«L'Afrique subit les conséquences du réchauffement climatique, alors qu'elle n'est pas responsable de l'émission de gaz à effet de serre.» (François Hollande) À voir l'activité qui règne au pavillon Afrique, et dans les bureaux de quelques pays africains, on voit que le continent a fait de sérieux progrès en matière de communication. Des pays comme la Tunisie, le Maroc, le Niger, ou le Bénin, exposent leurs programmes de lutte contre les dérèglements climatiques. Pas de pavillon, ni de bureau algérien en revanche, alors qu'il est visible que beaucoup d'Algériens sont là, en dehors de la délégation officielle. Ainsi, on a pu échanger quelques mots, entre deux conférences, avec M. Cherif Rahmani, ancien ministre, en charge de l'Environnement entre autres (voir encadré), venu ici en tant que président de la Fondation Déserts du monde. On se sent un peu frustré en voyant les efforts que fait le Maroc pour être vu, alors qu'un pays phare comme l'Algérie observe une discrétion, pour le moins ostentatoire, sur ce plan précis bien sûr. Souci de réduire les dépenses au maximum, et l'entretien d'un pavillon même en aggloméré coûte de l'argent, volonté d'être moins voyants, mais plus efficaces ? Si l'efficacité est le souci principal, ce qui semble être le cas, il serait plus indiqué que les délégués algériens, notamment les experts dont on dit le plus grand bien, soient mieux visibles pour la presse. Toutefois l'agence APS qui est présente à la COP21 avec quatre journalistes nous donne des informations régulières sur les activités de la délégation algérienne, et notamment sur les positions exprimées par cette dernière. On sait que l'Algérie préconise pour l'accord de Paris(1) et pour le rôle des Etats dans son application, la «responsabilité commune, mais différenciée». Ce qui signifie en clair que si l'Algérie est prête à assumer sa part de responsabilité, pour faire face aux défis climatiques, elle n'entend pas exonérer les pays les plus riches de la leur. Au nom du principe que les pollueurs doivent être les payeurs, la différenciation implique un soutien financier de la part des pays développés, historiquement responsables du réchauffement climatique. L'Algérie et tous les pays du continent africain ne produisent qu'à peine 4% des gaz à effet de serre, alors qu'ils sont les plus durement touchés par les dérèglements climatiques. La désertification, facteur de dérèglements climatiques, avance de façon inexorable, alors que la «Grande muraille verte tarde à voir le jour faute de moyens financiers suffisants. Or, les pays développés, gros pollueurs comme les Etats-Unis, l'UE, et la Chine plus récemment, rechignent à mettre la main au portefeuille, et se contentent d'aides financières, dérisoires au regard des enjeux et des objectifs, le plus souvent sous forme de prêts. Ce sont ces idées-forces qu'ont défendues les chefs d'Etat africains réunis autour de François Hollande, pour un mini-sommet, ce mardi 1er décembre, proclamé jour de l'Afrique, «Africa Day»(2) pour la circonstance. Le Président français a su trouver les mots qu'il fallait, et c'est dans ses cordes, pour calmer les appréhensions de ses interlocuteurs, lors de ce mini-sommet improvisé. «L'Afrique subit les conséquences du réchauffement climatique, alors qu'elle n'est pas responsable de l'émission de gaz à effet de serre», a affirmé François Hollande, avant d'asséner : «Il y a une dette écologique que le monde doit régler à l'égard du continent africain.» Là-dessus, au moins, l'Algérie semble avoir été entendue. Puis, il a annoncé que la France allait consacrer deux milliards d'euros d'ici à 2020 pour aider l'Afrique à promouvoir les énergies renouvelables et à appuyer l'effort d'électrification. Plus de 700 millions d'Africains n'ont pas l'électricité, et le Président du Ghana a affirmé que les étudiants d'Accra, la capitale, allaient réviser leurs cours sous les lampadaires publics. François Hollande semble avoir été sensible à tous ces arguments, et il l'a fait comprendre à la douzaine de chefs d'Etat africains, qu'il a réunis mardi dernier, tout en annonçant un triplement de l'aide française au développement. Reste à savoir si la promesse sera tenue sachant, comme le relevait hier le quotidien Libération, qu'il y aura des coupes sombres dans l'environnement et l'aide au développement dans le budget 2016. «E» comme environnement Rencontré sur le site de la COP21 au Bourget, notre ami et confrère Mohamed Benelhadj, venu chercher de la matière et faire la promotion de sa revue, «E», comme environnement. La publication qui devrait paraître aujourd'hui propose en couverture un dossier «Le défi des déchets», l'un des créneaux porteurs de l'économie verte, un dossier complet élaboré par des spécialistes. Etant donné que nous sommes dans son actualité, il est évidemment question de la COP21, de ce sommet de Paris et de ses enjeux. Qui pouvait mieux se charger de nous éclairer sur ce sujet que M. Cherif Rahmani, en quelque sorte notre M. Environnement, puisque non content d'en avoir eu la charge en tant que ministre, il y a consacré et y consacre encore tout son temps. Cette initiative que pilote Mohamed Benelhadj, en tant que directeur de publication et rédacteur en chef, est la première du genre à s'investir dans et pour l'environnement. Et comme il est aussi question d'énergies renouvelables dans cette revue, nous ne pouvons que lui souhaiter bon vent ! A. H. 1) L'accord de Paris devrait être entériné par la conférence le vendredi 11 décembre, sauf complications, mais il ne sera signé qu'en 2016 au siège des Nations-Unies à New York. Une simple question de protocole. 2) Nous sommes en territoire des Nations-Unies, avec la police et l'organisation de l'ONU, ne l'oublions pas, et l'anglais est prépondérant jusque dans les claviers des ordinateurs.