Les Verts, auteurs d'un nul inespéré à Dar Es-Salaam, se tournent désormais à la préparation du match retour, ce mardi soir, à Blida. Un rendez-vous qui constituera un tournant dans le parcours de la sélection de Christian Gourcuff depuis juillet 2014. Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) - En à peine seize mois de règne, le Français Christian Gourcuff a connu tous les états d'âme. Pour un entraîneur qui découvre le haut niveau, et celui des sélections en particulier, cette situation est intenable. Surtout si vos propres employeurs, autrefois soutiens de premier rang, vous lâchent. Malgré un parcours chiffré autrement plus éloquent de son prédécesseur, le Breton semble vivre ses derniers instants à la tête des Verts. Son projet de jeu n'a convaincu personne. Et le vestiaire n'a pas été d'un grand apport pour préserver l'acquis. La fracture causée par le ratage de la CAN-2015 lui a été préjudiciable. Certains diront même que si l'Algérie n'a pas obtenu le droit d'abriter la CAN-2017, finalement confiée au Gabon, c'est un peu la faute à ...Gourcuff et son équipe. La tournée de gala au Qatar n'a pas, non plus, participé à redorer le blason de la sélection encore moins celui de l'ancien coach des Merlus. Le retour au stade du 5-Juillet, en octobre dernier, obéissait à un calendrier réfléchi de ceux qui, résultats positifs devant le Lesotho et les Seychelles en éliminatoires de la CAN Gabon-2017 mis à part, provoquaient l'inévitable séparation. Et ce déplacement à Dar Es-Salaam ne pouvait être que le coup d'assommoir. Samedi, dans les conditions particulières du continent, l'EN a frôlé la catastrophe. Soixante minutes durant, les Taifa Stars ont abusé d'un ensemble algérien très limité sur le triple registre technique, physique et mental. Si M'Bolhi n'était pas là, aidé par une certaine baraka divine, la punition de Samatta et de ses frères aurait été monumentale. Slimani profitera, ensuite, d'une inexplicable baisse de régime des joueurs de Mkwasa pour rééquilibrer les débats. Gourcuff savait... Peu bavard avant le match, Christian Gourcuff s'est présenté à la conférence de presse d'après-match pour avouer qu'il savait que le match allait connaître une telle physionomie. «Comme prévu, ce fut un match très difficile notamment en première période. Nous avons souffert des conditions de jeu, entre autres l'état du terrain et le climat. Nous avons eu du mal à enchaîner notre jeu. L'adversaire nous a posé beaucoup de problèmes. Il possède de la qualité, à l'image des deux joueurs du TP Mazembe (Samata et Ulimwengu, ndlr)», a-t-il notamment souligné. Pour le Breton, le résultat de cette première est «inespéré» surtout «après tout ce qui s'est passé lors de la rencontre», a-t-il ajouté. Pendant la rencontre mais certainement avant ce premier acte à Dar Es-Salaam ? Gourcuff qui a tenu à saluer la réaction de l'équipe a évité de révéler sa pensée sur ce qui se trame autour de la sélection depuis un certain temps. Juste cette «souffrance» durant la première heure du match. «On a souffert face à la Tanzanie notamment en première mi-temps. Les joueurs ont eu du mal à enchaîner des passes. On s'en sort bien avec le nombre d'occasions des Tanzaniens. On a frôlé la correctionnelle», lâchait à petite voix Gourcuff. Un coach qui avait conscience que «si par malheur l'équipe avait encaissé un troisième but, c'était presque mission impossible». Et pour éviter le pire, il fallait changer les clés et les méthodes. Et abandonner le fameux 4-4-2 mobile si cher à l'ancien entraîneur des Merlus ne semblait plus un sacrilège. L'incorporation de Bentaleb ainsi que celle de Belkaroui, qui a permis à Medjani de revenir au milieu, sans oublier un repositionnement de Mesloub, à qui Gourcuff a confié les menées offensives, auront été salutaires. «C'est un système de contres que nous avons travaillé dans la semaine, après ce sont des choix qui sont dus à la prestation des uns et des autres», expliquait Gourcuff en fin de match. Comme pour reconnaître que ce samedi à Dar Es-Salaam, face à un adversaire qui misait énormément sur la vivacité de ses fers de lance du TP Mazembe, certaines «constantes», celles d'évoluer avec deux pointes et deux récupérateurs, n'avaient pas lieu d'être et qu'il fallait revenir à des «réalités» adaptées à la qualité et aux valeurs intrinsèques des joueurs algériens. Quitter l'Algérie sur une bonne note... Convaincu qu'il n'a plus d'avenir en Algérie, Gourcuff a fini par réaliser que ses schémas ont du mal à convenir aux caractéristiques individuelles du groupe qu'il dirige depuis seize mois. C'est comme s'il avait entendu les conseils de son compatriote, entraîneur du CRB, qui déclarait vendredi à la Radio nationale que «ce serait stupide de mourir pour ses principes. Un entraîneur doit s'adapter et adapter ses plans en toute épreuve et ne pas se borner à foncer dans le mur». Et le premier à applaudir le «repentir tactique» de Gourcuff n'est autre que le président de la FAF, Mohamed Raouraoua qui, en fin de match, avouait que « les changements opérés par le coach ont été bons et ont permis de modifier le schéma de jeu. Le coaching était excellent, il nous a remis en selle». Cet aveu partagé par l'employé et l'employeur augure d'un réchauffement des rapports Raouraoua-Gourcuff permettant d'affirmer que le Français ira jusqu'au bout de son mandat. Les affirmations des joueurs de la sélection plaident la reconduction tacite du contrat d'objectif qui lie Gourcuff à la FAF. Mesloub, Ghoulam et d'autres éléments de l'EN algérienne assuraient qu'ils n'avaient pas d'échos de «ces bruits de couloir» annonçant le départ de Gourcuff juste après la double confrontation face à la Tanzanie. Raouraoua, lui-même, rappelait à ceux qui en doutaient encore qu'une telle séparation est loin d'être envisagée. Donc, la balle est dans le camp de Gourcuff qui, sous quelques influences, pourrait décider de mettre fin à sa collaboration avec la Fédération algérienne. Un divorce qu'il souhaite négocier par une qualification au prochain tour des éliminatoires africaines pour Russie-2018. Une mission pas si facile à réaliser comme le font croire certains observateurs. Pour Gourcuff , en tout cas, l'issue de la première manche n'est pas déterminante pour la qualification. «Rien n'est encore gagné. La qualification se jouera sur deux matchs. A Blida, ce sera différent par rapport aux conditions d'aujourd'hui. On espère récupérer Brahimi et Boudebouz, deux éléments très importants dans la conservation du ballon», a-t-il fait savoir. Un propos partagé par le sélectionneur tanzanien qui, lors du même point de presse, confiera que «l'Algérie a eu beaucoup de chances» mais que «rien n'est perdu». Sa grande appréhension en prévision du match de ce mardi demeure «la fatigue» entraînée par le périple que la Tanzanie effectuera avant d'atterrir à Alger. «J'appréhende beaucoup la fatigue mais je suis confiant», disait Mkwasa.