Le service de pédiatrie du CHU de Sétif a organisé, en collaboration avec la Société algérienne de pédiatrie, la Faculté de médecine de l'université Ferhat-Abbas, la Direction de la santé et de la population de la wilaya de Sétif et l'Association sétifienne des malades asthmatiques, les 9es Journées sétifiennes de pédiatrie. Cette manifestation scientifique s'est déroulée, mercredi et jeudi derniers, au niveau de l'amphithéâtre Mouloud-Kacem-Naït-Belkacem de l'université de Sétif, et a regroupé des dizaines de participants impliqués dans la santé de l'enfant. L'objectif de ces Journées était de rassembler les médecins hospitalo-universitaires, médecins libéraux, praticiens de la santé, pédopsychiatres et personnel paramédical et aussi de les former sur les maladies et infections touchant les enfants. Cette rencontre scientifique a été aussi l'occasion pour les participants de rendre hommage aux médecins internes, Nabil Chérifi et Hafidha Sellami, décédés il y a plus d'un mois dans un accident de la circulation lors d'une mission d'accompagnement de malades vers une structure hospitalière à Alger. Le thème des 9es Journées sétifiennes de pédiatrie a été consacré à l'éducation thérapeutique du patient et à la néonatologie. «Si nous avons choisi de traiter de l'éducation thérapeutique du patient cette année, c'est qu'il nous apparaît que dans le monde de la pédiatrie d'aujourd'hui, il est plus que jamais nécessaire de faire émerger et d'inclure cette notion dans notre pratique courante. En effet, selon les recommandations de l'OMS, l'éducation thérapeutique doit faire partie intégrante et de façon permanente de la prise en charge du patient. Nous devons donc donner au malade les compétences nécessaires pour gérer sa maladie, en quelque sorte transférer le savoir du praticien vers le malade», dira le professeur Belkacem Bioud, président du comité d'organisation de ces Journées. Notons que durant ces Journées, présidées par le Pr Belkacem Bioud, un riche programme a été concocté avec une quinzaine de communications orales et 64 posters. Parmi les communications, on citera celle du Pr Latifa Abdennebi-Najar, enseignant-chercheur, directrice de l'unité Egeal (Expression des gènes et régulation épigénétique par l'aliment) de l'Institut polytechnique La Salle-Beauvais (France) qui a présenté une communication très intéressante et largement suivie par l'assistance sur «les enjeux des 1 000 premiers jours de la vie pour une bonne santé des futures générations». Une période très importante pour une meilleure santé tout au long de la vie. «Les 1 000 premiers jours, de la conception de l'enfant à ses 2 ans, ont une influence importante sur la santé future et contribuent avec d'autres éléments à la résistance à développer des maladies chroniques. L'alimentation des futurs parents et de l'enfant et l'hygiène de vie jouent un rôle majeur durant cette période. Le concept des "1 000 jours" a été mis sur le devant de la scène par l'OMS, il y a quelques années, afin de ralentir l'augmentation des maladies chroniques non transmissibles (+17% attendus dans les 10 ans à venir). Ces maladies chroniques sont principalement les maladies cardiovasculaires, l'obésité et le diabète et elles constituent des enjeux majeurs de santé publique. Selon l'OMS, l'alimentation, le mode de vie et l'environnement des premières années de l'enfant constituent des facteurs de risque ou de résistance à développer plus tard ces maladies. Il est maintenant reconnu que la période des 1 000 jours, de la conception de l'enfant à ses 2 ans, est une période d'importance critique et de grande vulnérabilité. Des études scientifiques récentes montrent de plus en plus précisément que certaines maladies chroniques non transmissibles peuvent aussi émerger pendant cette période. Le stress nutritionnel (carences, famines, surnutrition), les toxiques environnementaux (perturbateurs endocriniens), le mode de vie (activité physique, sommeil), le stress psychosocial, les états inflammatoires et infectieux et les troubles métaboliques ont dès cette période, tout autant que par la suite, des effets à long terme sur la santé de l'enfant et de l'adulte en devenir, et parfois même sur les générations suivantes. Le développement de l'enfant lors des 1 000 premiers jours représente une période à considérer pour le risque métabolique à long terme», a affirmé le Pr Latifa Abdennebi-Najar. Les participants ont été unanimes à relever que la période des 1 000 premiers jours est importante pour la santé future de l'enfant et se révèle donc stratégique en termes de prévention nutritionnelle. C'est pour cela que les familles doivent être informées et sensibilisées aux bienfaits d'une alimentation équilibrée et d'une activité physique régulière, dès la conception et la petite enfance. Les pédiatres doivent ainsi être en mesure de les renseigner sur les gestes à adopter au quotidien et sur les bonnes habitudes à prendre. En effet, même s'il n'est jamais trop tard pour prévenir, il vaut mieux agir tôt que tard. Ces journées sétifiennes de pédiatrie ont été aussi l'occasion aux participants de suivre les interventions d'éminents spécialistes étrangers, notamment celle du Pr Kone-Paut Isabelle, pédiatre-rhumatologue à l'hôpital Kremlin-Bicêtre (France) sur la prise en charge de l'arthrite juvénile idiopathique, ou encore celle du Pr Gabriel Bellon du service de pneumologie et d'allergologie pédiatrique à l'hôpital Debrousse-hospices civils de Lyon (France) sur l'éducation thérapeutique dans la mucoviscidose. Pour le second thème des Journées sétifiennes de pédiatrie, à savoir la néonatologie, plusieurs interventions ont été présentées par des spécialistes nationaux et ont porté sur la prématurité, ses facteurs risques et prévention, la mortalité néonatale, risque infectieux en néonatologie et enfin les dermatoses bénignes néonatales.