Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé hier divers mouvements kurdes, turcs et arméniens, interdits en Turquie, d'avoir fait alliance pour manifester contre lui à Washington et provoquer des échauffourées avec son service de sécurité. Des incidents avaient éclaté jeudi à Washington près des bâtiments de l'institution Brookings, où devait s'exprimer le président Erdogan, en visite dans la capitale américaine pour participer à un sommet sur la sûreté nucléaire. Des heurts avaient opposé les services de sécurité turcs à des journalistes et manifestants avant que la police n'intervienne. S'exprimant à son arrivée à l'aéroport d'Istanbul, le président turc a affirmé avoir vu parmi les manifestants des «représentants» du Parti des Travailleurs turcs (PKK, rébellion kurde), des Unités de protection du Peuple Kurde (YPG), accusés par Ankara d'être le bras armé syrien du PKK, ainsi que de l'ASALA (Armée secrète arménienne de libération de l'Arménie). Il a accusé ces trois groupes d'avoir été de mèche lors de la manifestation avec des alliés de l'imam Fethullah Gülen, son ennemi juré, exilé aux Etats-Unis et qu'il accuse de comploter contre lui. «La situation qui a eu lieu avant la conférence était vraiment, vraiment significative», a déclaré le président turc. «J'ai, moi-même, vu des représentants de la structure étatique parallèle qui ont fui le pays aux côtés du PKK, de l'YPG et de l'ASALA», a-t-il ajouté. «C'est bien la preuve»... a-t-il encore affirmé. Après les incidents de Washington, le Club national de la presse américain, une grande organisation de journalistes, avait vivement protesté, accusant le service de sécurité présidentiel d'avoir «porté la main sur des reporters ou des manifestants». «Erdogan n'a pas à exporter» les violations des droits de l'Homme et de la presse qui se développent en Turquie, avait ajouté son président Thomas Burr.