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HANDBALL
l'Egypte sacrée pour la sixième fois de l'histoire de la CAN Fiasco algérien : des boucs émissaires, tous responsables !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 02 - 2016

Tomber de rideau sur la CAN-2016 de handball avec la consécration de la sélection du pays organisateur, l'Egypte qui a décroché son sixième trophée africain devant un ensemble tunisien dont l'ambition d'arracher un 10e titre africain a buté sur la force mentale et la générosité des handballeurs du Nil.
Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) - L'édition de 2016 a confirmé la tendance affichée en 2014, lors de la 21e phase finale organisée par l'Algérie. A savoir un début de nivellement vers le bas. Si, au cours de ce tournoi africain du Caire, l'Egypte et la Tunisie ont plané sur la compétition, d'autres équipes à l'exemple de l'Algérie ont fini par perdre du terrain, «déclassées» par des formations beaucoup plus ambitieuses et dont les progrès se font remarquer depuis une dizaine d'années environ. C'est le cas de la sélection angolaise qui, au fil des tournois, semble avancer sur les pas des féminines titrées huit fois de suite (de 1998 à 2012) avant d'être destituées, en 2014 à Alger, par la Tunisie. Cette ascension du handball des Lusophones ne surprend plus personne tant la fédération angolaise présidée par le très actif Pedro Godinho ne semble laisser rien au hasard pour offrir et à ses féminines et à ses masculins les moyens qui leur permettent de côtoyer les grands d'Afrique et, allant, ceux de la sphère handballistique internationale.
Pour l'Algérie, la nostalgie d'un passé glorieux et un avenir incertain sont pesants. Le sacre de 2014, le septième en 20 participations, a floué tout le monde. Y compris ceux à la base de cet historique succès. Les champions d'Afrique emmenés par Réda Zeguilli, qui avaient vécu les mêmes problèmes, les mêmes conditions de préparation, ont réalisé un miracle aux conséquences invraisemblables. Un an plus tard, le groupe Algérie se faisait corriger, humilier même, au Qatar lors du Mondial-2015. Au lendemain de cette désillusion, des voix se sont élevées pour rappeler la famille du handball de la nécessité d'une révolution au sein des structures de gestion des clubs, des ligues et de la fédération. Des appels étouffés dans l'œuf tant la tutelle, le MJS, a fait la sourde oreille au moment où le COA se confondait en «équilibriste» de mauvais acabit pour maintenir l'ordre établi. La FAHB de Saïd Bouamra se laissera berner les promesses des uns et des autres, se confinant dans une stridente passivité. Un immobilisme qui se matérialisera par l'absence d'une structure de réflexion et d'organisation au profit des clubs et des sélections. Le CTN, collège technique national, installé en avril 2014, se perdra dans les débats stériles alors que la DTN, présidée depuis mai 2015 par Azzedine Bensbâa, ne se mettra en branle qu'à la fin de l'année dernière. La sélection A (seniors-garçons), mise en veilleuse au lendemain de la catastrophique aventure de Doha ne sera réactivée qu'en septembre dernier, quelques jours après la nomination de Salah Bouchekriou qui avait abandonné ses charges techniques de la sélection du Bahreïn depuis mars 2015. Huit mois d'inactivité que le programme d'urgence entamé par l'ancien joueur de l'ex-DNC, congédié au lendemain du Mondial-2013 en Espagne, n'a pu combler. Trois stages en Algérie et trois autres à l'étranger (Tunisie, Serbie et Slovénie) et une petite dizaine de matchs d'application livrés à des clubs de seconde zone et des sélections désintéressées n'auront été que bricolage comparativement à la préparation intensive et de qualité menée par les Tunisiens, les Egyptiens et les Angolais.
Bouchekriou-Bouamra, de simples «fusibles» ?
Trouver des boucs émissaires est une œuvre que beaucoup d'initiés, simples admirateurs ou détracteurs, affectionnent. Au lendemain d'un échec, les coupables sont tout désignés. L'entraîneur et son président semblent ces «fusibles» que l'on accuse à volonté de tous les maux. C'est à eux qu'incombe la mission de choisir : le second choisit le premier et celui-ci sélectionne les éléments qui vont à la «guerre». C'est élémentaire, comme dirait l'autre. Sauf que dans le sport, le cas du handball, rien n'est facile ou supposé l'être.
