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L'Opep : naissance, apogée et fission
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 03 - 2016


Par Dr Mohamed Sad Beghoul
Oil & Gas Exploration and Development freelance consultant
Il suffit de connaître les raisons ayant motivé la naissance de l'Opep et les objectifs de sa politique, qui se voulait unifiée, pour se rendre compte que fondamentalement cette organisation n'a, peut-être, plus raison d'être et en faire partie n'est plus opportun.
L'Opep, née en 1960, est pourtant une création relativement récente comparativement aux «seven sisters» qui tirent leur origine dans les débuts du 19e siècle avec la loi anti-trust américaine qui avait interdit le merging pour protéger l'environnement concurrentiel des échanges commerciaux et qui a vu donc l'éclatement de l'empire de Rockefeller et la naissance de compagnies comme la Standard Oil of California, la new-yorkaise Socony, Mobil, etc. Il était ainsi possible à toute société étrangère l'accès au marché pétrolier américain. C'est le cas de la hollandaise Royal Dutch et de la britannique Shell qui finissent par s'unir en 1907 pour devenir la Royal Dutch Shell. Vient ensuite la British Petroleum (BP), une société anglo-iranienne à l'origine, exploitant les gisements iraniens depuis le début du 19e siècle.
La découverte de grands gisements de pétrole au Texas donna aussi naissance à deux autres sociétés, en l'occurrence la Gulf et la Texas. Toutes ces sociétés, et tant d'autres, se disputaient acharnement le marché pétrolier américain mais aussi mondial. Les compagnies étasuniennes, gênées par la sévérité fiscale américaine et voyant le pétrole domestique s'épuiser rapidement, se lancent dans l'aventure internationale mais la surproduction de l'après-Première Guerre mondiale a contraint les principaux acteurs (Standard Oil, Royal Dutch Shell et British Petroleum) à s'unir sur l'idée de sauver leurs intérêts, érodés par une pratique baissière des prix. Ainsi est né le cartel, le 17 septembre 1928, en Ecosse, dans le château d'Achnacarry, résidence d'Henry Deterding, patron de la Royal Dutch Shell. De là émane, vers les années 1940, le consortium des «seven sisters» qui dominait le monde pétrolier depuis la recherche et production jusqu'au raffinage.
Dans les années 1960, ce consortium, formé de la Gulf Oil, Texaco, Socony et des actuelles British Petroleum, Chevron, Shell et Exxon, contrôlait 60% du marché pétrolier, mais il sait aussi que les plus grosses réserves que recèle la planète se trouvent dans les pays pauvres ou émergents en Amérique latine, en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient. Vis-à-vis des pays développés consommateurs, ce cartel se présente comme un moyen d'approvisionnement pour la croissance économique.
Les membres du cartel se partagent alors les zones pétrolières du monde par l'octroi de concessions ou droit de propriété sur les gisements et les périmètres d'exploration pour une durée allant jusqu'à 99 ans avec des prélèvements fiscaux très modestes. Comme pour l'Opep de nos jours, les quotas de commercialisation sont fixés pour chacun des membres du cartel.
La valorisation de zones, initialement inexplorées, par les découvertes réalisées sous les «seven sisters» a encouragé les pays cédants à exercer un contrôle sur la gestion de leurs domaines miniers allant jusqu'aux nationalisations. La menace des intérêts du cartel va crescendo avec le boom économique mondial des années 1960 et les besoins croissants de la consommation énergétique. Le monopole des «sisters» commence ainsi à être compromis par la percée de compagnies nationales des Etats pétroliers qui contrôlent de plus en plus les activités des multinationales et y participent de manière beaucoup plus significative par le biais de contrats ou codes pétroliers plus fidèles aux principes de la souveraineté des Etats qui s'aperçoivent dépossédés de leurs richesses. Les nationalisations et la révision du régime de concession et sa substitution par des contrats de partage de production (PSC) donnent naissance à de «gros Etats pétroliers» qui commencent à peser sur la tenue du marché par leurs productions et surtout par leurs gigantesques réserves. Mais les grands groupes pétroliers ont pu contrôler les lois de l'offre et la demande du fait qu'ils assurent l'essentiel des opérations pétrolières dans le monde, détiennent les technologies les plus sophistiquées et mettent sur le marché d'énormes quantités de brut sans se soucier de sa déprime.
