Le limogeage de Boumediene Derkaoui de la tête du groupe pharmaceutique public Saidal, par le ministre de l'Industrie Abdesselam Bouchouareb, confirme une fois de plus la règle non écrite qui veut que l'on mette fin aux fonctions de hauts cadres sans donner de raison objective. Si les qualités de son successeur ne sont pas à mettre en doute, il reste que le départ de Derkaoui pose plusieurs questions sur les arrière-pensées d'une telle décision. Younès Djama - Alger (Le Soir) - Lors d'une de ses dernières sorties publiques, Boumediene Derkaoui a plaidé pour la dépénalisation de l'acte de gestion pour améliorer la performance des entreprises publiques. «Si nous voulons avoir des entreprises publiques performantes, il faut libérer les gestionnaires et lever l'épée de Damoclès qui pèse sur eux», a plaidé Derkaoui, le 27 octobre dernier, lors de son passage au forum du journal DK News. Pour lui, le glaive est vite tombé. Il ne continuera pas à la tête de l'entreprise. L'assemblée générale du groupe, tenue jeudi en présence du DG du secteur public marchand au ministère de l'Industrie et des Mines, Ali Oumellal, a donc «acté» le départ de Derkaoui après 5 années passées à la tête du groupe Saidal. Son successeur au poste de président-directeur général, Mohamed Hammouche, jusqu'ici directeur des opérations du groupe Saidal, a fait l'essentiel de son parcours dans le domaine pharmaceutique et du groupe Saidal où il a cumulé près de 25 ans d'expérience. Il fut recruté en 1991 en qualité de technicien supérieur au Service du développement galénique du département recherche et développement (R&D) de la filiale Antibiotical, filiale de Saidal sise à Médéa, spécialisée dans la production d'antibiotiques pénicilliniques et non pénicilliniques. Après avoir occupé des postes de responsabilité au sein de cette filiale, entre autres chef du même service, chef du département R&D, directeur du Laboratoire de contrôle de la qualité, directeur de la production pharmaceutique, le nouveau P-dg a été ensuite nommé DG adjoint de la filiale BIOTIC puis P-dg de la filiale Antibiotical. Intervenant lors de la cérémonie d'installation, le représentant du ministre de l'Industrie a souligné que Saidal est sur la «voie du redressement», ajoutant que ce groupe public est devenu un «acteur incontournable» dans le secteur pharmaceutique marqué pourtant par une forte concurrence, selon le communiqué du ministère de l'Industrie. «C'est aussi une entreprise qui a une autorité morale dans le secteur public. C'est une entreprise emblématique qu'il va falloir préserver et dont la position doit être consolidée», a encore déclaré Oumellal lors de la cérémonie d'installation du nouveau P-dg dans ses fonctions. Il a exhorté l'ensemble de l'équipe à continuer à travailler dans cette direction en gardant «l'unité de l'équipe dirigeante» afin de maintenir la cohésion au sein de l'entreprise. «Je vous demande de garder votre solidarité et l'esprit d'équipe, maintenir votre engagement pour votre entreprise et d'œuvrer uniquement pour son intérêt», a ainsi soutenu Ali Oumellal. Revenant sur le choix de Mohamed Hammouche, il a affirmé que ce dernier est un cadre issu de l'entreprise qui «connaît parfaitement» son fonctionnement afin d'assurer la continuité de l'activité. Réussir le démarrage des prochaines usines de Saidal Pour sa part, le P-dg sortant a remercié les présents pour leur engagement tout au long des dernières années et exprimé ses souhaits de succès au nouveau P-dg avant de souligner sa disponibilité à continuer «à apporter son assistance et son conseil» au bénéfice du groupe Saidal. Son successeur, pour sa toute première intervention, a salué les efforts que son prédécesseur a consentis au sein de l'entreprise avant de s'adresser aux cadres en les exhortant à poursuivre l'évolution du groupe. Le nouveau P-dg a aussi insisté sur la poursuite du plan de développement avec les partenaires stratégiques du groupe dans l'objectif, a-t-il dit, d'atteindre les objectifs tracés. Il encourage les cadres à plus de «cohésion» et de solidarité, particulièrement pour réussir le démarrage des prochaines usines que Saidal doit, selon lui, impérativement réceptionner «avant fin 2016».