Au lendemain de la «destitution» de Mohamed-Aziz Derouaz, élu en mars 2013 à la présidence de la FAHB, le ministère de la Jeunesse et des Sports, «sensibilisé» par le COA, institution elle-même actionnée par l'IHF de Hassan Moustapha le handball algérien entre dans une nouvelle crise structurelle. Indésirable parce qu'il a osé défier le président égyptien de l'instance mondiale de handball mais les institutions du sport national accusées par Derouaz de vouloir «caporaliser» la pratique sportive en Algérie, celui qui a offert le quintuplé africain au handball national se verra éjecter de la présidence de la FAHB. Pour le remplacer, aucun «profil» jugé intéressant n'aura les faveurs du COA et des responsables du MJS. Il fallait «piocher» dans les archives et celles-ci offraient un Saïd Bouamra en train de préparer sa retraite. Un départ à la retraite conditionnée, faut-il le souligner : il manquait quelques petits mois pour que la cotisation réglementaire offre pleins droits à l'enfant de Blida. Le ministre de l'époque, le Pr Tahmi rassure Bouamra, pas vraiment chaud à reprendre du service dans un monde qu'il avait quitté près de deux décennies plus tôt. Mais il fallait partir à la retraite...En prenant en charge une fédération «délabrée», déstructurée et désargentée.
La mission première : préparer la CAN-2014 en Algérie, compétition qu'il fallait non seulement bien organiser mais remporter son trophée. Les grands moyens sont alors mis en œuvre. L'Algérie tiendra ses promesses : bonne organisation et miracle à l'algérienne des équipiers de Slahdji dans une salle Harcha survoltée. Après, la «mayonnaise» allait retomber : les ingrédients d'un nouvel échec étaient réunis. Le championnat masculin a, certes, repris sa «normalité» mais les problèmes et les conflits avaient la peau dure. Chez les dames, la reprise «négociée» n'a eu lieu qu'en décembre dans une configuration que les clubs contestent. La sélection A, confiée en septembre à Bouchekriou, a repris son activités, cette réactivation a mis en veilleuse les sélections de jeunes catégories. L'EN seniors-dames, en hibernation depuis la CAN-2014, dotée d'un nouveau staff technique conduit par Abdelkader Rayane, nommé en décembre dernier, attend toujours pour lancer sa préparation en vue des prochaines échéances.
Fin de cycle pour les bras-tireurs...
Cet amas d'insignifiants détails qui font la différence dans la vie d'une discipline bernée par son prestigieux passé n'est rien par rapport à ce qui attend la petite balle algérienne. Les échecs, à répétition soient-ils, devraient offrir à la famille du handball l'opportunité de faire son mea-culpa. L'avenir de la pratique handballistique est plus important que son passé. Et c'est cet avenir qui semble inquiéter le plus les vrais amoureux du hand en Algérie. Une discipline qui voit son réservoir se rétrécir comme une peau de chagrin. Rien que la sélection A, le constat est effrayant. Sur les 20 joueurs-2 (Kaâbache et Ryad Chahbour n'ayant pas rallié le Caire pour cause de blessure), la moyenne d'âge donne un aperçu de ce qui attend réellement la représentativité algérienne dans deux ans au Gabon (l'EN algérienne chômera en 2016 et en 2017, ndlr). Un rendez-vous pour lequel des joueurs comme Mokrani (âgé actuellement de 35 ans), Boultif, Kieffer (33 ans), Omar Chahbour (32 ans), Bousmal, Ryad Chahbour (31 ans) et Benmenni (30 ans) n'auront pas droit de cités. D'autres comme Loudf (29 ans), Berriah (28 ans), Berkous (27 ans) ne disposeront pas de tous leurs moyens physiques. Dans le groupe qui a pris part à la CAN-2016, Abdi (19 ans) et Ghedbane (20 ans) sont des acquis. Avec Zamoum, Rahim, Kaâbache, Hamoud (tous trois âgés de 26 ans), Saker, Boudjenah (25 ans), Daoud et Djellabi (24 ans), qui atteindront leur maturité, l'Algérie dispose déjà d'un noyau très exploitable. Un groupe qu'il faudrait couver, protéger et renforcer par de nouvelles têtes, jeunes et de qualité, qu'il faudrait confier à un staff technique étoffé, compétent et complémentaire. Le Gabon, qui abritera la fête du handball africain de 2018, a déjà pris ses devants en nommant un staff étranger (des Russes) qui s'est attelé à la besogne depuis quelques mois avec l'ambition de faire partie du gotha continental dans deux ans. D'ici-là, la 11e place occupée en Egypte ne sera, à coup sûr, qu'un mauvais souvenir. Pour les Algériens, les leçons de Doha puis celle du Caire doivent être retenues. Peut être que Bouchekriou ne sera pas là (voir encadré), certainement que les vieux briscards ne seront pas au rendez-vous de Gabon-2018, il faudrait retrousser rapidement les manches. Au lieu de chercher le fautif, le bouc émissaire. Tous responsables !
