Talaouine, un nom quasi inconnu des habitants des autres régions, un hameau situé à l'extrême est de la wilaya de Aïn-Defla, dans la zone limitrophe avec la wilaya de Médéa, dans la daïra de Boumedfaâ, compte quelque 470 âmes qui survivent, accrochés aux flancs des collines nues. Les habitants sont confrontés à de` multiples problèmes depuis des décennies. En premier lieu, ils souffrent d'isolement puisque Talaouine se situe à 13 km de Aïn Dem et à 25 km du chef-lieu de la commune, Boumedfaâ, à l'est, 10 km les séparent de la commune de Ouamri (wilaya de Médéa). Les routes qui y mènent, tant vers Aïn Dem que vers Ouamri sont dans un état déplorable qui les rend presque impraticable surtout en hiver, menacées par des éboulements en certains endroits. Les affres de l'isolement sont accentuées par l'absence de transport. Selon les habitants que nous avons rencontrés, en marge de la visite officielle de la localité qu'a effectuée le wali, accompagné des membres de l'exécutif, mercredi dernier, il n'existe que deux transporteurs qui descendent le matin très tôt en direction de Aïn Dem, ne remontent vers Talaouine que le soir à la tombée de la nuit. Toujours selon des habitants, la couverture sanitaire de la population du hameau est très déficiente. Il existe bien une salle de soins mais l'infirmier qui y est affecté n'y fait que de rares et brèves apparitions, tout comme le médecin qui ne vient que les mardis et qui ne consulte que pendant quelques heures seulement, en général de 10 à 14h. De ce fait, les malades doivent se déplacer, pour une simple injection, vers Aïn Dem ou bien Ouamri (Médéa), en louant un véhicule à 600 DA, voire plus, selon l'heure. Concernant la scolarisation, selon des élèves et leurs parents, l'horaire scolaire est de 9h du matin à 15h, à cause de la difficulté pour les élèves et les enseignants de joindre l'établissement. L'eau potable coule rarement dans les robinets du hameau de Talaouine. Les habitants ne disposent que d'un petit réservoir de 300 m3, ne suffisant pas à tous les foyers pour faire des réserves. Pourtant, Talaouine signifie en langue amazighe «les tois sources». On nous indique que «l'une de ses trois sources, si les services de l'hydraulique avaient pris la peine de la capter, cette eau de très bonne qualité, qui coule à longueur d'année dans le lit d'un ruisseau, pourrait suffie à tout le monde». Sur le plan sécuritaire, d'anciens gardes communaux démobilisés ont restitué leurs armes. Ils se disent menacés, surtout que la localité adossée à la montagne surnommée Kaf Ettiour (La falaise des oiseaux) est isolée, aussi ils souhaitent que leurs armes leur soient restituées. La visite de la délégation officielle qui a eu lieu peu avant midi, a attiré presque tous les habitants qui ont convergé vers la minuscule place du village. Un habitant d'un certain âge nous dira «la dernière visite d'un wali dans notre localité remonte au milieu des années 80, il était arrivé par hélicoptère, aussi, la visite du wali aujourd'hui qui vient de s'enquérir de nos conditions de vie est un grand événement». Structures médicales, éducatives, administratives, sociales telles que la construction de logements ont figuré au menu de la visite de la délégation officielle, à la fin de laquelle a été tenue une réunion avec des citoyens représentant les différentes localités, les P/APC des communes de Boumedfaâ et d'El Hoceïnia, du chef de daïra et des différents directeurs de l'exécutif concernés. Après que les P/APC aient présenté un exposé de la situation que vivent leurs communes, ce qui a été et ce qui reste à réaliser, que les représentants des citoyens des différentes localités aient exposé leurs doléances et leurs souhaits, après que les directeurs de l'exécutif aient donné les chiffres précis sur les dotations et autres subventions dont les communes ont bénéficié, le wali a pris la parole pour répondre point par point aux demandes citoyennes et prendre les décisions attendues. Pour la localité de Talaouine, la plus touchée par le sous-développement, il a été décidé d'une extension de l'électrification rurale, la réhabilitation des 13 km de route entre Aïn Dem et Talaouine, le captage des sources, sur le budget de la wilaya. En ce qui concerne l'habitat rural, il a été rappelé que ne peuvent en bénéficier que ceux qui sont propriétaires, de manière directe ou indirecte, de terrains à bâtir. Ceux qui envisageaient un périmètre proche du lieu-dit Nessissa (Boumedfaâ), ont essuyé un refus catégorique «ce périmètre servira d'assiettes pour des projets d'investissements, producteurs de richesses pour tous. A propos d'investissements, toujours à Boumedfaâ, trois grands projets sont en cours de réalisation, notamment celui d'une grande briqueterie moderne à qui il a été promis la concession pour l'exploitation d'une colline de marne. On signale que de nombreux investisseurs ont pris option pour la réalisation de différents projets, mais ne se sont pas manifestés par la suite. A ce sujet, instruction a été donnée pour que la situation soit assainie dans les meilleurs délais. S'agissant de la restitution des armes, le chef de l'exécutif a fait savoir que les pouvoirs publics ont entamé cette restitution et qu'un certain nombre d'armes ont déjà été remises à leurs propriétaires, en ajoutant que l'opération est en cours et ceux dont les armes ne seront pas retrouvées, ceux-là seront compensés.