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Amar Ezzahi, l'�l�gant habilleur du cha�bi
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 02 - 2005

"De son vivant, il r�vait de go�ter � une datte mais � sa mort il b�n�ficia d'un r�gime." Voici un adage bien de chez nous qui d�crit le peu d'�gards que nous avons envers les �tres que nous trouvons talentueux ou que nous appr�cions tout simplement. Loin de jeter de l'encens comme une d�bauche de compliments, j'ai toujours pour ma part regrett� qu'il n'y ait pas eu � ce jour d'initiatives de grande envergure pour la r�alisation de film-portrait ou de grands reportages biographiques autour de figures marquantes de la chanson, de la litt�rature ou du cin�ma.
Quand nos artistes auront droit � plus qu'un entrefilet dans les colonnes de nos journaux, on pourrait alors parler de culture. Que connaissons-nous d'El Anka, de Cheikh Hammada, d'El Fergani et autres, sinon quelques rares enregistrements et des petits rapports anecdotiques de ceux qui les auraient c�toy�s ? Le brouillard est de plus en plus dense autour des parcours de ces artistes. Beaucoup de pr�tendus disciples se m�lent au parcours du grand ma�tre El Anka, pour ne prendre que cet exemple. A combien d'�l�ves aurait-il remis le flambeau et l�gu� un peu de son talent ? Il est temps de parler des monuments vivants tels que notre Amar Ezzahi. Ramass� sur lui-m�me, la toison un peu plus blanche avec le temps, vous le trouverez assis sur son si�ge de fortune. Dans ce quartier qui lui sert d'univers quotidien, il a d� changer de place plusieurs fois non par lassitude ni d�go�t mais parce qu'il a horreur de ces gens qui viennent d�blat�rer des bribes d'une po�sie qu'ils ne comprennent pas ou r�pandre leurs gamineries au sujet du dernier match de foot alg�rois. C'est pourquoi il n'attend personne bien que beaucoup aimeraient lui parler. D'aucuns vous diront qu'il est peu loquace, qu'il a l'humeur changeante, qu'il est difficile d'acc�s. Mais ils ne savent peut-�tre pas qu'il ne s'accorde de sortir de son mutisme que si vous abordez un sujet de r�flexion philosophique ou encore la vie mythique ou mystique d'un Halladj ou d'un Ben Msayeb. Rares sont ceux qui connaissent son humour cinglant et sa pertinence. Et sa g�n�rosit� l�gendaire sur laquelle il tient � une discr�tion ? Mais ce n'est que quand il chante qu'on le d�couvre, que son public, qui ne trouve pas d'explication � sa propre "hyst�rie", souligne les traits de son talent. Il faut avouer que parmi toute cette faune de chiakhs qui s'est improvis�e et les r�putations surfaites de porteurs de mandoles et de guitares s�ches, en babouche marocaine ou en surv�tement aux couleurs du club pr�f�r�, il est ind�niablement le plus proche de la grande v�rit� du cha�bi. Une v�rit� que tr�s peu de gens palpent tant le chemin qui y m�ne est ardu et donc passionnant. Ezzahi se vautre depuis plusieurs dizaines d'ann�es dans cet oc�an de po�sie mystique, bachique, satirique enfin aux mille visages et aux mille temp�tes. Il a cette faveur de chanter Mohamed Benslima, ce Boris Vian du melhoun mort � l'�ge de 34 ans apr�s avoir v�cu intens�ment et vite, cet orf�vre de mots, cette source in�puisable d'all�gories et de m�taphores. Et quel privil�ge encore pour Ezzahi que de faire parler le ma�tre de Benslimane, Mohamed Ch�rif Benali Ouled Erzine qui a consacr� une grande partie de son diwan � regretter le d�part de son �l�ve vers un nouveau protecteur, cheikh Mohamed Ennedjar. Il a aussi la chance d'exprimer la foi in�branlable de Lakehal dit Lakhdar Benkhlouf. Gr�ce � Ezzahi entre autres, vous d�couvrirez le dialogue qu'a eu la bougie avec le po�te Essouiri qui a su essuyer ses larmes et la r�concilier avec la beaut� dans la fameuse chanson Bellah a�lik ya echema�. Car � �couter ces faux tr�molos tir�s de la m�choire dansante de certains chanteurs, on ne peut qu'�tre admiratif d'Ezzahi pour les prouesses vocales et ces ornements qu'il place spontan�ment � chaque vers. En dehors de la morgue, de la rancune et de la violence revancharde qui animent les th�mes de nos chansons, combien de fois n'a-t-on pas entendu de grands enfants de quarante ans implorer leur maman dans une r�citation d�goulinante d'inepties et de g�nuflexions dans la cupidit� de vivre un meilleur destin. Quand les autres vous livrent la chanson sur un parcours canalis� sur le m�me lit m�lodique en ressassant les m�mes refrains et vous font subir le supplice des litanies, Ezzahi vous fait voyager � travers les ruelles �troites du zidane, mezmoum et sika dans la m�me chanson. Qui, mieux que lui est capable de jouer et de chanter simultan�ment syllabe par syllabe. Les r�pertoires de nos chanteurs cha�bi n'ont pas chang�. Des chansons comme Youm el djema�, El herraz, El meknassia, Elkhezna essghira ont �t� r�p�es, radot�es, aboy�es, exploit�es, ressass�es jusqu'au bout. Alors qu'il y a des centaines de textes qui attendent d'�tre mis en musique. Brel n'avait pas tort quand il disait : et c'est encore l'Europe qui r�p�te l'avare dans un d�cor de mil neuf cent. Ferr� lui a m�me embo�t� le pas avec sa phrase assassine : "La po�sie contemporaine ne chante plus, elle rampe." Et il parlait de la po�sie ! Qui mieux qu'Ezzahi a su faire rena�tre des chansons autrefois monotones dans les gorges ennuyeuses de ses pairs. Qui dira l'immensit� de son programme ? En effet, � chaque "saison", Ezzahi sort des textes in�dits et les met en musique au gr� de son inspiration. Et voil� qu'une po�sie se retrouve avec une garde-robe en quelque sorte faite d'une dizaine de m�lodies. Le cha�bi s'appr�cie comme le jazz en cela qu'elle est une kyrielle de chants aux variations et au tempo improvis�s. Que de tendresse dans ses inflexions de voix, que de sensibilit� � travers le ton qu'il y met. Il est cet habilleur de textes lesquels se retrouvent par�s des plus beaux airs, se pavanant comme des mannequins aux mille apparats. Il est de ceux dont le chant soul�ve la peau d'orange, r�veille des �motions, fait perler les yeux de larmes de nostalgie. Quand au hasard des rencontres vous tombez sur un vieil enregistrement, vous touchez du doigt la virtuosit� de ce chanteur qui s'amuse � donner plus de prouesses musicales que son alter ego, un joueur exceptionnel de banjo jamais �gal� dont la na�vet� l'a tra�n� dans les m�andres sombres du pros�lytisme et de la bigoterie. Quelle perte quand on sait que le temps d'aujourd'hui �rode les belles choses plus vite que nagu�re. C'est � cause de tout cela qu'on pourrait comprendre son humeur, son silence, son d�tachement � �couter ces r�citants de textes injustement pi�tin�s par les voix chevrotantes et gauchement th��trales. Bien qu'il pr�tende qu'il n'est qu'un simple meddah, Ezzahi reste un ma�tre particulier, excentr�, mais original et qui fait �cole. Souhaitonslui sant� et virtuosit�, et surtout un grande attention des m�dias pour qu'il soit plac� au rang qui lui sied.

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