Le 10e congrès du Front de libération nationale aura décidément été inédit, en tout ! A telle enseigne qu'au lendemain du gigantesque show du week-end dernier à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, à Alger, les travaux du congrès se poursuivent au niveau du siège national à Hydra où tout se concentre sur la commission des candidatures qui s'emploie à trancher les recours et à valider la liste définitive des membres du Comité central. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - En fait, tout se déroule entre deux hommes, le secrétaire général, Amar Saâdani, et le président de la commission des candidatures, Djamel Ould Abbès, en permanente coordination avec la présidence de la République. En tout, et jusqu'à hier mardi, pas moins d'une soixantaine de recours ont été déposés par des congressistes s'estimant lésés ou alors dont les noms n'avaient pas été cités «par omission» comme faisant partie du nouveau Comité central, nous révèle une source sûre. Mais d'ores et déjà, «et sur instruction venue d'en haut», Amar Saâdani est décidé d'éliminer tous les cas flagrants de responsables ayant réussi à faire introduire des proches, généralement un fils, dans la composante du Comité central. L'on peut citer les cas de Saïd Bendaïda, Saïd Bouhadja et du président de la commission de discipline sortant. Autre cas tranché par Amar Saâdani, ou plus précisément les deux cas jumelés des mouhafadhas de Ghardaïa et de Menéa. Une première fois, à l'issue des élections lors du congrès, une femme et deux hommes seront élus pour Ghardaïa tandis que le quota de Menéa sera composé d'une femme et un homme. Or, un premier recours déposé le jour même de l'élection tranchera dans la précipitation pour se rendre compte de la situation cocasse créée par sa décision de samedi dernier : dans la région la plus conservatrice du pays, Ghardaïa et Menéa, le FLN se retrouve représenté exclusivement par des femmes, trois à Ghardaïa et 2 à Menéa ! Ce qu'il rectifiera en reprenant les listes initiales, nous confie notre source. Ceci au niveau de la base. Quant au «sommet », le FLN vient d'enregistrer les arrivées de... quatre nouveaux ministres dans son Comité central, toutes validées hier mardi. «Il s'agit du ministre des Ressources en eau, Abdelouahab Nouri, dont la candidature était en instance, en plus du ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, du ministre des Travaux publics, Abdelkader Ouali, et du nouveau ministre des Transports Boudjemaâ Talai», nous confie encore notre source. Ces membres du gouvernement rejoignent ainsi au Comité central leurs collègues qui y figurent déjà depuis samedi, à savoir les ministres respectifs de la Justice, Tayeb Louh, des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua, de l'Habitat, Abdelmadjid Tebboune, de l'Agriculture, Abdelkader Kadi, et de l'Enseignement supérieur Tahar, Hadjar. L'on peut également citer parmi les hauts cadres de l'Etat, le président de l'APN, Larbi Ould Khelifa, le secrétaire général de la présidence de la République, Hebba Okbi, l'ambassadeur d'Algérie à Tunis, Abdelkader Hadjar, et une pléthore d'autres cardes à différents échelons des appareils institutionnels, administratifs et économiques. Cela, sans compter une pléiade d'autres anciens cadres. Le FLN, que préside Bouteflika de manière officielle et effective depuis 2005, se donne, ainsi, des allures d'un parti- Etat alors même qu'aucune élection nationale n'a eu lieu ! C'est exactement l'inverse du scénario connu par le parti sous Ali Benflis au lendemain de son écrasante victoire aux législatives de mai 2002. Une victoire qui, pour rappel, avait permis au FLN, à l'époque, de surclasser l'ancien premier parti du pays, qui était le RND. Cet afflux «ministériel» vers le FLN version Saâdani s'explique, bien sûr, par l'implication personnelle et à «visage découvert» de Abdelaziz Bouteflika dans tout le processus ! Sur un autre plan, organique cette fois, notre source nous affirme que la réunion de la première session du nouveau Comité central ne sera convoquée qu'après le mois de Ramadhan. Ce sera lors de cette session que sera connue la composante du nouveau Bureau politique dont le nombre est, lui aussi, revu à la hausse, entre 17 et 19 membres. Une composante qui fera l'objet d'une attention particulière, par celui-là même qui a «tout» inspiré jusque-là, Abdelaziz Bouteflika...