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«Le gaz naturel algérien dans la sécurité énergétique de L'Union européenne : un enjeu géopolitique», de Kedidir Mansour éclaircissements sur un domaine stratégique
En ce 24 février, jour phare dans l'histoire du recouvrement de la souveraineté nationale sur les richesses naturelles, le dernier livre du chercheur universitaire Kedidir Mansour, intitulé «Le gaz naturel algérien dans la sécurité énergétique de l'Europe : un enjeu géopolitique», est une contribution majeure qui apporte des éclaircissements et des explications sur un domaine stratégique sur lequel repose l'économie nationale, tant au plan de son fondement que de son développement. Dans cet ouvrage, publié aux éditions Benmerabet, l'auteur part de l'hypothèse de travail suivante. Au lendemain de son indépendance, l'Algérie était confrontée au problème du développement de son potentiel gazier. Pour se soustraire à l'emprise de la France sur ses hydrocarbures, elle décida de placer son gaz dans le marché américain. Cette option visait à développer l'industrie du gaz naturel liquéfié (GNL) et à optimiser la rente pour pouvoir financer le développement économique du pays. Après l'échec de ce choix, l'Algérie s'est retournée vers le marché européen. Depuis, les échanges se sont intensifiés au point où l'Algérie est considérée aujourd'hui comme un partenaire énergétique stratégique de l'Union européenne. Cette situation lui donnera-t-elle la possibilité de continuer à approvisionner l'Europe en gaz ? Au regard des contraintes liées à la gestion du secteur de l'énergie, la concurrence des deux gaz russe et qatari et l'entrée prévisible en production des gisements en Méditerranée orientale, la part du gaz algérien dans la sécurité énergétique de l'Europe constitue-t-elle un enjeu géopolitique ? Tout au long de cet ouvrage, Kedidir Mansour essaie de confirmer ou d'infirmer la réalité de cet enjeu. Pour cela, il analyse les différentes politiques énergétiques initiées par l'Algérie depuis l'indépendance jusqu'à l'heure actuelle, sans omettre de montrer comment les hydrocarbures ont pesé sur le cours de la guerre de Libération. Et pour situer l'enjeu du gaz dans la sécurité énergétique de l'Europe, il aborde la marché européen de l'energie, à travers les différentes étapes de la formation de l'Union européenne et l'étude des bilans énergétiques pris depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour mettre en évidence comment le gaz naturel est devenu, à la faveur des politiques environnementales prônées, face au charbon, au nucléaire et au pétrole, une source privilégiée dans le bouquet énergétique européen. Toutefois, se limiter uniquement à l'évolution du marché européen ne peut suffire pour cerner la problématique posée. C'est pour cette raison que la question du gaz dans l'économie mondiale a été appréhendée pour cerner l'impact de l'explosion de la demande gazière asiatique et de la révolution du gaz de schiste sur les marchés gaziers. En soulignant les limites de la sécurisation des besoins gaziers de l'Union européenne et les faiblesses de la politique énergétique commune, l'auteur considère que le gaz naturel est une marchandise stratégique. En tant que tel, il ne dépend pas uniquement des fluctuations du marché mais aussi des Etats et des sociétés transnationales. Considéré donc comme une arme géopolitique, le gaz a été utilisé par la Russie dans son déploiement géopolitique en Europe. Cet aspect trouve son explication dans les différentes crises entre la Russie et l'Ukraine. En dernier, l'ouvrage, explorant les relations algéro-européennes, à partir du Processus de Barcelone, de la politique de voisinage, du partenariat euro-méditerranéen et de l'Accord d'association, justifie les différents accords dans le souci européen de vouloir sécuriser la rive Sud pour pouvoir assurer les besoins gaziers de l'Europe. Cette question trouve toute son importance lorsque Kedidir Mansour s'interroge sur la capacité ou l'incapacité des Algériens à jouer le rôle de fournisseur potentiel de l'Europe en gaz devant le déséquilibre des relations commerciales entre l'Algérie et l'Europe, et le dilemme de la rente qui est arrivé à inhiber toute réforme économique et politique. En plus de ces failles, les Algériens devront prendre en ligne de compte la concurrence prévisible des gaz russe, qatari et l'entrée en production des gisements découverts récemment en Méditerranée orientale. Rares sont les ouvrages qui ont abordé le gaz naturel algérien dans une optique de science politique. Les études qui ont paru jusqu'ici ont été l'œuvre des économistes qui ont privilégié le marché comme paradigme. Hormis les anciens ministres et les cadres dont la démarche s'est inspirée de leur parcours dans le secteur de l'énergie, ce qui offre, d'ailleurs, aux chercheurs des documents de première main, le reste venant des contributions d'anciens ingénieurs n'a jamais dépassé le cadre techniciste. Inscrivant son approche dans trois supports théoriques : la sécurité internationale, l'économie politique internationale et l'espace géopolitique, le chercheur Kedidir Mansour a réussi à décrypter les relations énergétiques algéro-européennes en montrant comment l'Europe, en usant de son pouvoir structurel, a façonné les relations gazières pour servir ses intérêts commerciaux, politiques et géopolitiques. Eu égard à ces considérations, l'ouvrage : «Le gaz naturel algérien dans la sécurité énergétique de l'Europe : un enjeu géopolitique», mérite d'être lu. R. C. «Le gaz naturel algérien dans la sécurité énergétique de l'Union européenne : un enjeu géopolitique», Alger, éditions Benmerabet, février 2016.