Quand il arrive de poser la question aux gens pour savoir ce qu'ils en pensent du football en général et de l'équipe nationale en particulier, on n'est pas surpris de découvrir que les Algériens sont prompts à se mettre à piétiner tout ce qui est à terre pour se montrer et démontrer à la fois que le football, c'est leur affaire. Dès lors la contradiction qui doit avoir nécessairement droit de cité pour mieux engager le débat est subtilement écartée, effacée pour laisser place à une autre forme de dialogue qui rappelle cette attitude, celle d'un père à l'égard de ses enfants. D'emblée, si nous nous amusons à faire participer tous les Algériens aux débats télévisés sur le football on s'apercevra vite qu'il y'a autant d'avis que de personnes. Les points de vue seront nombreux sans être convergents. Allez donc savoir qui a raison ? Des débats sont régulièrement organisés ici et là et ils semblent merveilleusement l'illustrer. Si bien que certains (pas tous heureusement) qui, faute peut-être d'un raisonnement adéquat, bien construit, et à cours d'arguments livrent des points de vue avec force qu'ils estiment plus élevés que les autres dans un langage qui frise la condescendance véhiculant des propos incohérents, en déphasage avec l'ordre du jour voire avec l'actualité. Est-ce cela le débat contradictoire ? On en rencontre souvent pareils cas de figure annonçant des débats qui se veulent unilatéraux où la moindre incartade ne soit tolérée. C'est l'impression qui se dégage généralement de ces lieux de confrontation «amicale» dont l'argumentaire des uns doit systématiquement l'emporter sur celui des autres parce qu'on en a ainsi décidé et on doit s'y résoudre sans complainte. S'agissant d'Ali Bencheikh, il convient toutefois de signaler que ce dernier n'entre pas dans ce registre et cette tendance des internautes à lui en vouloir parce qu'il tient un autre langage que le leur sur Mahrez n'est pas faite pour les honorer, eux qui se prétendent porteurs de valeurs qui prêchent l'objectivisme. Ali Bencheikh a cette particularité d'être spontané, de foncer sans faire de calcul pour apostropher tout intervenant dont il estime le profil sportif amoindri pour se permettre d'en débattre et de porter des jugements sur une stratégie, un schéma tactique conçu par des professionnels pour un terrain de football où les mal initiés n'ont aucun intérêt à y pénétrer sans être préalablement accompagnés. Ceux qui se sont insurgés contre Ali Bencheikh ont certainement leurs raisons. Mais, lui, en fin connaisseur a déjà ses propres certitudes, issues de sa grande expérience s'étalant sur plusieurs années de pratique sportive, rompu à toutes les vicissitudes, convaincu de porter le message, le vrai. En revanche ceux qui se plaisent à le tarabuster ont-ils les moyens d'expliquer objectivement voire de démontrer la justesse de leur argumentaire ? L'on doit s'attarder un peu sur le parcours d'Ali Bencheikh pour mieux le comprendre et surtout comprendre ses réactions toujours empreintes de convictions fortes dont il tire sa plus grande force pour faire passer son message. Indépendamment de la polémique qui ait pu surgir, Bencheilkh aspire quoique l'on ait pu dire à montrer à cette génération qui s'emploie à le disqualifier ce qu'il représentait il y'a quelques années et ce qu'il a pu apporter à son pays quand il pouvait le faire en y affichant la plus grande disponibilité. Ses propos témoignent d'une vie d'épreuves et il arrive que l'on sente dans un comportement, le sien ou celui d'un autre dans la même situation l'amertume de ne pouvoir se réincarner à nouveau pour pouvoir s'illustrer une deuxième fois. Je le trouve porté par cet élan dominateur et triomphateur à la fois dont il incarnait la justesse il y'a peu de temps en continuant à défendre ce pourquoi on le fait participer à ces débats où l'on ne parle pourtant que de football. Ne prendrait-il pas plaisir tout passionné du football qui cultive cette vision de partir en quête de ce qui peut unir et pousser au désir de vivre ensemble d'apprendre que tous les Algériens se ressemblent et affichent en commun le même tempérament, les mêmes impulsions et qu'ils ressentent les mêmes sensations quand il s'agit de l'équipe nationale de Mahrez, Brahimi, Slimani et de tous les autres ? Porté par son statut que lui confère son prestigieux parcours sportif, fier des succès qui ont jalonné sa vie durant, Bencheikh avait à cœur de se mettre en évidence de raconter pour extirper son glorieux passé de l'oubli, le dérouler, pour permettre à cette jeunesse de s'en imprégner, de s'en inspirer et à juste titre, assure-je ?