Un communiqué bref, très bref que celui émis par le général Mediene, dit Toufik. Un tir allant au but, sans enrobage ni fioritures sur d'autres considérations. Le but, c'est la condamnation du général Hassan. Il est, dit-il, «urgent de réparer une injustice qui touche un officier qui a servi le pays avec passion, et de laver l'honneur des hommes qui, tout comme lui, se sont entièrement dévoués à la défense de l'Algérie». Rare, sinon jamais, le général Toufik n'a fait de déclaration publique. Travaillant dans l'ombre, il ne s'est jamais départi de son silence alors que les attaques en règle ont maillé son parcours et se sont, ces derniers temps, concentrées sur son personnage par de piètres personnes. S'il s'exprime pour la première fois publiquement sur cette affaire, il ne manque pas de souligner que ce n'est pas faute de ne l'avoir pas fait, par voie réglementaire et officielle», mais vainement. Toufik se dit consterné par le verdict prononcé par le tribunal militaire d'Oran à l'encontre du général Hassan. Comme le révélait, il y a quelques jours le général Nezzar, Toufik, le patron du général Hassan, n'a pas attendu le verdict pour saisir le président de la République sur cette affaire et défendre l'officier incriminé, qui agissait sous ses ordres et en accord avec lui. C'est justement ce qu'il confirme encore dans ce communiqué. D'abord et pour rappel, la mission «prioritaire» dont était chargé le général Hassan était adossée à des prérogatives qui lui donnaient la possibilité d'opérer en toute latitude et dans le cadre de la réglementation, pour mener à bien cette mission. Qui plus est, souligne-t-il, le contrôle de conformité de ses opérations avec la réglementation était assuré régulièrement. Entrant un plus dans le détail de l'opération qui a valu au général Hassan l'accusation «d'infraction aux consignes générales», sans toutefois dévoiler la nature, ni le lieu de cette mission et ce, comme tout responsable de ce niveau qui se respecte, le général Toufik redit ce qu'il a dû argumenter auprès de toutes les instances et auprès du Président. En l'occurrence, que le général Hassan agissait dans les normes, lui rendait compte régulièrement, d'une opération réussie, faite «dans les règles, et tenant compte du code du travail et les spécificités liées à ce type de mission». Au-delà, insiste Toufik, le général Hassan n'est pas à sa première opération aboutie à la sécurité des citoyens et des institutions. Mais dans quel but Mediene s'insurge dans cette affaire ? Pour dire que le mis en cause agissait sous sa responsabilité, qu'il n'a pas enfreint la réglementation. Le but ultime et qui semble avoir justifié «l'intrusion médiatique» de celui qui jusque-là n'a jamais réagi aux attaques subies, est de «réparer une injustice... et laver l'honneur du général Hassan». Au passage, précise le général Mediene, «laver (aussi) l'honneur des hommes qui, tout comme lui, se sont entièrement dévoués à la défense de l'Algérie». Ces derniers sont de plus en plus nombreux, comme le sait le général Toufik, le temps de glorification étant aujourd'hui consacré aux «personnalités nationales» reçues en grande pompe sous les ors de la République. Ceux-là mêmes que combattaient les membres des services qui étaient au front. Khedidja Baba-Ahmed Affaire général Hassan La déclaration du général à la retraite Mohamed Mediene, dit Toufik Consterné par l'annonce du verdict prononcé par le tribunal militaire d'Oran à l'encontre du général Hassan, et après avoir usé toutes les voies réglementaires et officielles, j'ai estimé qu'il est de mon devoir de faire connaître mes appréciations à l'intention de tous ceux qui sont concernés par ce dossier, ainsi que tous ceux qui le suivent de près ou de loin. Le général Hassan était le chef d'un service érigé par le décret agissant sous l'autorité de mon département. A ce titre, il était chargé d'une mission prioritaire avec des prérogatives lui permettant de mener des opérations en relation avec les objectifs fixés. Les activités de son service étaient suivies régulièrement dans le cadre réglementaire. En ce qui concerne l'opération qui lui a valu l'accusation d'«infraction aux consignes générales», j'affirme qu'il a traité ce dossier dans le respect des normes et en rendant compte aux moments opportuns. Après les résultats probants qui ont sanctionné la première phase de l'opération, je l'ai félicité – lui et ses collaborateurs – et encouragé à exploiter toutes les opportunités offertes par ce succès. Il a géré ce dossier dans les règles, en respectant le code du travail et les spécificités qui exigent un enchaînement opérationnel vivement recommandé dans le cas d'espèce. Le général Hassan s'est entièrement consacré à sa mission. Il a dirigé de nombreuses opérations qui ont contribué à la sécurité des citoyens et des institutions de la République. Sa loyauté et son honnêteté professionnelle ne peuvent être mises en cause. Il fait partie de cette catégorie de cadres capables d'apporter le plus transcendant aux institutions qu'ils servent. Au-delà des questionnements légitimes que cette affaire peut susciter, le plus urgent, aujourd'hui, est de réparer une injustice qui touche un officier qui a servi le pays avec passion, et de laver l'honneur des hommes qui, tout comme lui, se sont entièrement dévoués à la défense de l'Algérie. Les médias ont traité abondamment cette affaire en faisant preuve de beaucoup d'à-propos, malgré l'absence d'éléments d'appréciation officiels. J'ose espérer que mon intrusion médiatique, même si elle constitue un précédent, ne suscite pas de commentaires qui risquent de la dévoyer et de la détourner du but recherché. Le général de corps d'armée à la retraite,