Ils étaient là à Bouira, ces centaines d'enseignants, hommes et femmes qui ont décidé d'entamer une marche nationale pour leur dignité. Hier, et après avoir parcouru le territoire de la wilaya de Béjaïa sur plus de 100 kilomètres, les enseignants marcheurs sont arrivés sur le territoire de Bouira, deuxième étape de leur longue marche qui les mènera jusqu'à la capitale. Organisés en petits carrés sous forme de file indienne et marchant sur le côté droit de la chaussée pour ne pas gêner la circulation automobile, les marcheurs scandaient à tue-tête sous un soleil assommant et une température au-dessus de la moyenne en cette fin de mois de mars, avec une température qui dépasse les 30 °C, des slogans on ne peut plus clairs quant à la signification de cette marche de la dignité décidée par les enseignants contractuels de tout le pays ; des slogans comme «Ya latif, ya latif, al oustadh ala arracif» (ô malheur ô malheur ; l'enseignant à la touche) ou encore le mot magique pour lequel tous les enseignants ont entrepris cette marche : «INTEGRATION», entonné avec beaucoup de gravité par les centaines de gorges et qui donnent au mot toute sa symbolique. Cependant, la banderole brandie au début de la procession résume tout sur cette situation de ces milliers d'enseignants contractuels qui travaillent dans le secteur depuis plus de 10 ans pour certains d'entre eux et qui se retrouvent dans une situation où ils risquent simplement le licenciement tant le ministère qui les a utilisés pendant des années pour combler des vides et des manques de postes dans le secteur, les a abandonnés aujourd'hui en lançant un concours national ouvert pour tous les diplômés universitaires. Une banderole dans laquelle il est écrit en arabe : «La khoudhouâ, la roudjouâ ; Al Idmadj haqqoun machrouâ» (ni renonciation, ni abdication ; l'intégration, un droit légitime) qui sonne comme une réponse aux dernières déclarations de la ministre de l'Education, Mme Nouria Benghebrit qui déclarait lundi dernier à l'issue de son entrevue avec les représentants de ces enseignants dont le porte-parole national de ces enseignants, Bachir Saïdi qui était avec les marcheurs hier, que l'intégration sans concours est interdite par la Fonction publique et à laquelle les milliers de contractuels à travers le pays et les centaines de marcheurs qui les représentent dans cette marche de dignité, répondent que l'intégration qu'ils réclament a besoin d'une décision politique. Et c'est cette décision politique qu'ils attendent à travers leur action ; une décision qu'ils attendent de la part du président de la République ; de la même manière que celle prise en 2012 lorsque plus de 30 000 enseignants contractuels avaient été intégrés dans l'enseignement ; ou encore ceux de 2001 et ceux de 1992. Hier, le long de la RN5, les centaines de marcheurs qui étaient éreintés et dont plusieurs de leurs camarades avaient déjà abandonné car ne pouvant plus faire face à ce marathon auquel ils étaient contraints pour faire entendre leurs voix, espéraient l'intervention du président de la République pour les rétablir dans leurs droits. Ils espéraient l'intervention du président de la République car hormis le député Khaled Tazaghart et certains enseignants, retraités à l'image de Zouhir Messaoudi du Cnapeste, et des représentants du Snapap, du CLA et du Cnapest, les autres acteurs politiques, ceux qui avaient l'habitude de soutenir ces causes justes comme celle-ci, avaient la tête ailleurs ; ils préparaient le Mazafran II.