Les conclusions finales de l'enquête menée autour du crash d'avion d'Air Algérie, qui avait fait 116 morts, en juillet 2014, au Mali, ont été rendues publiques, hier, à Bamako. Les spécialistes ont confirmé la défaillance technique de l'appareil et préconisé onze recommandations dont le contenu n'a pas été rendu public. Les familles continuent, elles, de décrier l'utilisation d'un «vieil appareil» conduit par des «pilotes épuisés». En fait, et selon le rapport publié hier dans la capitale malienne, le crash est le résultat de «la non-activation du système antigivre». Les enquêteurs français chargés de l'enquête ont établi que «les capteurs de pression des moteurs avaient été obstrués vraisemblablement par des cristaux de glace et les systèmes d'antigivrage n'ont pas été activés par l'équipage». Le ministre malien des Transports chargé de la présentation du rapport en question a ajouté que «l'obstruction des capteurs a perturbé le fonctionnement des moteurs limitant la poussée à un niveau insuffisant pour que l'avion poursuive son vol à un niveau de croisière». Il faut savoir aussi que le responsable malien a tenu à faire état de «difficultés rencontrées dans l'enquête» en raison de «données inexploitables d'un des enregistreurs de vol qui ont limité l'analyse du comportement de l'équipage en vol». Ces conclusions confirment donc l'erreur humaine déjà mise en avant par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) français. Ce bureau avait déjà révélé auparavant qu'il n'y avait pas eu «manœuvre de récupération du décrochage réalisée par l'équipage. L'avocat des familles des victimes avait, de son côté, qualifié d'«accablants» les dysfonctionnements révélés par l'enquête judiciaire sur l'accident. Le BEA, autorité responsable des enquêtes de sécurité dans l'aviation civile française, a apporté son assistance technique à la commission d'enquête sur les accidents et incidents d'aviation civile malienne, à la demande du Mali. Ces conclusions confirment le rapport préliminaire. «L'enquête de sécurité s'achève par la publication du rapport final et l'émission de onze nouvelles recommandations de sécurité après l'analyse approfondie de l'enchaînement des séquences». Après Bamako, le même rapport devait être publié hier après-midi au Bourget, près de Paris, lors d'un point de presse. «Il y a eu une succession d'erreurs, de maladresses et d'incompétences qui, à la fin, coûtent cher», avait estimé, de son côté, la présidente de l'association des victimes françaises. La boîte noire de l'aéronef, qui n'était «plus en fonctionnalité depuis au moins un mois», n'a pu être exploitée par les enquêteurs, avait précisé Mme Tricot, ajoutant que les pilotes, «trop fatigués», avaient «enchaîné les missions en Espagne sans repos depuis un certain temps». L'avion avait, par ailleurs, un plan de vol initial qui indiquait qu'il partait d'abord pour la Mauritanie, avait-elle relevé, citant le rapport du BEA. Les familles ont pris le «ferme engagement» de chercher la «vérité» sur ce qu'il s'est passé «dans ce vieil avion qui volait depuis vingt ans qu'on a envoyé tuer nos enfants, nos parents», avait affirmé Me Ouédraogo, le président des proches des victimes burkinabè, qui a perdu sa fille cadette dans l'accident.