Les enseignants contractuels poursuivaient hier à Bouira et pour le septième jour, leur marche nationale vers la capitale. Une marche de la dignité pour laquelle ils ont consenti jusque-là d'énormes sacrifices faits d'évanouissements, de gonflements des pieds dus au marathon qu'ils se sont imposé, mais également de blessures dont un des leurs, percuté dangereusement par un camion avant-hier jeudi près de l'entrée sud de Bouira, a dû être transféré à l'hôpital de Tizi-Ouzou après avoir été évacué dans un premier temps vers l'hôpital de Bouira. Le jeune enseignant venu de Bordj-Bou-Arréridj, touché à la tête, est sorti fort heureusement d'un coma profond dans lequel il était plongé jusqu'à hier matin. Cela étant, hier, en accompagnant sur quelques kilomètres ces marcheurs, nous avons constaté l'absence de services de sécurité qui auraient pu réguler la circulation pour permettre à ces enseignants de s'organiser convenablement sur une partie de la voie de la RN5, connue pour être toujours très fréquentée. Ce n'est qu'après l'intervention du député Khaled Tazaghart qui accompagnait ces marcheurs depuis le premier jour, que les éléments de la Gendarmerie nationale ont fait finalement leur apparition sur ce tronçon compris entre la ville de Bouira et la commune d'Aomar, future halte des marcheurs. Au niveau des fameux virages d'Errich à la sortie nord de Bouira, les marcheurs scandaient à tue-tête certaines slogans improvisés et dédiés aux enseignants contractuels ; d'autres brandissaient des banderoles qui rappellent leur principale revendication qui est l'intégration ; un mot qui revient à chaque fois comme un leitmotiv. Parmi les marcheurs , alors que des soutiens fusaient de toutes parts , surtout de la part des organisations des droits de l'Homme, des syndicats de l'éducation, comme le CLA, ou encore la fédération des enseignants affiliée au Snapap, et même des partis politiques comme le FLN par la voix du SG Ammar Saâdani qui leur a apporté son soutien mercredi dernier, lors du rassemblement à la coupole ; des membres du bureau national du Cnapeste dont Messaoud Boudiba étaient là aux côtés des marcheurs depuis la ville de Bouira. Le chargé de communication du Cnapeste nous a déclaré que le Cnapeste s'est mis du côté de ces contractuels dès le début en appelant les responsables à l'échelle nationale à prendre leur responsabilité en intégrant ces enseignants sans aucune condition. Notre interlocuteur rappelle que le Cnapeste était le premier syndicat à avoir dénoncé l'instauration du concours écrit par le ministère de l'Education pour les recrutements et «aujourd'hui, le temps nous a donné raison et ces enseignants qui cumulent plusieurs années d'expérience dont certains ont plus de 10 ans d'expérience, doivent être intégrés sans aucune condition», dira-t-il. Cependant, et là, tout le monde est d'accord sur ce point, cela ne pourra se faire qu'avec une décision politique émanant du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Une décision politique que les centaines d'enseignants marcheurs, mais à travers eux, les milliers de contractuels à travers le pays, attendent avec impatience et ce, au fur et à mesure que la capitale, point d'arrivée de la marche, se rapproche. Hier, ils étaient là ; Falla, cette enseignante de français blessée lors de la marche d'Alger la semaine passée et qui accompagne les marcheurs sur un fauteuil roulant, Kafia de Annaba qui cumule 15 ans d'expérience, Boualem de Béjaïa qui est contractuel depuis 1999, Mohamed d'Adrar, Fatma de Constantine, Youcef de Tizi-Ouzou ; ils étaient tous là pour raconter chacun sa propre histoire, ses propres péripéties lors des concours précédents auxquels ils avaient tous participé mais qu'ils n'avaient pas eu à cause des tergiversations de l'administration au niveau des différentes directions de l'éducation à l'échelle nationale. Ils étaient tous là et tous voulaient raconter leurs histoires personnelles. Cependant, tous ne voulaient qu'une chose : que le cauchemar de ces contrats renouvelables prenne fin. Tous veulent une intégration qui leur donne enfin le droit de travailler aisément et sereinement ; de se consacrer pleinement à ce métier pour lequel ils ont sacrifié leur jeunesse, les meilleures années de leur vie ; et surtout rentrer le soir la tête reposée pour étreindre leurs enfants sans avoir au ventre cette peur de se voir remerciés le lendemain par le directeur de l'établissement ...