Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a relancé dimanche au Caire le partenariat «stratégique» avec l'Egypte, en promettant le soutien de son pays en matière de sécurité et de lutte antiterroriste. Cette nouvelle visite du patron de la diplomatie américaine au Caire est la première étape d'une tournée au Moyen-Orient et en Asie. Les deux pays, aux relations tumultueuses depuis la révolte égyptienne de 2011, se sont plus ou moins rabibochés ces derniers mois grâce à la reprise en mars de l'assistance militaire américaine de 1,3 milliard de dollars par an. En matinée, John Kerry a coprésidé avec son homologue égyptien Sameh Choukri le «dialogue stratégique», dont la dernière édition remonte à 2009. Il devait aussi s'entretenir avec le président Abdel Fattah al-Sissi. Dans des déclarations retransmises à la télévision au début de la rencontre avec M. Choukri, le responsable américain a affirmé la volonté de son pays d'aider économiquement et politiquement l'Egypte. «Le peuple américain est attaché à la sécurité et au bien-être économique du peuple égyptien. L'amitié entre nos pays n'est pas basée sur une sorte d'entente parfaite mais sur une prise de conscience profonde de nos intérêts communs dans les domaines de la sécurité régionale et de l'antiterrorisme», a-t-il dit. Le Caire et Washington s'alarment de l'insurrection islamiste dans le nord de la péninsule égyptienne du Sinaï, un bastion du groupe Ansar Beït al-Maqdess qui s'est rebaptisé «Province du Sinaï» pour marquer son allégeance au «califat» autoproclamé par le groupe Etat islamique (Daech) sur des pans de l'Irak et de la Syrie. La «situation sécuritaire dangereuse» dans cette zone a entraîné fin juillet la prolongation de l'état d'urgence décrété en octobre. Les attentats visant les forces de sécurité se sont multipliés depuis que l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en 2013. Des centaines de policiers et de soldats ont été tués dans ces attaques, selon les forces de sécurité qui disent avoir éliminé plus de 1 000 terroristes au Sinaï. «Nous sommes profondément inquiets de ce qui se passe dans le Sinaï», a commenté un diplomate américain. «Les Egyptiens sont confrontés à une très grave menace d'organisations affiliées à Daech et nous devons les aider.» Dans le cadre de la levée du gel de son aide militaire, Washington a annoncé la livraison vendredi au Caire de huit avions de combat F-16, sur les 12 promis en mars. La lutte contre les terroristes sera «une partie importante des discussions » car «nous sommes préoccupés par la tournure des évènements », a dit le responsable du département d'Etat. Confrontés depuis 2011 à un dilemme face à l'Egypte — impératifs sécuritaires contre défense des droits de l'Homme — les Américains continuent aussi de dénoncer la terrible répression menée par le régime du président Sissi contre les partisans de son prédécesseur, l'islamiste Morsi emprisonné et condamné à mort. John Kerry est d'ailleurs accompagné par son adjoint chargé des droits de l'Homme au département d'Etat, Tom Malinowski. Ils exprimeront ainsi leurs «inquiétudes » sur «les questions des droits de l'homme», a assuré le diplomate américain. Au Caire, un tribunal a de nouveau reporté dimanche son verdict dans le procès de trois journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazeera, dont la condamnation en première instance à des peines de prison allant jusqu'à 10 ans avait provoqué un tollé international dont des condamnations de Washington. L'Australien Peter Greste, le Canadien Mohamed Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed sont accusés d'avoir «diffusé de fausses informations» pour soutenir le mouvement interdit des Frères musulmans de M. Morsi.