«Conformément aux règles et lois régissant le fonctionnement de l'OAIC, l'enquête sur le crash de l'avion affrété par Air Algérie sera menée par la partie malienne, en étroite collaboration avec les autorités des pays concernés, dont l'Algérie, la France et le Burkina Faso». Le ministre des Transports Amar Ghoul a longuement insisté sur ce point, évacuant ainsi toute «fausse interprétation de cette démarche». Abder Bettache - Alger (Le Soir) C'est en présence des ministres des Affaires étrangères et de la Communication, que le premier responsable du département des transports s'est exprimé pour la dernière fois sur le drame avant de prendre l'avion vers le Mali avec d'autres responsables pour s'imprégner de la situation sur le terrain. Cette sortie médiatique d'Amar Ghoul est la seconde, depuis la disparition du McDonnell Douglas 83, affrété par Air Algérie auprès de la compagnie espagnole Swiftair, et de l'annonce de son crash. La première prise de contact d'Amar Ghoul avec la presse a eu lieu plus de dix heures après la disparition du Boeing. Cette seconde sortie médiatique du président de la cellule de crise a été notamment marquée par l'annonce officielle de la mort de toutes les personnes se trouvant à l'intérieur de l'avion. «Il n'y a aucun survivant du crash», a indiqué avec consternation Amar Ghoul, avant de rappeler pour la énième fois que conformément aux «us notamment aux Etats-Unis, sont concernés par l'enquête le pays où s'est déroulé le drame (le Mali), le transporteur (Air Algérie) et le constructeur de l'appareil». Et pourtant, la veille tout le monde nourrissait l'espoir de voir «les événements prendre une autre approche». «Il n'y a aucun survivant du crash de l'avion de la compagnie espagnole Swift Air affrété par Air Algérie et qui assurait la liaison Ouagadougou-Alger, dont les débris ont été localisés dans la nuit de jeudi à vendredi au nord du Mali. Les recherches de l'appareil et ses occupants, entamées par l'Algérie dès l'annonce de sa disparition dans l'espace aérien malien, ont permis de localiser l'épave à Gossi, à environ 100 km au sud-ouest de Gao, la plus grande ville du nord du Mali et Kidal», a expliqué Amar Ghoul. AH 5017 en provenance de Ouaga retardé Ayant déjà assuré cinq vols entre Alger et Ouagadougou, le McDonnell Douglas 83, affrété par Air Algérie auprès de la compagnie espagnole Swiftair et devant atterrir sur le tarmac de l'aéroport international d'Alger à 05h40 mn est porté disparu. Il n'était plus en contact avec les responsables de la navigation aérienne cinquante minutes après son décollage. Avant sa disparition de l'écran, l'équipage espagnol avait demandé de changer de direction en raison de conditions météorologiques particulièrement difficiles. C'était le dernier contact avec les services de la navigation aérienne algérienne avant que l'appareil ne disparaisse totalement de l'écran. L'angoisse et la panique s'installent. Au niveau d'Air Algérie, c'est le mutisme total. Point d‘information. Sur le tableau d'affichage à l'intérieur de l'enceinte aéroportuaire, une seule indication est visible : le AH 5017 en provenance de Ouagadougou est en retard. A 10h30, le doute s'installe. L'hypothèse d'un crash est vite avancée, mais sans preuve palpable. L'information a déjà fait le tour de toutes les rédactions. Les premières infos sont diffusées par les chaînes de télévision. Une évidence : l'avion a disparu et à son bord 116 passagers, dont six Algériens. La panique s'installe. Les familles de deux passagers sont déjà sur les lieux. Les mères et frères sont en pleurs. Scène de désolation. «Oh mon Dieu soyez avec nous, et que mon fils Hakim soit parmi nous», prie la mère d'un passager résidant à Ouagadougou, qui n'a pas tardé à éclater en sanglots. L'avion a disparu à Gao C'est le Premier ministre Abdelmalek Sellal qui annonce la nouvelle. Il dira que «l'avion a disparu à Gao, à 500 km de la frontière algérienne», faisant état de «victimes», mais sans avancer le moindre chiffre. L'opération de recherche est aussitôt lancée. Il est 14h30mn. C'est au niveau du terminal T3, réservé pour les opérations de hadj, où est installée la cellule de crise. Un lieu déjà pris d'assaut par la presse venue nombreuse en la circonstance. La disparition de l'avion est désormais confirmée. Mais le mystère de cette disparition est resté entier. S'agit-il d'un détournement ? D'un crash ou d'une attaque terroriste ? Des questions qui sont restées sans réponse, d'où la confusion totale. Pendant ce temps, les télés et autres médias français assurent une large couverture de l'événement. D'ailleurs, on annonce que parmi les 116 passagers, une cinquantaine de français y figurent. Il y avait aussi des Libanais, une vingtaine, soit au total une quinzaine de nationalités. A 15h passées de quelques minutes, les médias français avancent l'hypothèse d'un crash. A Alger, on ne fait aucun commentaire. