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Info ou intox de l'Occident et des monarchies(*) en Syrie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 30 - 04 - 2016

A notre époque, dit-on, les guerres se livrent aussi sur le champ de l'information. On prend soin de cacher que celle-ci aide à la victoire quand elle dit la vérité, la vérité de la justesse d'une guerre. En toute logique, si l'un des protagonistes est dans son droit, l'ennemi d'en face mène une guerre injuste. Le sachant, ce dernier cache ses crimes tout en inventant les mensonges les plus grossiers pour gêner l'ennemi.
La guerre en Irak et en Syrie nous fournit des exemples édifiants(**). Des officines, plus ou moins secrètes ont ouvert sans vergogne les vannes de la manipulation sans effet dans le cas de l'Irak.
Les Etats-Unis ont perdu la guerre sur les plans moral et politique. Ils ont sur leur conscience le massacre d'un peuple et la dévastation d'un pays. Sur le plan politique, en «libérant» l'Irak d'un dictateur, ils ont jeté ce pays dans «les bras» de leur pire ennemi de la région, l'Iran.
Dans leur guerre contre l'Irak, on se souvient de l'histoire de cette «courageuse» infirmière qui avait photographié, dans un hôpital à Koweït City, des couveuses de bébés ouvertes à tout vent pour asphyxier ces innocentes créatures. On découvrit par la suite que ladite «infirmière» n'était autre que la fille d'un prince du pays manipulée par des services de propagande spécialisés.
Dans la Syrie en guerre, on a eu droit à «une femme» qui tenait un blog sur internet au milieu des ruines d'Alep ou de Homs pour dénoncer le terrible sort réservé aux homosexuels. Les ruines d'Alep se sont avérées par la suite n'être qu'un confortable appartement dans une ville de la riche Amérique où était installé un blogueur, armoire à glace mais petit soldat de cette armée qui répand ses bulles puantes de l'intox. Les références aux couveuses de bébés et aux homosexuels ne sont pas fortuites. On cible le grand public sensible à ce genre d'actes insensés. En direction des «élites», on fait défiler sur les plateaux des médias des «spécialistes». Les «analyses» doivent caresser les esprits déjà formatés par des préjugés et alimentés par les ragots inépuisables des cafés de commerce. Ces discours serinés à satiété par les médias dessinent en direction de l'opinion deux mondes, la civilisation contre la barbarie. Dans cette logique évidemment, Nixon hier, Bush aujourd'hui ne sont pas évidemment des aventuriers politiques délurés mais des élus dignes de cette Amérique, berceau de la démocratie. En face, Hô Chi Minh et Giap, «pères» de ce Vietnam, ô horreur communiste, sont par définition des monstres.
Dans la Syrie, depuis 2011, la «civilisation» est du côté des «rebelles» luttant pour la démocratie contre la dictature. Remarquons l'utilisation de la notion de dictateur opposée au substantif noble de rebelle. Clin d'œil aux admirateurs des barbudos cubains de Castro et de Guevara. Guevara doit se retourner dans sa tombe de voir son image accolée à des sectes intégristes soutenues, qui plus est, par des dictatures monarchistes et moyenâgeuses. Silence donc sur ces «nobles» rebelles qui, drogués au wahhabisme, s'adonnent à des massacres des minorités ethniques et religieuses qui ont le malheur de déplaire aux «porte-parole» autoproclamés de la parole divine.
Quant à la désinformation sur la stratégie militaire, elle est pathétique. Depuis 2012, on annonçait chaque semaine que le régime syrien allait tomber. Bien que la dictature du régime syrien ne soit pas une invention, on a oublié que ce régime a le soutien, quand bien même par défaut, de toutes les minorités menacées par ces dinosaures des temps modernes. Même la bourgeoisie sunnite qui a fait son beurre avec Hafaz El-Assad, le fameux Bismarck du Moyen-Orient, père de l'actuel Bachar, a préféré la protection du régime d'Assad.
L'Occident considère comme quantité négligeable ces minorités ethniques et cette base sociale comme il fait preuve d'un aveuglement en ignorant les puissances alliées du régime syrien (Iran et Russie, et le Hizbollah libanais).
Un régime avec de tels atouts internes et externes, n'importe quel observateur, un tantinet sérieux, ne pouvait annoncer sans se ridiculiser que ledit régime allait tomber dans quelques mois.
