Le Français Christian Gourcuff n'ira pas au Gabon et ne participera pas à l'œuvre d'une qualification des Verts à une troisième phase finale d'une Coupe du monde, en Russie, dans un peu plus de 26 mois. Hier, il est venu voir le président de la FAF auquel il a réitéré sa demande de quitter la barre technique de l'EN. Mohamed Raouraoua qui ne comptait pas «retenir quelqu'un contre son gré» a facilité la séparation... Mohamed Bouchama-Alger (Le Soir) - Gourcuff quitte les Verts, comme il le souhaitait. Sans même avoir à subir le préjudice financier, moral et sportif de son divorce intervenu hier, vingt mois après avoir succédé au Bosnien Vahid Halilhodzic. Le président de la fédération qui l'a reçu hier dans ses bureaux à Dély-Brahim (pas à Sidi Moussa qui était le premier site algérien que le Français a visité, en avril 2014) n'a pas voulu palabrer. Il savait le Breton «décidé» à obtenir un bon de sortie même s'il fallait négocier. Y'a-t-il quelque chose à négocier, en fait? Dans le contrat signé par les deux parties en juillet 2014, aucun détail, autres que les objectifs assignés à l'ancien driver de Lorient FC, n'était divulgué. La rumeur mentionnait les émoluments (60.000 euros) que toucherait Christian Gourcuff durant sa première expérience à la tête d'une sélection mais rien n'a filtré sur les indemnités, royalties ou dédommagement en cas de rupture unilatérale dudit contrat qui s'étalait, pour la précision, jusqu'en juillet 2018. Une date qui pouvait être avancée dans les seuls cas d'échec à réaliser un objectif parmi les trois assignés au coach français. En l'occurrence la qualification aux CAN-2015 et 2017, avec obligation d'atteindre au moins les demi-finales (ce que Gourcuff n'a pas réalisé en Guinée Equatoriale) en sus d'une qualification au Mondial russe. Sans aucun doute que, le CV mieux garni désormais, le Breton a vu venir des propositions financières plus astronomiques. En France, où il est annoncé partout (le dernier club en date étant l'O Marseille), les salaires bruts accordés aux entraîneurs de la Ligue 1 varient entre 500.000 euros nets (Laurent Blanc, PSG) et 40.000 euros nets (Michel Der Zakarian, FC Nantes). Le salaire du coach des Canaris représentant le minimum syndical pour un entraîneur de Ligue 1 française. Un sacré fossé, en somme, par rapport à ce qu'a proposé la FAF qui, il est vrai, a compensé le manque à gagner de Gourcuff, qui avait quitté le FC Lorient avec un salaire de 90.000 euros bruts, par des primes conséquentes. En mars 2014, quelques semaines avant de visiter le CTN de Sidi Moussa, Gourcuff annonçait son intention de quitter le FCL à cause de ses désaccords économiques avec le président du club, le milliardaire Loïc Frey qui était cette année-là 331e fortune en France. C'est le journal Le Télégramme (tiens, tiens) qui s'en est fait l'écho de cette séparation envisagée. A cette époque, les médias français rappelaient l'échec d'une «utopie footballistique», en définitive la défaite de la philosophie du coach devant le pragmatisme économique d'un président qui a mis 14 millions d'euros de sa poche dans les caisses d'un club qui ne rapporte rien sauf quand il s'agit de vendre ses talents. La philosophie et ses «deux sous» En fait, si Gourcuff a quitté le FC Lorient après vingt-cinq ans de fidélité entrecoupée par un voyage d'affaire au Qatar (en 2002-2003, il a coaché Al-Gharafa pour un salaire mensuel estimé à 1,2 million d'euros) c'est à cause de sujets économiques : le club a vendu l'actuel milieu de terrain de la Juventus, le Franco-Gabonais, Mario Lemina, à l'O Marseille pour 11 millions d'euros contre l'avis du coach qui assurait que l'avenir du joueur de 19 ans était à Lorient. Une telle «opposition» n'avait pas lieu lorsque Gourcuff a atterri à la barre technique des Verts. La problématique était différente et concernait, entre autres, les renforts annoncés par Raouraoua que Gourcuff ne cautionnait pas forcément. Le cas de l'attaquant Sofiane Hanni (FC Malines) semble être le dernier sujet qui a fâché le technicien breton. Lui qui a d'abord barré le buteur du championnat belge avant de le repêcher suite à la défection de Soudani (blessé avec le Dynamo Zagreb). D'ailleurs, le joueur a suivi le stage d'avant Ethiopie mais n'a pas fait partie des 18 joueurs retenus pour les deux confrontations, à Blida puis à Addis-Abeba. Le cas Belfodil, qui n'est plus régulièrement retenu chez les Verts depuis qu'il a choisi le championnat des Emirats arabes unis constitue l'autre pomme de discorde entre les deux hommes. Gourcuff esquivait à chaque fois les remarques et portait un doigt accusateur aux médias à qui il reprochait d'exercer une terrible pression sur sa personne et le groupe. Celui-ci savait bien que Gourcuff ne survivrait pas à la campagne médiatique menée dans le seul objectif de savoir quel avenir attend Gourcuff. L'étreinte réservée par Feghouli et compagnie à leur coach n'était, en fait, qu'un adieu prématuré, le même qui avait été réservé à Halilhodzic à la fin des huitièmes de finale de la Coupe du monde, face à l'Allemagne, à Porto-Alegre (Brésil). Pathétique sans plus. Gourcuff avait déjà pris sa décision de quitter les Verts. Le site de la fédération publie un bref communiqué La FAF confirme la «séparation à l'amiable» et «ignore» Mansouri Dans un bref communiqué, la Fédération algérienne de football a confirmé la séparation avec le sélectionneur français Christian Gourcuff dont le contrat courrait jusqu'en juillet 2018. La FAF qui parle de résiliation de contrat à l'amiable annonce que l'intérim sera assuré par Nabil Neghiz, entraîneur adjoint. Le sort du second coach adjoint, Yazid Mansouri, imposé par Christian Gourcuff, n'a pas été mentionné. Mansouri qui était derrière les contacts entrepris par Mohamed Raouraoua avec le coach breton se serait «solidarisé» avec son ancien entraîneur au FC Lorient. A suivre... M. B. Le communiqué de la FAF «La Fédération algérienne de football a résilié à l'amiable le contrat du sélectionneur national, M. Christian Gourcuff à sa demande. L'intérim sera assuré par M. Neghiz Nabil, entraîneur national adjoint».