La naissance du messie Opep
La déprime du marché excita alors un réflexe au sein de Etats pétroliers exportateurs qui décident de s'organiser, à leur tour, autour d'un objectif contrecarrant la politique des multinationales pour la stabilisation des prix. Ainsi est née, le 10 septembre 1960, à Baghdad, à l'initiative du Venezuela, une autre génération de cartel, en l'occurrence l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), regroupant, dans un premier temps, l'Irak, l'Iran, l'Arabie Saoudite, le Koweït et bien entendu le Venezuela. Elle s'est, ensuite, élargie à d'autres pays producteurs : le Qatar (1961), l'Indonésie (1962), la Libye (1962), les Emirats arabes unis (1967), l'Algérie (1969), le Nigeria (1971), l'Equateur (1973) et le Gabon (1975). Ces deux derniers ont quitté l'organisation, respectivement, en 1992 et 1995 mais l'Equateur, le plus petit producteur du groupe, a réintégré le cartel en 2007. Même si la discipline a toujours fait défaut au sein de l'Opep, cette dernière a constitué une véritable force régulatrice du marché.
Sa naissance est venue à un moment opportun, caractérisé par une demande encore plus accrue liée au boom économique des années 1960. De par ses réserves qui représentaient alors 79% des réserves de la planète, elle avait réussi à remodeler le paysage économique mondial et imposer un bras de fer aux producteurs non-Opep (Nopep) et notamment le bloc OCDE qui consomme beaucoup plus qu'il en produise. Dans le même temps, la fiscalité instaurée par l'Opep (85% sur le revenu imposable et 20% de redevance) mettait les compagnies multinationales dans une situation peu confortable, ouvrant ainsi le champ à l'investissement dans les pays Nopep, plus attractifs en matière de fiscalité mais pas forcément en matière de potentiel pétrolier qui restait à évaluer.
Le pouvoir de l'Opep a vu son apogée dans les années 1970 quand sa production assurait plus de 54% de la demande mondiale. Cette organisation a su imposer un marché de type producteur-vendeur à la faveur d'un prix du baril répondant largement à la souveraineté des Etats membres pendant qu'augmentaient les besoins des pays consommateurs qui ne détiennent que 15% des réserves mondiales, au moment où les Etats-Unis, premiers énergétivores de la planète, passaient par leur pic pétrolier. Produire peu et vendre cher était la politique de l'Opep.
A titre d'exemple, l'embargo organisé par l'Opep (à majorité Opep) contre les alliés d'Israël, en 1973, en réduisant sa production de 25%, avait propulsé les prix de 130%.
Le début du fléchissement de l'Opep
Durant les années 1970-1980, l'effort de recherche des compagnies occidentales dans les pays Nopep n'a pas tardé à mettre en évidence de grosses découvertes de pétrole en Afrique, en Asie, en mer du Nord, etc., découvertes dont le développement rapide a permis à ces compagnies de stimuler leurs activités avales et injecter sur le marché des quantités de brut effritant la stabilité de la stratégie de l'Opep qui ne contrôlera plus que 35 à 40% de la demande mondiale à partir des années 1980, début de fléchissement de la force de l'Opep, affaiblie par une demande mondiale légèrement ralentie par les programmes d'épargne énergétique et de diversification des sources d'énergie, pilotés par le bloc consommateur lui-même, auxquels s'ajoutent les multiples récessions économiques dont nous connaissons les effets.
On assiste un peu à une inversion de tendance, ou, du moins, à un équilibre précaire entre les deux cartels. Mais les producteurs qu'ils soient indépendants ou étatiques ont du mal à imposer durablement un prix sur un marché qui a tendance à balancer plutôt vers celui de l'acheteur. Désormais, pour survivre, il faut vendre beaucoup et moins cher, ce qui ne favorise pas le petit producteur qui s'éclipse, armes et bagages, dans la gueule du plus puissant dont l'appétit grossit avec la taille.
C'est l'ère de l'investissement dans l'économie d'échelle par fusions majeures. En effet, les années 1990 sont celles du merging de beaucoup de groupes pétroliers donnant naissance à de nouveaux majors d'un côté et à de supermajors de l'autre (ExxonMobil, BPAmocoArco, ChevronTexaco, TotalFinaElf, RepsolYPF, etc.). Les réserves de ces nouveaux géants pétroliers dépassaient celles de certains pays membres de l'Opep (plus de 14 milliards de barils pour ExxonMobil, BPAmoco, ChevronTexaco, Royal Dutch Shell, TotalFinaElf...) et le chiffre d'affaires d'un supermajor (150 à 190 milliards de dollars) pouvait dépasser celui de tous les pays Opep réunis. Le partenariat avait plus que jamais le développement de gisements comme priorité des priorités.