M. B.
Il n'a pas réussi l'objectif qui lui a été assigné
Bouchekriou restera-t-il jusqu'en 2017 ?
La question est d'actualité : Salah Bouchekriou qui est sous contrat avec la FAHB jusqu'en 2017 n'est pas certain d'aller jusqu'au bout. L'ex-driver du Bahreïn (finaliste malheureuse face au Qatar de la Coupe d'Asie-2016) avait comme objectif de qualifier l'Algérie au tournoi mondial de Paris-2017. Une mission qui n'a pas été honorée, les Verts ayant terminé au pied du podium de la CAN-2016, derrière l'Angola, la Tunisie et l'Egypte. Un échec qui a agacé le technicien algérien qui, quelques heures après la défaite devant l'Angola, assurait à ses proches collaborateurs qu'il quittera ses fonctions aussitôt rentré à Alger. A suivre.
M. B.

Les leçons du passé n'ont pas été retenues à qui profite l'effondrement ?
La sélection algérienne de handball, quatrième de la Coupe d'Afrique des nations (CAN-2016) qui s'est terminée samedi au Caire avec le sacre de l'Egypte, a fourni une décevante prestation lors de son parcours dans cette compétition, ratant sa qualification au Mondial-2017 en France.
Les Algériens - Fédération, staff technique et joueurs - n'ont finalement pas retenu les leçons du piètre championnat du Monde-2015 au Qatar, où les «Verts» avaient terminé à la 24e et dernière place en perdant tous leurs matchs, derrière des équipes comme l'Arabie Saoudite et le Chili, loin d'être des foudres de guerre. Avec un effectif, certes décimé par les blessures et en hibernation pendant plus de 7 mois, le Sept national, auteur d'un bilan de cinq victoires et trois défaites, n'a jamais donné l'impression qu'il pouvait aller en terre égyptienne défendre son titre remporté en 2014, ni de pouvoir arracher cette troisième et dernière place tant convoitée donnant accès au Mondial-2017. La sortie ratée des hommes de Salah Bouchekriou, nommé dans la précipitation à seulement quatre mois du début de cette CAN, ne peut que témoigner de la «politique de bricolage» entreprise par les responsables de la Fédération algérienne de handball (FAHB) qui, à chaque fois, se défendent en mettant en cause le «manque de moyens» dont dispose leur instance. «Si nous allons au Mondial français pour terminer à la 24e et dernière place, alors il vaut mieux ne pas s'y rendre», a lâché Bouchekriou, dépité, à l'issue de la défaite face à l'Angola lors de la petite finale (25-19) comme pour dire que cette équipe n'a pas le niveau ou qu'elle ne se prépare pas bien aux rendez-vous importants. Les larmes du demi-centre Abdelkader Rahim après cet échec, effondré sur le parquet de la salle du complexe sportif du Caire, avant d'être réconforté par ses coéquipiers, ne vont rien changer. Il manquera bel et bien son deuxième championnat du Monde de suite après celui de Doha-2015 pour une blessure à l'épaule. Les prémices de ce «fiasco» étaient pourtant bien là : une Fédération absente, une équipe nationale inactive pendant sept mois, un entraîneur désigné en «pompier», un poste de Directeur technique national (DTN) vacant depuis plusieurs mois avant la venue d'Azzedine Bensbâa, un effectif décimé par les blessures et méforme de certains joueurs cadres. La préparation express de trois mois n'a finalement servi à rien : le Sept national n'a pas convaincu lors de la plupart de ses rencontres au Caire et termine la compétition au pied du podium. «Nous avons eu les moyens de travailler pendant trois mois, ce qui n'est pas suffisant pour rivaliser avec les meilleures équipes africaines à l'image de l'Angola qui ne cesse de progresser (...) Je pense également que les blessures ne nous ont pas épargnés», a résumé Salah Bouchekriou dont l'avenir à la tête des Verts reste des plus incertains. Pour ne pas revivre de telles expériences cauchemardesques, la sélection algérienne doit se remettre au travail sur la base d'un programme à long terme pour encadrer la nouvelle génération des Abdi, Saker et autres Ghedbane et Boudjenah, et reconstruire, du coup, une équipe performante qui pourra jouer les premiers rôles en rivalisant avec des équipes comme l'Egypte et la Tunisie. Et cela commence dès maintenant par la mise en place d'un programme de préparation adéquat pour la sélection des moins de 21 ans qui s'apprête à disputer le Mondial-2017 de la catégorie en Algérie.


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