte où l'Algérie ne dispose pas d'une race bovine locale, relève Mohamed Tahar Ramram. A charge cependant que la fièvre aphteuse qui affecte déjà seize wilayas de l'est et du centre du pays où plusieurs cas de contamination ont été détectés ou suspectés puisse être maitrisée à temps et de manière efficace. Des mesures préventives et réactives ont été certes prises par les pouvoirs publics et les services vétérinaires et agricoles. ll s'agit essentiellement de la fermeture des marchés de bestiaux, l'interdiction des mouvements du cheptel, l'abattage sanitaire immédiat des animaux affectés, la désinfection et l'assainissement des fermes et la vaccination des animaux... Notons ainsi qu'un million et demi de bêtes, voire plus, ont été déjà vaccinées dans le cadre d'une opération nationale et un volume d'un million de doses de vaccins est annoncé disponible. Les services agricoles et vétérinaires, et autres structures du ministère de l'Agriculture et du Développement rural ont ainsi tenté de déployer d'importants efforts pour lutter contre cette maladie, à travers la mobilisation de quelque 9 000 vétérinaires, la mise en œuvre d'actions de prospection, de sensibilisation des éleveurs afin de les inciter à déclarer les cas de fièvre et à vacciner leur bétail... Des mesures que le porte-parole de l'UGCAA, Hadj Tahar Boulenouar, approuvera, tout en estimant que la vaccination aurait dû être opérée de manière proactive, mieux, anticipée. Mais aussi, au porte-parole de l'UGCAA et au président du comité national des commerçants de viandes d'en appeler à une meilleure communication et à davantage d'actions de sensibilisation. Comme il s'agit pour les services agricoles et vétérinaires d'être davantage offensifs, d'assumer leurs responsabilités et d'intervenir en amont de l'élevage en se rapprochant directement des éleveurs, sans attendre qu'ils déclarent des cas de contamination, confirmée ou suspectée. Rappelons que la propagation de la fièvre aphteuse, qui n'affecte pas l'homme, a été provoquée par l'introduction frauduleuse d'animaux contaminés de la frontière tunisienne à Bir El Arch (Sétif).