Les «redresseurs» du Front de libération nationale n'abdiquent toujours pas. Ils reviennent à la charge, en ce début 2016, avec les mêmes revendications : l'annulation de la session du comité central du 29 septembre 2013 et du 10e congrès de fin mai 2015 ; bref, ils ne reconnaissent pas Ammar Saâdani, son intronisation, ses décisions ainsi que toutes les structures ayant vu le jour sous son règne. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - «Le FLN, c'est nous. Ce n'est pas cet imposteur de Ammar Saâdani ! Et nous parlerons toujours au nom du FLN», dira, tout simplement, le chef de file des opposants à Saâdani, Abderrahmane Belayat. C'était hier vendredi, à l'occasion d'une réunion «d'évaluation», tenue au niveau du nouveau siège du mouvement, désormais basé au quartier les Sources à Kouba, à un jet de pierre du ministère de la Communication. Dans une longue intervention, l'ancien ministre et l'un des plus vieux «dinosaures «du FLN, Abderrahmane Belayat, revient en détails sur l'affaire, depuis le retrait de confiance à Belkhadem, jusqu'à l'avènement de Ammar Saâdani. «Il prétend que le Président Bouteflika est avec lui. Non, il ne le soutient pas ! Je sais qu'il ne le soutient pas. Sinon, il l'aurait reconduit en 2007 et en 2012 (à la tête de l'APN, ndlr). Pour Belayat, «la force de cet individu ne vient pas du Président mais de ceux qu'il a bernés. De ceux à qui il fait accroire qu'il a de solides soutiens. Il leur a promis plein de choses. Mais progressivement, il est démenti par les faits. Il n'a ni placé des ministres, ni des sénateurs, ni il a été désigné président du Sénat, etc.» Pas du tout tendre avec l'actuel SG du FLN, Belayat multipliera les «dérives de cet individu». «Comment est-ce possible, pour un parti qui prétend diriger le pays, un parti dont le président est le président de la République en personne, que ce parti-là , donc, ouvre des polémiques avec tout le monde ? Il se permettra même l'insolence de polémiquer avec le président de la République sur l'article 51 de la Constitution !» Aussi, cet homme se permet même de défier l'Etat et le ministère de l'Intérieur notamment, précisera encore Belayat. «Quel 10e congrès ? Il est factice ! Même la direction qui en est issue est inconnue, y compris par le ministère de l'Intérieur ! Personne n'a la liste des membres du comité central. Il paraît qu'on en est à 504 membres mais qui, tous, ne comptent que pour du beurre. Cet individu décide seul et sur tout.» Plus grave encore, Belayat dit craindre que tout est fait dans l'objectif d'enterrer définitivement le parti. «Regardez par exemple ce qui s'était passé lors des dernières sénatoriales : tout était fait, par cet individu, pour donner une image dégoûtante du FLN.» N'empêche, ajoutera le chef des redresseurs, «nous ne nous laisserons pas faire ! Nous sommes des militants. Et le militantisme, c'est la lutte. Nous nous battrons jusqu'au bout. Jusqu'au départ de ce squatteur». Comment ? «Nous saisirons les autorités et la justice. N'oubliez pas que la décision du Conseil d'Etat est toujours de mise. Le Conseil d'Etat n'a jamais remis en question sa décision annulant la session du 29 août 2013.» Pour Belayat, qui n'est certainement pas dupe, et qui n'ignore pas que Saâdani n'aurait jamais réussi à s'imposer à la tête du FLN sans Bouteflika et l'administration, considère, en fait, cette décision, jamais appliquée, du Conseil d'Etat, comme une épée de Damoclès qui pourrait à tout moment s'abattre sur le SG contesté...