Viennent ensuite l'exploration en zones matures à moindre coût et enfin l'exploration visant d'éventuels éléphants (gisements géants) en zones frontières (wild cat) comme le deep offshore par exemple. Cette déchéance de l'Opep dans les années 1990 a instauré un régime du «chacun pour soi» au sein de l'organisation par le non-respect des quotas, notamment par les membres disposant de capacités de production extensibles. Un des exemples à rappeler est celui de la décision de l'Opep à Djakarta, le 26 novembre 1997, de porter le niveau de sa production officielle de 25 mbj à celui pratiqué de 27 mbj, une décision qui s'est rapidement suivie d'une chute des prix de 30%, ce qui avait donné lieu à la réunion de Vienne (30 mars 1998) pour revenir à la production de 25 mbj.
L'Opep aujourd'hui
L'objectif historique de l'Opep était la défense des intérêts des pays membres, basée sur une régulation du marché par un niveau de production favorisant une hausse des prix qui doit satisfaire l'équilibre budgétaire (break even price) de chacun des membres. Mais depuis l'avènement des schistes et la chute vertigineuse des prix amorcée en juin 2014, l'Opep est comme cette ligne droite qui a changé de direction au dernier moment. La voix du cartel est désormais celle de son «maître», le royaume wahhabite, qui fait cavalier seul en refusant de jouer le rôle de swing producer et de collaborer avec les membres du cartel.
Disposant de 22% des réserves de l'Opep, de 35% de sa production, du coût de production le plus bas de l'organisation (10 dollars/baril) et d'un matelas de réserves de change de 700 milliards de dollars, l'Arabie Saoudite, se croyant infaillible, s'est engagée à défendre, en solo, sa part de marché contre le pétrole non conventionnel américain quitte à voir un baril à 20 dollars, sans se soucier de l'économie des autres pays du cartel. Mais l'Arabie Saoudite, affaiblie par les deux guerres, celle du Yémen et celle contre les schistes américains, a enregistré un déficit budgétaire d'une centaine de milliards de dollars à fin 2015.
La réunion de Doha, du 15 février 2016, pour le gel de la production n'est pas seulement un premier signe d'abdication du royaume dans son entêtement à défendre à tout prix sa part de marché mais aussi une forme d'appel «au secours» aux autres grands producteurs en vue d'une stabilisation des prix pour soigner son déficit et alléger l'austérité imposée à son peuple dès 2016 en terme d'augmentation des tarifs et de coupes budgétaires.
Nous savons que le recours à la sensibilisation des producteurs Nopep pour contribuer à l'équilibre du marché a toujours été une perspective difficile.
Tant que la production de l'Opep n'est pas réduite à même d'éponger la différence actuelle de 2% entre l'offre et la demande (soit 1.5 à 2 millions barils liés au boom des schistes), ce mouvement de gel, qui n'a pas de chances d'être suivi, ne ramènera aucune amélioration palpable des prix. Ces derniers sont restés autour de 33-34 dollars depuis fin janvier 2016. Certains analystes considèrent cette légère stabilisation des prix comme une retombée «positive» de la réunion de Doha et à celle qui est prévue pour la mi-mars 2016, mais les raisons de cette stabilisation des prix, qui a débuté bien avant la réunion de Doha et qui pourrait être suivie d'une hausse sensible des cours dans les semaines qui suivent, semble traduire plutôt la baisse de l'activité des schistes en termes de forage et de production, une tendance dont nous avons déjà auguré le début durant l'année 2016. En effet, le nombre d'appareils de forages pétroliers américains est passé de 1 900 unités en juin 2014 à environ 900 en juin 2015 puis à 502 en février 2016 et la production à chuté de 11.6 millions barils par jour (mbj) en 2014 à 9,7 mbj en juin 2015 puis à 9.2 mbj à décembre 2015.
L'Opep d'aujourd'hui n'a plus aucune influence sur le marché qui reste contrôlé essentiellement par la production américaine pour quelques années encore. Il est curieux qu'au moment où l'Opep des divergences et du «chacun pour soi» perd de sa crédibilité et s'écarte de son objectif historique, elle vient d'être élargie, en 2016, à 13 pays ( Algérie, Angola, Equateur, Indonésie, Iran, Iraq, Koweït, Libye, Nigeria, Qatar, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis et le Venezuela). L'Indonésie, qui avait quitté l'Opep en 2008, vient de la réintégrer le 1er janvier 2016 bien que ce pays ne soit plus exportateur mais plutôt importateur de pétrole depuis 2003. L'influence de l'Opep sur le marché n'est pas fonction du nombre de pays membres puisque 42% des réserves et 62% de la production du cartel sont détenus par les membres moyen-orientaux (Arabie Saoudite, Koweït, Qatar et les Emirats arabes unis) qui font aussi partie du Conseil de coopération du Golfe (CCG) avec Oman et le Bahreïn, une forme d'Opep dans l'Opep.
