L'effondrement récent, le semi-krach des places boursières qui a contribué à plomber le cours du pétrole, impacte directement et négativement l'économie algérienne. Avec un baril risquant d'avoisiner les 35 dollars, le tocsin commence à résonner ! Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Les places boursières internationales ont été fortement perturbées ces dernières heures. Un semi-krach a été enregistré avant-hier, une journée qualifiée de lundi noir, sur les marchés d'actions européens, américains et asiatiques. En effet, les Bourses du Vieux Continent ont vu leurs indices chuter d'environ 5%, la Bourse de New York enregistrait un dévissage de l'ordre de 4% tandis que la Bourse de Shanghai, une des deux principales places asiatiques et qui a perdu 30% durant l'été, a encore dégringolé de près de 9% et que l'indice japonais baissait notamment de plus de 4%. Certes, cette pression s'est un peu relâchée hier en Europe où plusieurs places dont Frankfurt et Londres ont bien rebondi et les investisseurs ont surmonté leurs craintes de la veille. Toutefois, elle demeurait vive en Asie, avec un indice shanghaïen terminant en baisse de près de 8%, en raison de la persistance des inquiétudes sur l'état de santé de l'économie chinoise. Enregistrant depuis quelques semaines des indicateurs décevants, une violente contraction de l'activité manufacturière, une perte de confiance des investisseurs dont les petits porteurs et une certaine inanité des mesures monétaires et financières décidées par le gouvernement de Pékin, l'économie chinoise affiche un net ralentissement, provoquant une importante déroute des places locales. Or, le ralentissement de la deuxième économie mondiale, outre de soulever des questionnements quant à son impact effectif sur la reprise économique mondiale, influe directement sur les cours des matières premières, essentiellement le pétrole. Ainsi, le cours de l'or noir a dégringolé lundi à New York jusque sous la barre des 40 dollars, atteignant les 38,24 dollars en clôture. A Londres, le Brent avait chuté en cours de journée à 43 dollars. Or, une chute des cours du pétrole, certes atténuée le lendemain, qu'avive néanmoins l'affaiblissement de la demande chinoise en pétrole, la seconde après l'américaine, risque de se poursuivre. Ce qui impacte directement sur les pays producteurs de pétrole dont l'Algérie. L'impact est «direct», considérait hier l'expert en économie et finances, Ferhat Aït Ali, dans la mesure où notre économie est dépendante des hydrocarbures et de leurs fluctuations boursières. En raison justement de la perte de confiance des investisseurs mais aussi des consommateurs chinois, la demande de la Chine en énergie diminue, et, par conséquent, la consommation mondiale reflue. Or, les marchés financiers et pétroliers agissant sans logique rationnelle, leurs anticipations impactant directement sur la sphère réelle, la tendance baissière des cours de l'or noir ne pourrait donc que persister. Ainsi, le cours de cette matière pourrait encore descendre jusqu'à 35 dollars le baril, n'écarte-t-on pas. Ce faisant, l'absence de connectivité de l'économie nationale aux fluctuations boursières, une déconnection que le discours officiel n'a eu de cesse de mettre en avant depuis des années, est pourtant clairement remise en question, considérera cet économiste. En raison de la dégringolade des cours, et par conséquent la baisse des recettes pétrolières, le Fonds de régulation des recettes (FRR) n'est plus alimenté et ne le sera pas de sitôt. Cela, même si le FFR qui engrange la fiscalité pétrolière non budgétisée (par rapport à un prix de référence de 37 dollars) n'a pas réellement vocation à servir de garant budgétaire. C'est «une aberration», considère Ferhat Aït Ali, à propos de l'utilisation du FFR pour la couverture des déficits budgétaires, en cours depuis 2006. Toutefois, les disponibilités du FRR risquent encore de diminuer. Ce qui implique la recherche de nouvelles voies de financement dont un concours bancaire plus important, voire une émission monétaire. Au-delà de l'impact inflationniste en découlant, même si cet expert estime qu'une inflation provisoire ne pourrait être inopportune, c'est la capacité de financement bancaire de l'économie réelle qui risque d'être incertaine. Sur le plan social, l'effet de la semi-crise boursière sera ressenti à court terme, avec l'épuisement des stocks de biens alimentaires et d'équipement d'ici quelques semaines. Or, dans la mesure où «une thérapie de choc» serait «mortelle» sur le plan social et politique, et au-delà de la marge de manœuvre dont se prévaut l'exécutif, la gestion de cet impact s'avère donc assez ardue. Saura-t-on et pourra-t-on réagir avec le tocsin qui résonne !