L'homme d'honneur et au résistant impénitent Abdelhafid Yaha, dit Si l'Hafid, commandant de l'ALN et membre fondateur du FFS a été enterré, chez lui, à Takhlidjt Ath Atsou, un village de haute montagne dans la commune d'Iferhounène blotti au creux du majestueux Djurdjura en présence d'une foule nombreuse venue faire ses adieux à l'homme vertueux et au résistant impénitent qui a été de tous les combats, avant et après l'indépendance de l'Algérie. Le commandant Si l'Hafid, c'est son nom de guerre, a eu droit à des hommages de tous les superlatifs, à la hauteur de l'homme du peuple humble, vertueux et altruiste, qualité qu'il a cultivée durant les années passées au maquis. Des qualités saluées par la grande foule d'anonymes et de citoyens venus, pour la plupart, de plusieurs villages de Kabylie. Il y avait aussi ses compagnons d'armes dont les témoignages émouvants sur les qualités humaines et les faits d'armes ont arraché des larmes à plus d'un. Des anciens moudjahidine qui l'ont côtoyé dans les maquis de Tizi-Ouzou, région de la Wilaya III historique, ont, tour à tour, évoqué celui qui a accompagné et sécurisé avec les djounouds qui étaient sous son commandement Abane Ramadane à partir Aïn El Hammam vers Ifri-Ouzellaguène, pour la tenue du Congrès de la Soummam, les nombreux accrochages auxquels il a pris part dans les maquis d'Aït Oubane, les nombreuses et délicates missions qui lui ont été confiées par le colonel Amirouche. «Si l'Hafid a marqué l'Histoire de son empreinte ; il a laissé son parcours comme héritage», dira, en substance, l'un de ses anciens compagnons d'armes. Il y a, bien sûr, l'autre versant de l'engagement de Si l'Hafid qui a juré fidélité aux sacrifices des martyrs et pour qui les enfants et les veuves devaient être protégés. A cette capacité de se dévouer aux autres, s'ajoute le combat de celui qui s'est engagé très tôt dans le mouvement national «ce qui lui a permis d'avoir une conscience politique très aiguisée», nous confiera son fils Bachir, et qui n'a pas accepté la fatalité de la dictature qui s'est installée juste après l'indépendance du pays. Si l'Hafid s'est levé contre le délitement des idéaux de la Révolution. Il participera à la création du FFS, en 1963. C'est lui qui conduira la délégation qui a négocié avec le FLN, pour l'instauration de la démocratie, après l'arrestation d'Aït Ahmed. S'ensuivront les années d'exil, à partir de 1965. «Des années vécues dans la douleur par ma mère, mes frères et mes sœurs, nous étions des pestiférés dans le pays pour l'indépendance duquel mon père a combattu», nous a encore confié, avec des trémolos dans la voix, son fils aîné, Bachir. C'est de cette période d'exil en France que témoignera le chanteur Lounis Aït Mengullet qui a dit que Si l'Hafid lui a été d'un grand réconfort, lorsqu'à l'âge de 23 ans, il est arrivé en France, au début de sa carrière de chanteur. «C'est grâce à lui et à son dynamisme que le FFS est maintenu en activité, en France.» Me Mokrane Aït Larbi et Hirèche témoigneront aussi des qualités humaines et de l'attachement à la démocratie de l'ex-baroudeur de Takhlidjt Aït Atsou dont la mémoire a été saluée par de nombreuses personnalités politiques et le mouvement culturel berbère comme Saïd Saâdi, Djamal Zenati, Saïd Khelil et d'autres. Signalons la présence du wali de Tizi-Ouzou aux funérailles de Yaha Abdelhafid qui vient de tirer sa révérence, au courant de la semaine dernière, à Paris, des suites d'une longue maladie.