Le désormais ex-coordinateur national du Front de libération nationale, Abderrahmane Belayat, persiste et signe : «La réunion du Comité central du 29 août dernier était illégale et elle le demeure.» L'invité du forum du quotidien Liberté tenait, hier, à affirmer que «l'Histoire au moins doit noter que nous n'avons pas cédé». Il parlait, bien sûr, du coup de force qui a imposé Amar Saïdani à la tête du parti. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) L'ancien ministre sous Chadli et Zeroual, l'une des figures de proue du plus vieux parti, n'est dupe de rien. Il sait de quoi il parle. La session en question est, certes, illégale. Le Conseil d'Etat ayant même tranché en sa faveur, le 28 août. N'empêche, la session se tiendra quand même le lendemain et Amar Saïdani sera imposé à la tête du parti comme l'a ordonné Abdelaziz Bouteflika. Belayat et ses partisans ont également déposé un autre recours au niveau du Conseil d'Etat. Un recours acceptable dans le fond et dans la forme en plus. Aboutira-t-il pour autant ? Cela relèverait d'un vrai miracle ! Tayeb Louh, qui était l'un des soutiens les plus engagés de Amar Saïdani, est passé entre-temps du ministère du Travail à celui de la... Justice ! Tout cela, Belayat le sait, en effet. Mais lui, ce qu'il tient à dénoncer, c'est surtout cette culture de «panurgisme. La majorité des membres qui se sont rendus à la réunion de l'hôtel El-Aurassi étaient, jusqu'à la veille, avec nous ! Il y a eu une espèce de phénomène de panurgisme après. Mais nous, nous ne sommes pas des moutons de Panurge !» Belayat voulait ensuite lever toute ambiguïté : «Je tiens vraiment à lever tout malentendu. Pour nous, l'élection présidentielle n'est pas une virtualité. C'est une réalité. Il ne s'agit pas non plus d'une affaire de sautes d'humeur, d'états d'âme, etc. Notre soutien pour le président de la République a la priorité. Et s'il se présente, et s'il est en bonne santé, notre candidat est connu.» Belayat s'en prend même à ceux qui réclament l'application de l'article 88 de la Constitution. «Ce n'est pas parce qu'un opposant ou un journaliste ne déborde pas d'amour pour Bouteflika qu'il faut prononcer l'incapacité. C'est une affaire sérieuse. Il y a un cadre constitutionnel et des institutions qui sont seules habilitées à se prononcer sur ces questions-là.» L'invité de Liberté explicite le fond de sa pensée : ce n'est pas tant le soutien ou pas à Bouteflika dont il s'agit dans cette affaire du FLN. «Si nous, nous céderons face à l'intronisation (de Amar Saïdani, ndlr), c'est cela qui va fragiliser le parti. Nous sommes contre cette tendance à la compromission qui consiste à fermer les yeux sur tel qui était candidat sur les listes d'un autre parti, sur untel parce qu'il a de l'argent et qu'il achète tout le monde. Nous ne voulons pas que le parti de Ben Boulaïd, de Ben M'hidi et tous les moudjahidine perde ses référents et son identité.» En somme, et Belayat le dit si bien : «Nous voulons au moins que l'Histoire retienne que nous, nous n'avons pas cédé.» L'histoire ne s'arrête pas aux prochaines présidentielles, en effet...