Produite par le Théâtre régional de Sidi-Bel-Abbès dans le cadre de «Constantine, capitale de la culture arabe», mise en scène par Intissar Abdelfattah et Abdelkader Djeriou sur un texte de Hmida Ayachi, la pièce théâtrale La ligne jaune a été présentée samedi au public algérois à la salle Ibn Khaldoun. Produite par le Théâtre régional de Sidi-Bel-Abbès dans le cadre de «Constantine, capitale de la culture arabe», mise en scène par Intissar Abdelfattah et Abdelkader Djeriou sur un texte de Hmida Ayachi, la pièce théâtrale La ligne jaune a été présentée samedi au public algérois à la salle Ibn Khaldoun. Un aéroport quelque part, un cavalier, un marionnettiste, un jeune obsédé par Internet, une mère et son bébé, une femme mystérieuse tressant des cordes en coton, un derviche et un homme épris d'Ibn Battouta attendent nerveusement un avion qui n'arrive pas... La scénographie signée par Hamza Djaballah nous propulse dans un non-lieu aux contours mouvants et seul le fond sonore vient nous rappeler parfois que nous sommes dans une aérogare où une hôtesse vient d'annoncer que le vol 777 est reporté. Evoluant des deux côtés d'un rideau transparent comme dans un aller-retour entre l'ailleurs et le présent, les personnages portent un texte volontairement décousu et fébrile où l'on reconnaît aisément le style nerveux de Hmida Ayachi. Chargée en références et en images ancrées dans l'Histoire arabo-maghrébine, la sémantique de La ligne jaune tangue entre une poésie échevelée qui parcourt les époques et les lieux et un discours philosophique sur la notion de la patrie, de l'humanité et de la liberté dans un monde en éternelle ébullition. Si l'auteur réussit à diluer la pesanteur thématique grâce à une écriture volontairement délirante et fragmentée, le metteur en scène, lui, peine à trouver la formule adéquate pour donner corps à cette littérature à la fois évanescente et dense. Dialoguant rarement entre eux, les personnages exécutent souvent des monologues éparpillés à l'image de leurs espoirs, leurs hantises et leurs regrets et entrent parfois en contact à travers des joutes verbales assez bruyantes où la hausse des décibels nuit considérablement à l'esthétique de la pièce. Cette surenchère faisant régulièrement intrusion dans le spectacle est sans doute imputable à une direction artistique approximative où la plupart des comédiens portaient difficilement leurs rôles, excepté Mohamed Bakreti, très à l'aise dans son costume de soufi et Abdelkader Djeriou, dont le jeu précis et juste n'est plus à présenter. Ce dernier n'est cependant pas aussi inspiré dans la mise en scène, car il s'enferme souvent dans un dispositif assez limité qui ne permet pas d'exploiter toutes les opportunités artistiques du texte. Lequel n'est d'ailleurs pas exempt de reproches puisque sa construction en spirale et en fragments atteint très vite ses limites et à force de tout miser sur la transcendance du verbe et la multiplicité des questionnements, le propos devient opaque et perd progressivement son pouvoir de séduction. Fort heureusement, la pièce aura connu deux ou trois moments forts où les comédiens ont passionnément fusionné et firent preuve d'une grande liberté dans l'occupation de l'espace scénique et la mise en mouvement et en danse des différentes émotions exprimées dans le texte.