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, annonce que l'avion s'est «probablement écrasé » dans la région de Gao. Ce même responsable dira aussi qu'on ne «doit exclure aucune hypothèse». «La seule chose que nous sachions de manière certaine, c'est l'alerte météo». Or, du côté algérien, «on n'exclut aucune hypothèse. Il y a des pistes plus sérieuses que d'autres, mais seule l'enquête déterminera les causes exactes du crash.» Et le ministre de la Communication de renchérir «toute spéculation ne fera que brouiller l'enquête. N'avançons pas d'informations non vérifiées jusqu'aux résultats de l'enquête». Crash ! Aucun survivant ! Mystère ! Intervenant juste après le ministre des Transports, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a indiqué pour sa part que «nous pouvons confirmer que l'avion s'est écrasé en territoire malien juste après avoir franchi la frontière entre le Burkina Faso et le Mali. En effet, aucun survivant du crash de l'avion n'a été signalé dont les débris ont été localisés dans la nuit de jeudi à vendredi au nord du Mali. Les recherches de l'appareil et ses occupants, entamées par l'Algérie dès l'annonce de sa disparition dans l'espace aérien malien, ont permis de localiser l'épave à Gossi, à environ 100 km au sud-ouest de Gao, la plus grande ville du nord du Mali et Kidal. Ainsi, outre les six Algériens, le reste des passagers sont des Français (50), Burkinabés (24), Libanais (8), Espagnols (6), Canadiens (5), Allemands (4), Luxembourgeois (2), Malien (1), Belge (1), Nigérien (1), Camerounais (1), Egyptien (1), Ukrainien (1), Roumain (1), Suisse (1) et 3 nationalités en cours de recherche. Cela dit, les circonstances du drame seront élucidées une fois que les deux boîtes noires seront récupérées. Il n'en demeure pas moins que le mystère de cette tragédie reste entier. A. B.
Ils étaient en mission à ouagadougou Un pilote et un chef de cabine d'Air Algérie parmi les victimes Le sort a voulu que deux pilotes de la compagnie Air Algérie trouvent la mort dans le crash du vol AH 5017 sans qu'ils ne soient aux commandes de l'appareil. Il s'agit de Lotfi Debaili, commandant de bord et de Omar Merbah chef de cabine. Les deux hommes étaient en mission à Ouagadougou et devaient prospecter des hôtels devant servir de points de chutes aux équipages assurant la liaison Alger- Ouagadougou. L'annonce de leur décès a suscité beaucoup d'émotion auprès de leurs collègues. Une émotion relayée par les réseaux sociaux où les photos des deux victimes du crash avaient été publiées. Les quatre autres Algériens morts dans le crash avaient des relations de travail au Burkina Faso. N. I. Les précédentes catastrophes aériennes en Algérie Avec le crash de l'avion affrété par Air Algérie au Mali, la compagnie nationale enregistre une des plus importantes tragédies aériennes après le crash d'un Boeing en 2003 à Tamanrasset. Avec un nombre de victimes s'élevant à 116, le crash au Mali est sans doute la plus grande catastrophe qu'ait connue la compagnie qui tout au long de son existence, aura vécu deux accidents de ce type. Le 6 mars 2003, un Boeing 737-200 de la compagnie Air Algérie assurant la liaison entre Tamanrasset et Alger s'était écrasé faisant 102 morts. L'appareil avait tenté de décoller de l'aéroport de Tamanrasset. Il s'était éloigné de la piste durant le décollage et avait fini par s'écraser causant la mort de 96 et des six membres d'équipage. Le 13 août 2006, un avion-cargo de type Lockheed L-382 appartenant à Air Algérie et assurant le vol AH 2208 Alger-Francfort s'était crashé sur le territoire italien, à proximité de Piacenza au sud de Milan. L'accident avait coûté la vie aux trois membres de l'équipage. En termes de crashs, les avions militaires détiennent la palme. En février dernier, un hercule C-130 de la compagnie assurant la liaison entre la Tamanrasset et Constantine s'était écrasé peu avant son atterrissage, faisant 76 morts. Un seul passager a survécu. En décembre 2012, deux avions militaires, se livrant à des entraînements, se sont percutés en plein vol à Tlemcen causant la mort des pilotes. En novembre 2012, un bimoteur militaire de type CASA C-295, qui transportait une cargaison de papier fiduciaire pour la fabrication de billets pour la Banque d'Algérie s'était écrasé en Lozère. Les cinq militaires à bord et le représentant de la banque d'Algérie ont péri dans le crash. Le 30 juin 2003, un appareil de transport militaire, de type Hercule C130, s'était écrasé sur un quartier de Beni Mered. 17 personnes, dont 4 membres de l'équipage, avaient été tuées.