Dans la tradition universitaire, l'hommage aux professeurs émérites se rend le plus souvent sous forme de mélanges qui constituent un ouvrage rassemblant des contributions offertes en l'honneur d'un maître. S'agissant des sciences juridiques et en se limitant aux universitaires algériens, l'on a enregistré ces dernières années la réalisation de quelques mélanges : les mélanges Mahiou, les mélanges de feu Issad, les mélanges Bencheikh, les mélanges Ben hamou... Mais cette tradition reste peu développée et encore mal connue chez nous. De plus, sa concrétisation n'est pas toujours aisée. Elle se heurte à de multiples raisons parmi lesquelles on peut signaler le choix, souvent difficile, à faire entre les futurs élus parce qu'il faut impérativement éviter de procéder à une sorte de bradage qui dénaturerait cette noble tradition, ainsi que le refus de l'éventuel dédicataire. Aussi, a-t-on recours également, dans la communauté universitaire, à un autre procédé qui allie manifestation scientifique et confection de mélanges. C'est ce procédé qui a été retenu pour rendre hommage à un juriste algérien éminent, le professeur Ali Bencheneb. Le procédé a consisté en l'organisation de journées d'études méditerranéennes qui se sont tenues les 8 et 9 avril 2016 à la Faculté de droit de l'université d'Istanbul Kermerburgaz, sous la direction scientifique des professeurs Filali Osman et Cémil Yildirim. Dans les sciences et l'art juridiques, le dédicataire est connu pour avoir de multiples cordes à son arc. Brillant avocat d'affaires et professeur agrégé de droit, Ali Bencheneb, qui était à l'origine catalogué de privatiste, a administré la preuve qu'il faut pour exceller dans son domaine, dépasser et transcender la fameuse summa divisio, droit public droit privé. En témoigne l'un de ses derniers ouvrages qui devrait faire autorité dans nos facultés : Introduction générale à la règle de droit en Algérie, (publié en 2012 à la fois en France aux éditions EUD et en Algérie par AJED édition.) Mais pour ces journées d'études, les organisateurs ont choisi de mettre la focale sur une dimension de l'œuvre du professeur Bencheneb, celle en rapport avec l'institution et le monde de l'arbitrage international qu'il maîtrise si bien. C'est pourquoi cette manifestation scientifique a été intitulée : «Où va l'arbitrage international ? De la crise au renouveau». Les auteurs de l'argumentaire explicitant les tenants et les aboutissants de la manifestation furent amenés à s'interroger : «Comment passer d'une crise à un renouveau, de l'affrontement à la pacification, selon le vœu de Philippe Fouchard et de tous ceux qui sont attachés à l'arbitrage et à l'idée de son éminente utilité, parmi lesquels le professeur Ali Bencheneb auquel cette réflexion est dédiée ?» Pour répondre à cette vaste problématique, d'éminents spécialistes ont été conviés et ont accepté d'apporter leur science en hommage au dédicataire. Parmi ces invités, deux Algériens ont versé leur contribution au débat. Le premier est le professeur Mostefa Trari Tanide, de la Faculté de droit d'Oran, qui a traité de l'arbitrage commercial international et de la convention de New York de 1958 sur la reconnaissance et l'exécution des sentences arbitrales. Le second est le doyen Ahmed Mahiou qui, avant de présider les travaux durant la matinée du 9 avril, est intervenu la veille sur le thème «arbitrage international et droit du développement.» Durant ces deux journées, pas moins de 28 communications ont été présentées. Elles seront regroupées sous forme d'ouvrage devant enrichir la collection : «Publications de droit du commerce international et droit méditerranéen de l'université Bourgogne-France-Comté et de la Faculté de droit d'Istanbul Kemerburgaz». Nul doute que pour tous ses collègues, ses fidèles amis et ses nombreux élèves, cet ouvrage passera à la postérité et fera date sous la dénomination : «Mélanges Ali Bencheneb» et ce, nonobstant le titre officiel que lui donneront les directeurs scientifiques de la manifestation. Mohamed Louber et Chérif Bennadji