Quatre ans après le très décevant Parfums d'Alger, Rachid Benhadj revient avec l'adaptation au grand écran du roman L'étoile d'Alger de Aziz Chouaki. Un long-métrage qui ne parvient ni à convaincre ni à émouvoir. Réalisé par Rachid Benhadj qui a également cosigné le scénario avec Aziz Chouaki, L'étoile d'Alger raconte l'histoire d'un jeune musicien talentueux (Cherif Azrou) luttant pour poursuivre une vie normale en pleine tourmente des années 1990. D'abord chanteur de mariages, il devient la star d'une discothèque connue et essaie de composer avec les islamistes de son quartier qui passeront rapidement du prêche au poignard et le condamneront à mort. Salué pour son pouvoir de transcendance et sa stylistique élaborée, le roman se retrouve ici comme évidé de sa substance et schématisé à l'extrême. Qu'il s'agisse d'écriture scénaristique, de mise en scène ou de direction d'acteurs, le film confond entre narration et déclamation, entre situation dramatique et théâtralité, entre émotion et surenchère... Tout au long de 102 minutes, on assiste, en effet, à un entassement mécanique de scènes et de dialogues qui se juxtaposent sans jamais se rencontrer, à l'image de ce récit sans souffle qui tient uniquement sur la verbosité des échanges et la succession quasi-anecdotique de micro-événements «représentatifs» de cette époque de terreur. Ainsi, il y a lieu de parler d'une logique narrative basée sur l'échantillonnage en ce sens que défilent à l'écran, comme dans Parfums d'Alger et d'autres films sur le terrorisme, un certain nombre de personnages typiques et donc sans reliefs avec ce souci permanent d'accentuer jusqu'à la caricature les traits de chacun en délimitant clairement les frontières entre bons et méchants dans un manichéisme trivial. L'étoile d'Alger est à l'image de la plupart des films produits dernièrement sur la décennie noire : incapable de transformer le potentiel dramatique et émotionnel de cette période en langage de cinéma, il se satisfait d'un discours direct des plus rigides. Une fois ce dispositif narratif installé, la mise en scène devient ni plus ni moins que «l'enregistrement» passif des différentes fractions de ce récit qui loin de mimer la forme parcellaire et éclatée du roman de Chouaki, s'apparente plutôt à une absence de ciment dramaturgique capable de créer un minimum de cohérence. Et c'est donc tout à fait prévisible que le jeu des comédiens fasse les frais d'une telle vision étriquée : Cherif Azrou, dans le rôle de Moussa le musicien, tout comme le reste du casting, s'habillent de leurs personnages comme de costumes inconfortables et versent très vite dans la surenchère la plus grossière, virant parfois au comique même si la scène jouée est censée être poignante. Malgré tous les efforts fournis par Rachid Benhadj pour surligner et sur-dramatiser cette histoire, l'émotion restera absente tout au long du film, d'où l'on sortira avec le sentiment d'avoir assisté à un exercice plus ou moins paresseux, plus ou moins vain !