Le billet pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro en poche, l'Algérie rêve désormais de consécration, la première, en finale d'une CAN des U23. Ce soir face au Nigeria, l'autre prétendant au sacre sorti droit du groupe de la mort, il s'agira pour Schürmann et ses élèves d'apporter une autre (et ultime) preuve que leur exploit en terre sénégalaise n'en est finalement que le fruit d'un travail mené depuis au moins trois ans. Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) - A cœur vaillant rien d'impossible ! L'EN algérienne partait au Sénégal, théâtre de la seconde édition de la Coupe d'Afrique des U23, dans la peau d'un faire-valoir que seul le poids d'un rêve vieux de 35 ans pouvait survolter. Tellement, en qualifications face au Sierra Leone et durant les joutes amicales, les coéquipiers de Salhi ne donnaient pas l'impression d'un ensemble capable de se hisser au diapason des grands d'Afrique. Hormis une préparation soutenue, sans relâche mais tronquée de tests révélateurs face aux calibres du continent et d'ailleurs, le Suisse Pierre-André Schürmann et ses troupes se donnaient tout le moins la peine de patienter acceptant critiques et remontrances. L'ancien coach du FC Sion et des champions d'Europe helvétiques en U17 a même échappé au limogeage au lendemain des prestations modestes, pour ne pas dire mièvres, de la sélection algérienne en amical mais aussi lors de la double confrontation officielle face au Sierra Leone à Blida. La FAF s'est paradoxalement assagie mais n'a pas manqué de lui associer un technicien du tiroir, Abdelhafid Tasfaout, dégradé de ses fonctions dans le staff technique des A sous Halilhodzic. Une «marque de confiance» que le Suisse a pris avec philosophie, lui qui souhaitait réussir son pari, celui du président de la FAF surtout, d'emmener l'Algérie au tournoi final des JO de l'an prochain au Brésil. Un miracle au vu de tous ces scenarii tout ce qu'il y a d'algérien. Un défi d'autant plus fou-fou que certains éléments de la sélection, à l'exemple de Zinédine Ferhat, faisaient l'objet d'une chasse aux sorcières de la part de certains responsables de la DTN. Le milieu droit de l'USMA a même été sanctionné par la CD de la LFP suite à un écart disciplinaire dont il se serait rendu coupable lors d'un stage de la sélection, en juin dernier, au Centre El-Bez de Sétif. Un miracle à l'algérienne A cette date, la sélection algérienne livrait deux matchs amicaux face au Sénégal, pays hôte de la présente édition de la Coupe d'Afrique des nations. D'autres cas d'indiscipline ont été signalés avant le tournoi du Sénégal, exactement lors du déplacement de la sélection en Tunisie pour livrer une joute amicale face aux Aiglons de Carthage. C'est dire qu'en préparation disproportionnée, écarts de discipline et manque d'ambitions de ceux-là même censés donner de l'espoir aux olympiques, les Verts de Schürmann ont fini par apporter des réponses acérées. En l'occurrence une qualification historique pour Rio de Janeiro et un droit de rêver d'une consécration africaine que seules les sélections juniors (1979) et seniors (1990) ont dérochée. Et en cette soirée du 9 décembre 2015, à Dakar qui ne rappelle pas que de bons souvenirs au football algérien, les jeunes de Schürmann ont réussi forçant le destin et le respect de tous. Aujourd'hui, sur la pelouse du Léopold-Sédar-Senghor Stadium, il s'agira pour Benkhemassa et compagnie de se faire plaisir et de faire davantage honneur au pays. Sans nouer de regrets si, par malheur, ils viendraient à échouer devant un ensemble nigérian qui, lui, n'a pas misé sur la chance, les circonstances favorables ou un quelconque fait de l'histoire pour atteindre le sommet. En Afrique et sur le concert international. Une équipe du Nigéria qui a ses points forts et ses lacunes que les hommes de Schürmann ambitionnent, avec la volonté qui leur a permis de franchir les obstacles des Egyptiens, Maliens et autres Sud-Africains, de créer la sensation. Un trophée continental qui ne serait pas de trop dans la vitrine d'un football algérien dont les acteurs s'enflamment au moindre exploit, histoire d'oublier (et de faire oublier) des errements endémiques. Les Nigérians, encore et toujours Les Verts d'Algérie et du Nigeria sont les deux formations engagées dans cette CAN-2015 des U23 à rester invaincues. Leur confrontation de ce soir devrait trancher définitivement cette suprématie sur le continent. Ces retrouvailles ne laissent pas indifférents les joueurs de Schürmann. «Nous avons réalisé l'essentiel en décrochant un billet pour les Jeux olympiques après 36 ans d'absence de cet évènement planétaire. La finale sera ainsi la cerise sur le gâteau, mais que tout le monde soit rassuré, nous allons jouer ce rendez-vous à 200% de nos moyens. C'est dire que notre ambition est grande pour remporter le trophée», dira le défenseur axial de l'USMA, Ayoub Abdellaoui. Un avis partagé par le technicien helvétique de la sélection qui accorde une attention particulière au match d'aujourd'hui. «Nous avons négocié le tournoi match par match, et nous n'allons pas déroger à cette règle à l'occasion de la finale que nous comptons disputer avec le même état d'esprit pour la remporter», a-t-il confié. Un optimiste qui ne doit pas euphoriser plus qu'il n'en faut les camarades de Chita tant l'adversaire nigérian affiche la même détermination à triompher. Un Nigeria qui a souvent barré le chemin de gloire aux Algériens. Rappelons-nous la finale de la CAN-1980 au Surelere Stadium de Lagos, la finale de la CAN-1990 à Alger sinon les qualifications du Mondial-1994. Les Super Eagles ont de tout temps, à défaut d'un sacre, offert une résistance de feu aux Algériens. Ce soir les protégés de Schürmann n'auront pas à rougir s'ils venaient à perdre le trophée. Si la Coupe venait à leur ouvrir les bras, leur exploit ne sera que plus élogieux.