Journée printanière en ce jour d'hiver à la zone industrielle de Rouiba. Au niveau du complexe SNVI de Rouiba, la contestation laisse la place à la joie. Quelques jours après l'adoption par le gouvernement d'un plan d'urgence au profit du groupe SNVI, les signes d'une détente, voire d'une «trêve» sont visibles. Reportage. Abder Bettache - Alger (Le Soir) - En tenue de travail, soit en blouses bleues, et à quelques mètres d'un gargotier, les travailleurs de la SNVI en petits groupes s'apprêtent à rejoindre leur lieu de travail. La décision prise par le gouvernement au profit du groupe SNVI a constitué une grande partie des commentaires des travailleurs rencontrés hier. Certains d'entre eux gardent encore sur eux les deux journaux qui ont rapporté l'information. Ces derniers avaient fait état de la décision prise par le Premier ministre d'un plan d'urgence pour le groupe SNVI. C'était le 21 décembre dernier, près d'un mois après les violents affrontements qui ont opposé les travailleurs de la SNVI à des éléments de la Gendarmerie nationale. Depuis, le doute s'est installé chez les travailleurs et leurs représentants syndicaux quant à la suite qui sera donnée à leurs revendications. Il a fallu attendre la date du 21 décembre dernier, pour que la tension baisse et le collectif des travailleurs retrouve la sérénité. «Avant la réunion de lundi dernier, nous avons entendu ici et là que le gouvernement va prendre une décision au profit du groupe SNVI. Mais, ce n'était que des informations non confirmées et c'était de notre droit de se poser des questions voire se préparer à une réaction si aucune mesure favorable ne sera prise au profit de notre groupe. Dieu merci, les choses ont évolué positivement», nous explique Mustapha, avec un air de soulagement. Ce dernier qui compte intégrer le conseil syndical du groupe SNVI, lors du prochain renouvellement des structures, s'interroge sur certains termes contenus dans le plan d'urgence. Compression en vue ? A droite en allant vers l'est et à quelques encablures de l'entrée de l'usine, un groupe de travailleurs donne ses impressions à une chaîne de télévision privée. «Le combat continue», lâche à l'adresse de la journaliste, Belkacem un syndicaliste connu au niveau de la zone industrielle. Et d'ajouter «les travailleurs ont remporté une bataille mais pas la guerre. Nous devons être mobilisés pour consolider nos acquis comme nous devons nous mobiliser pour travailler plus et être à la hauteur de la confiance que les responsables ont placée en nous». Mais, il n'en demeure que certains termes contenus dans le plan d'urgence soulèvent des interrogations. «Que veut-on dire par élaboration "d'un pacte de stabilité" à négocier et à arrêter avec le partenaire social, de l'accélération de la mise en œuvre du plan de développement du Groupe et de la mise en œuvre du plan d'action relatif à la stratégie corporative du groupe SNVI ?». En d'autres termes, notre interlocuteur s'interroge «si à travers ce plan d'urgence, on ne vise pas d'autres objectifs dont celui relatif à la compression des travailleurs». Pour rappel, le plan d'urgence pour le groupe SNVI tel que validé par une réunion du Conseil interministériel présidée par le premier responsable de l'exécutif prévoit implicitement dans l'une des trois parties «une révision de l'effectif du groupe SNVI». Question : «S'agira-t-il du fameux pacte que syndicat et employeurs parapheront en 2016 ?» C'est la question qui hante depuis hier l'esprit des travailleurs de la SNVI. «Donnez-nous les moyens, vous verrez de quoi nous sommes capables» Les travailleurs de la SNVI que nous avons rencontrés hier sont convaincus que «si l'entreprise dispose de moyens appropriés, plus qu'un défi sera relevé». «Donnez-nous les moyens, vous saurez de quoi nous sommes capables», nous a-t-on expliqué. Pour Belkacem, «le groupe SNVI dispose d'une main-d'œuvre qualifiée. Nous avons des ingénieurs et des cadres qui sont prêts à travailler dans les grandes firmes mondiales de l'automobile. Ce sont les purs produits de l'Université algérienne et qui font aujourd'hui la fierté de notre groupe. Nous sommes même prêts à construire des voitures à l'image de celles qui sont construites, à l'ouest du pays. Si on veut réellement évacuer définitivement le problème de la SNVI, mettez à la disposition de ses gestionnaires les moyens et vous verrez de quoi nous sommes capables», a-t-on indiqué avec fierté. Pour rappel, l'argent débloqué au profit du groupe SNVI lui permettra de relancer son activité et, par conséquent, «respecter ses engagements pour les 3 000 véhicules commandés pour 2018». Mieux encore, les 7 500 travailleurs du groupe SNVI sont appelés à redoubler d'efforts «à compter de la semaine prochaine pour livrer les 700 véhicules dont le taux d'avancement de la production avoisine les 85%. Selon le secrétaire général du syndicat du groupe SNVI, «il ne manque que quelques pièces pour réceptionner cette importante commande, dont le délai est fixé à la fin de l'année en cours». Pour l'année 2016, le groupe SNVI est appelé à respecter l'échéance de la livraison de 1 250 unités, dont des camions, des tracteurs, des bennes, des citernes etc. C'est dans cette optique, ajoute-t-on, que des actions prépondérantes seront engagées pour assurer la pérennité de l'entreprise.