L'Algérie se doit de songer
à prendre congé de l'Opep
Il est vrai que tous les pays de l'Opep sont en déficit budgétaire à cause de la détérioration du marché pétrolier, mais les plus touchées ou «OPEC's Fragile Five» selon RBC Capital Markets Ltd, une banque canadienne d'investissement, sont : l'Algérie, l'Iraq, la Libye, le Venezuela et le Nigeria. Parmi ces pays, l'Algérie, avec les plus faibles réserves et la plus faible production, demeure l'économie la plus fragile si l'on exclut la production libyenne compromise par la guerre.
On peut expliquer le recul des recettes algériennes, qui ont chuté de presque de moitié en une année, par une baisse des volumes exportés mais le prix du baril reste le principal facteur étant donné que les volumes exportés ont commencé à chuter il y a une décennie (recul de 30% depuis 2005) mais la bonne tenue du prix du baril (jusqu'à trois chiffres) a permis une confortable embellie pétrolière durant la décennie écoulée. Le boosting des exportations étant une opération interne de longue haleine, la diminution de la production Opep d'un volume équivalent à l'excédent sur le marché est le chemin le plus court pouvant enrayer, tant soit peu, la chute des prix, option que l'Arabie Saoudite a totalement écartée en préférant défendre ses parts de marché et ses propres intérêts sans se soucier des autres, en cédant le rôle de «swing producer» de l'Opep aux producteurs américains.
Malgré une population de 40 millions d'habitants et sa faible production pétrolière, la 9e de l'Opep (et la 10e au retour de la Libye), l'Algérie a, à maintes reprises, exprimé au groupe sa volonté de trouver un consensus pour enrayer la chute des prix mais l'Opep de l'Arabie Saoudite avait un autre avis, celui du «chacun pour soi». Dès lors qu'un pays est membre du cartel, il ne lui est pas permis de réagir individuellement et isolément à la chute des prix comme le fait actuellement le royaume wahhabite.
Au sein de l'Opep, l'Algérie, encore frappée du sceau de fidélité à cette organisation, fait partie des pays à capacités de production limitées ne permettant pas de pallier les chutes des prix. Ces pays ont toujours tendance à guérir le mal à sa racine en plaidant pour une réduction de la production et sacrifiant une partie de leurs quotas pour sauver les prix et... l'Opep aussi, pendant que d'autres membres ayant des capacités excédentaires de production peuvent dépasser leurs quotas pour soigner leurs recettes.
L'Algérie est toujours en tête des pays qui supportent seuls le poids du marché et qui souffrent le plus à chaque crise pétrolière à l'exemple de celles de 1986 et de 1998 quand le pays a évité de justesse un troisième rééchelonnement. Tout compte fait, et tant que les schistes gouvernent encore le marché, notre pays se doit de songer à prendre congé de l'Opep pour se libérer de ses contraintes et entreprendre méticuleusement ce que bon lui semble sans se soumettre aux consensus d'une organisation unipersonnelle qui fonctionne désormais en mode panique.
A quoi sert de continuer à faire partie de cette organisation qui n'a d'Opep que le nom et qui a contribué à la situation économique dans laquelle se trouve actuellement notre pays: un Fonds de régulation des recettes qui peine à s'alimenter avec un baril qui côtoie le prix de référence de la loi de finances et très loin du prix d'équilibre budgétaire du pays qui est de 120 dollars, des réserves de change érodées de 20% depuis juin 2014, des recettes qui pourraient ne pas dépasser les 30 milliards de dollars en 2016, soit la moitié des importations, etc.?
Tous les membres de l'Opep et certains Nopep (dont la Russie) savent que le pétrole est l'unique source de leurs revenus qu'il ne faut pas s'attendre à un consensus autour d'une quelconque réduction de la production. Bien au contraire, en réaction à l'accord de la réunion de Doha, les autres producteurs ont ironisé l'idée du gel de la production à l'exemple de l'Iran et l'Irak qui ont même immédiatement annoncé qu'ils vont plutôt accroître leurs productions dans les mois à venir. Tout porte à croire que nous allons assister à un boosting de la production conventionnelle accompagnée d'un déclin progressif des schistes. Le marché se corrigera de lui-même, avec, en face, une Opep comme spectatrice.


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