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L'ARPT et le développement du numérique dans notre pays
Publié dans Le Soir d'Algérie le 04 - 01 - 2016


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La régulation, dans quelque domaine que ce soit, doit d'abord être synonyme de simplification et d'harmonisation, jamais de blocage et encore moins d'interdiction.
Promotion de l'entreprise algérienne
Le cas rapporté par le Périscoop du Soir d'Algérie où une entreprise est bloquée dans son redéploiement et dans sa contribution au développement du numérique dans notre pays est affligeant. Ce comportement injuste doit d'abord être condamné avec la plus grande fermeté. Car en plus d'être anti-économique, il ne concourt pas à l'effort patriotique dont l'entreprise algérienne a besoin. En effet, il privilégie un produit étranger par rapport à un produit algérien. Il va à l'encontre de tous les discours officiels ou pas qui préconisent de consommer algérien pour aider le pays à mieux gérer la crise pétrolière et contribuer à l'essor d'une industrie algérienne qui a besoin de tout le monde pour favoriser cette économie numérique qui nous fait tant défaut.
L'entreprise algérienne et l'innovation
Icosnet, puisque c'est de cette entreprise dont il s'agit, n'a pas été «bloquée» parce que son application n'est pas conforme à certaines normes technologiques. Non, elle ne l'a pas été parce qu'elle fait une concurrence déloyale à une autre application sur le marché algérien, il n'en existe pour le moment aucune. Cette entreprise a été bloquée parce qu'elle est fournisseur d'accès internet et de services internet et qu'elle lance une application qui doit, pour être autorisée, répondre à une procédure bureaucratique que l'Autorité de régulation de la poste et des télécoms a mise en place. Cette procédure, si elle devait être appliquée, compliquerait tellement son utilisation qu'elle signerait l'arrêt de mort de l'application et à terme mettrait en difficulté l'entreprise. Ce qui veut dire perte d'énergie, perte d'argent pour l'entreprise, pour les impôts, pour l'ARPT avec moins de redevances et aussi pour l'Etat. Le plus grave est le signal très négatif donné à tous ceux qui veulent développer des applications et du contenu, ceux dont la capacité d'innovation est encore intacte. Ceux-là réfléchiraient à deux fois avant de se lancer dans le développement de contenu. Le passage par les formulaires à renseigner, les photocopies de documents, le tout à constituer en un dossier à valider et à déposer, semble avoir encore de «beaux jours» devant lui. Cela est incompréhensible lorsque des efforts méritoires du gouvernement vont dans une démarche résolue de simplification de la vie au citoyen avec l'utilisation des TIC dans tous les domaines. Sage et efficiente, l'ARPT, accompagnée du MPTIC, devrait en être le fer de lance naturel.
Le numérique, sous d'autres cieux, quelques-uns à quelques lieues de chez nous, simplifie et virtualise, en les accélérant, tous les processus, dans la plus grande transparence et avec une efficacité économique redoutable. Ces pays arrivent à augmenter leur PIB de 5 à 10 points.
Contenu numérique, économie de devises et sécurité
Cette application ne fait concurrence qu'à une application étrangère du même genre. Elle ne peut donc être qu'une bonne chose pour notre pays. Car, en plus de créer un écosystème favorable au développement d'un contenu algérien, elle générera du chiffre d'affaires qui restera en Algérie. Elle contribuera à une économie de bande passante internationale qu'Algérie Télécom n'aurait pas à acheter. Cela permettrait à cette dernière d'économiser sa devise et l'investir plutôt dans l'amélioration du «dernier kilomètre» pour améliorer la connexion du citoyen à internet. Sans compter, enfin, que l'utilisation de l'application algérienne Vazii est quand même relativement plus sécurisée, pour nous autres Algériens, que les Viber et autre Skype. En effet, soyons francs, si nos communications devaient être écoutées, autant qu'elles le soient par les services algériens que par la NSA ou le Mossad !
