L'inquiétant silence du gouvernement face à l'affaire des «Panama Papers» évoquant Abdessalem Bouchouareb n'a pas interpellé Fawzi Rebaïne. Du moins, pas autant que les répercussions de la photo désavantageant Bouteflika, postée par Manuel Valls sur son compte Twitter. Naouel Boukir - Alger (Le Soir) - Le président de Ahd 54, Fawzi Rebaïne, a animé une conférence de presse hier au siège de son parti pour souligner «la gravité de la situation dans laquelle se trouve la République algérienne aujourd'hui». Parlant d'une «dignité bafouée» ou d'une «humiliation à grande échelle», le conférencier a regretté «qu'un des plus grands symboles d'un Etat soit réduit à la risée sur les réseaux sociaux». «Tout comme les internautes algériens, F. Rebïne se dit être partagé entre pitié et contrariété vis-à-vis de la photo postée par le Premier ministre français. Pourtant, il n'est pas sans savoir que celle-ci a mis à nu «les manœuvres de traitement des images et vidéos où figure Abdelaziz Bouteflika afin de reproduire un président pimpant et en très bonne santé». Il n'empêche qu'il est «dommage que cette triste réalité soit dévoilée et exploitée par des médias français». Quelle humiliation ? «Celle d'associer l'Algérie à un gouvernement de menteurs et de magouilleurs et de laisser les autres tourner en dérision l'un des symboles de l'Etat», a clairement signifié l'interlocuteur. «Tristement, ceci demeure justifiable quand le président en question se soigne au pays de M. Valls, ensuite que son gouvernement dit faire la promotion du climat d'investissement en Algérie alors que plusieurs de ses membres investissent ailleurs ; comment voulez-vous ne pas attirer davantage le mépris de tous ?» N'hésitant pas à être crash dans ses propos, il a ajouté qu'en développant «un système Khelil, d'escroc-victime», l'Etat, dans sa configuration actuelle, a perdu «toute crédibilité, à l'international notamment». Pour ce qui est de la relation Peuple-Etat, «il n'y a pas lieu de se mentir, la confiance a cédé la place à la méfiance, depuis longtemps». Par ailleurs, que le selfie de M. Valls en compagnie de A. Bouteflika ait été «innocent» ou prémédité, le constat est le même pour F. Rebaïne, là n'est pas la question. Dans tous les cas de figure, le discours politique est aujourd'hui «foncièrement pollué et corrompu, à l'image de ses interlocuteurs». Toutefois, la véritable problématique réside dans le fait que le président de la République «n'est plus en mesure d'occuper un tel poste de responsabilité, considérant son état de santé, entre autres». Or, le plus dramatique, a-t-il rappelé, est qu'il concentre «beaucoup trop de prérogatives ainsi que le monopole sur les trois pouvoirs de l'Etat : législatif, exécutif et judiciaire». Parallèlement à cette polémique sur «la photo choc de la semaine», le conférencier a pointé du doigt des relations algéro-françaises restées à leur stade de malaise, encore plus tendu aujourd'hui. Pour lui, il est plus qu'évident que les deux pays ne seront «jamais partenaires, que ce soit sur des questions économiques, politiques ou autres». Ceci, tant que «l'étiquette de colonie algérienne nous est collée au dos et que les dossiers, délibérément laissés en suspens ne sont pas ouverts et définitivement réglés».