«Croire en sa destinée, avec foi et conviction, est le secret du bonheur. Ce n'est pas dans la richesse, mais dans la sagesse...», nous a déclaré la grande star égyptienne. Ilham Chahine est revenue cette année à la 3e édition du Festival du film arabe pour se racheter. Faut croire que ça paie puisque le film Dakhlat Fawzia de Magdi Ahmed Ali a raflé l'Ahaggar d'Or du meilleur film doublé du prix de la meilleure interprétation féminine pour son rôle de Mère Teresa (avec en plus quatre maris au compteur tout de même) dans cette Egypte des bas-fonds et des petites gens. Elle nous en parle... L'Expression: Tout d'abord, toutes nos félicitations pour ce trophée. Vos impressions après cette double distinction. Ilham Chahine: Je suis très contente de participer à ce festival pour la deuxième fois consécutive. Cela fait trois jours que je suis là, mais j'ai vécu vraiment de bons moments. Ma rencontre avec le public a été une très bonne surprise. C'est à lui que je dédie ce prix. A ce public venu en masse cette année. Il est resté et a attendu de voir trois films d'affilée, preuve de sa passion pour le cinéma. J'ai constaté un réel intérêt et attachement pour le 7e art. C'est une chose spéciale propre à cette année. J'ai ressenti un grand amour voué par le public au cinéma, un peu plus que les années précédences. Il y a eu effectivement une grande interaction entre nous et les gens de la ville. Ce n'est pas seulement un festival culturel, mais une manifestation marquée par de grands élans de générosité et de sentiments affectueux très forts. Un mot sur le film Khaltat Fawzia dont vous êtes la vedette? Fawzia n'est pas propre à l'Egypte. Vous pouvez la trouver partout. Dans tous les pays arabes et les régions pauvres. Fawzia est une invitation à l'amour et à la réconciliation. Nous avons vu Fawzia pardonner à beaucoup de gens dans des situations un peu difficiles, notamment à son amie qui voulait lui prendre son mari. Fawzia possède de grandes valeurs humaines et de beaux sentiments. Des choses qui se perdent de nos jours. Les gens ne pardonnent plus et punissent les autres pour la moindre petite faute commise. On n'accepte plus les fautes des autres, alors qu'on devrait être conciliant eu égard à leur situation qui les a sans doute poussés à certains comportements. Ce film est une invitation à l'amour et à la paix, à l'entraide, à plus de soutien et de considération envers son prochain. Si Fawzia représente un pays, elle se veut donc un appel à l'unification entre les pays et les gens. Il faut être toujours auprès de l'autre dans les moments de joie comme dans les moments de malheur et de peine. Ne jamais lui fermer la porte. D'un point de vue social, Fawzia est un être singulier qui aime faire le bien autour d'elle. Et sur un tout autre plan, elle symbolise l' Egypte qui pardonne à ses fils, même s'ils ont commis un parjure ou se sont trompés sur son compte. Pas toute l'Egypte... Effectivement, elle correspond à une partie de l'Egypte, pas toute l'Egypte. Dans n'importe quel pays au monde, il y a le bien et il y a le mal. Parfois, il y a ceci et parfois cela. A chacun son point de vue. D'aucuns pensent que cette pauvreté engendre le meurtre, la violence et le mépris. Nous, on est parti du constat que cette pauvreté fait naître chez Fawzia l'amour de l'autre, des pauvres comme elle, et leur pardonne en leur donnant toujours des circonstances atténuantes. Moi, j'aime le point de vue optimiste. Il y a des gens riches qui ont à leur service beaucoup de gens mais ne sont pas satisfaits de leur vie. Ils ne se contentent pas de ce qu'ils ont. Fawzia, malgré sa simplicité, est une femme bonne qui apprécie la vie et possède des principes. Elle aime la vie et prend même la mort du bon côté. Car la vie est ainsi faite. Dieu le veut ainsi et donc il faut accepter son sort sans trop rechigner et ne pas chercher à le remettre constamment en question. Croire en sa destinée, avec foi et conviction est le secret du bonheur. Le bonheur n'est pas dans la richesse, mais dans la sagesse. Que pensez-vous du film de Khaled Youssef Dukan Shahata qui est lié aujourd'hui au nom de la Libanaise Haïfa Wahby? L'Egypte est ouverte à tous nos frères et soeurs du monde arabe. Hind Sabry qui est tunisienne nous la considérons comme faisant partie de nous-mêmes. On ne fait pas de distinction. Warda El Djazaïria, je la considère beaucoup plus Egyptienne qu'Algérienne. L'Egypte abrite et accueille tous les artistes du monde arabe et ce depuis toujours. Sabah et Ismahan, on les a toujours considérées comme des Egyptiennes. Dukan Shahata est un film égyptien, quelle que soit la nationalité du comédien. Ce n'est pas bien de dire que le film de Haïfa Wahby c'est d'abord le film de Khaled Youssef, c'est- à-dire fait par un réalisateur arabe profondément égyptien et soucieux du devenir et du sort de son pays et des pays arabes. Le film, je ne l'avais jamais vu auparavant. Je l'ai découvert avec vous en salle et il m'a beaucoup plu et je l'ai beaucoup applaudi. Quel commentaire pourriez-vous faire sur les critiques faites justement suite à la projection de ce film? Dukan Shahata me semble-t-il est le film qui a reçu le plus de succès eu égard à l'enthousiasme et l'intérêt qu'il a suscités auprès du public. Le film a bénéficié d'un énorme succès. Si le public l'avait rejeté, il ne l'aurait pas applaudi autant. Les réactions vives du public prouvent qu'il a su marquer les esprits et c'est tant mieux. J'en suis fière.