L'application Viber développée par une une start-up israélienne
Par ailleurs, tout le monde sait (https://fr.wikipedia.org/wiki/Viber) que l'application Viber a été développée par une start-up israélienne et qu'elle a ensuite été achetée par le groupe japonais Rakuten pour 900 millions US$. Il se trouve que ni les Japonais ni l'autorité de régulation japonaise n'ont vu de problèmes à ce que cette application soit opérée et devienne l'une des applications de téléphonie et messagerie IP montante dans le monde. Elle fait le bonheur du Japon et elle y fait rentrer quelques centaines de millions de dollars par an. Viber est autorisée en Algérie de facto et on ne demande à personne d'aller remplir un formulaire à une de ses boutiques pour pouvoir l'utiliser... Viber n'en a aucune. Pourtant quasiment tout le monde utilise Viber en Algérie.
Vazii, une solution de messagerie algérienne
Peu importe qu'Icosnet se soit inspiré d'une idée ou d'une application déjà existante. Icosnet a développé une SOLUTION, pour cela il a intégré différentes applications ou logiciels existants qui sont soit de l'open source ou logiciels libres soit achetés par ailleurs. Dans Vazii, Icosnet a intégré une application «Soft Phone», une autre application «Soft Switch», il y a associé un système de «Billing» (Identification et facturation) et enfin une application Androïd (l'interface que le client voit sur son mobile), tout cela compose la Solution Vazii. Ce processus est le lot de toutes les sociétés de développement numérique de par le monde et n'a rien d'anormal. Dans la profession, c'est monnaie courante, aucun membre du Gafa (Google, Amazon, Facebook et Apple) n'existerait s'il lui était interdit de développer des solutions en y intégrant des applications venant d'autres sources en dehors de la sienne. Google, Apple et consorts existent et grossissent parce qu'ils intègrent, acquièrent, achètent et rachètent à tour de bras toute l'innovation qu'ils pourraient trouver sur la place mondiale.
Libération de l'acte d'innover et de développement du contenu algérien
Il nous faut arrêter de dénigrer tout ce qui est algérien et tout ce qui développé ou construit chez nous. Je suis très content que les organisations patronales et le FCE en particulier aient pris en charge la promotion de l'entreprise algérienne et de sa production à bras-le-corps. Il faudrait par contre beaucoup plus d'efforts pour que les plaidoyers, et la plupart sont bien faits, arrivent aux oreilles de l'Administration dont les vieux réflexes sont toujours là et dont l'instinct de survie et de défense résident toujours dans encore plus de bureaucratie. La création d'une branche «Jeunes entreprises et start-up» au sein du FCE, le «JilFCE», est un très bon signe. L'espoir est permis de penser que des changements peuvent se faire, ne serait-ce qu'au niveau des mentalités, le reste suivra par la force des choses, car la jeunesse n'aime pas attendre, elle veut tout et tout de suite. En règle générale, le meilleur signe qu'on pourrait donner à nos jeunes start-up, c'est de les encourager, d'oser, de copier, d'innover et d'intégrer autant qu'ils le peuvent et autant qu'ils le veulent. Au bout du compte, je suis persuadé qu'il en restera toujours quelque chose. Ne dit-on pas que c'est en forgeant qu'on devient forgeron?
Bloquer le numérique ou l'internet c'est comme vouloir arrêter la mer avec les bras.
Le Japon, la Corée du Sud, la Chine, l'Inde ou le Brésil pour ne citer que ces pays-là, n'auraient jamais été ce qu'ils sont s'ils n'avaient copié et copié encore pour être capables d'entrer dans le processus de l'innovation, qui est l'ultime consécration pour le développement économique et sociale d'un pays. Interdire, bloquer, réglementer, ou même réguler de cette manière le développement du contenu en particulier et celui du numérique en général, c'est empêcher tout développement intellectuel et de là toute propension à l'innovation.
A. K.
* Ph. D., vice-président de Care (Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise), ancien professeur à l'EMP (Ecole militaire polytechnique).


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