Après s'être ridiculisés dans leurs prévisions sur la chute du régime et avoir inventé la notion affligeante d'islamistes «modérés», l'Occident a poussé sa bouffonnerie jusqu'à exiger des Syriens et des Russes, qu'ils combattent Daech plutôt que leurs chers protégés «rebelles». Mais le ridicule n'ayant pas de limites, il n'est pas venu à leur esprit que le régime syrien n'a pas à leur obéir. Ces donneurs de leçons ne pouvaient pas imaginer que la guerre est une affaire d'intelligence (de l'esprit) qui a besoin de saisir l'intelligence de la situation. Et la situation sur le terrain exige que le régime syrien combatte des ennemis aux portes de ses grandes villes. Une fois ce danger écarté, le régime s'occupera du désert où campe un autre ennemi. Ce qui fut fait à Palmyre.
A propos de Palmyre les petits soldats de l'intoxication avait accusé l'armée syrienne d'avoir fui sans combattre (des lâches en quelque sorte). On sait aujourd'hui que cette armée s'est battue (les charniers découverts le prouvent), pour permettre au gros de la troupe de se replier en bon ordre. Ces piteux propagandistes peuvent débiter leurs mensonges car ils sont tout bêtement des ignorants des lois de l'art de la guerre. Toute armée qui ne peut défendre une portion du territoire préfère l'abandonner que de se voir détruire. Le but de la guerre c'est d'emporter la décision, c'est-à-dire écraser l'ennemi (Clausewitz). Les Russes, trois fois dans leur Histoire, ont abandonné des territoires (y compris leur capitale), récupérés une fois l'ennemi écrasé (Napoléon et Hitler). Les Britanniques, en 1940, ont dare-dare embarqué à Dunkerque sauvant ainsi leurs armées du déluge de feu des Allemands, etc.
Ce déficit dans l'art de la guerre, on le retrouve dans le domaine de la diplomatie. L'Occident soutient la stupide position de l'opposition dans les négociations de Genève qui exige le départ d'Assad. Ces messieurs veulent obtenir par des palabres ce qu'ils n'ont pas obtenu par le feu et le fer qui sont les armes décisives dans la guerre depuis la nuit des temps. Ces «diplomates» de l'opposition et leurs conseillers saoudiens ne doivent pas connaître la fameuse phrase de Staline qui ironisait sur la puissance du Vatican en disant : «Le Vatican, ah! le pape, combien de divisions a-t-il ?» Mille et une histoires peuvent être racontées sur la propension de l'Occident et leurs vassaux féodaux du Golfe à raconter des balivernes dans leur guerre de propagande. En plus de leurs inepties, ils ne résistent jamais à sa tentation d'étaler leur mépris de l'adversaire. Décidément, tant sur les fronts militaire et diplomatique que celui de la désinformation, l'Occident est vraiment un mauvais élève (général Giap). Oui, mauvais élève car il n'a tiré aucune leçon de la désormais fameuse manipulation des armes de destruction massive en Irak. Ce lamentable mensonge a réduit à néant la communication de certains Etats laquelle a déteint sur des médias accrochés aux wagons de groupes financiers.
L'Occident a peut-être encore le monopole du moteur qui fait marcher ses industries, mais il n'a certainement plus la maîtrise du moteur qui fait avancer l'Histoire...
Ah! l'Histoire. Il fut un temps où cet Occident faisait l'Histoire à son seul profit en écrasant ceux qui lui résistent...
En effet, jadis, au temps de la marine à vapeur, les pays qui pratiquaient la politique de la canonnière pour occuper des territoires se souciaient peu des états d'âme de leur opinion publique. La guerre était loin et les communications prenaient les chemins des élèves faisant l'école buissonnière. Aujourd'hui les choses ont quelque peu changé.
Le poids de l'opinion publique a grandi et peut donc agir sur la politique des gouvernants. Il vaut mieux donc canaliser cette opinion à son profit. Il leur reste alors à trouver des astuces pour émousser les capacités de cette opinion à s'opposer à des décisions prises par des pouvoirs politiques qui s'estiment seuls juges de l'intérêt du pays.
Dans ce but, on «inventa» la désinformation. Inventer n'est pas le mot juste, on fit appel tout simplement à l'intoxication, une technique des services secrets consistant à tromper l'ennemi en fournissant de fausses informations. Induire en erreur l'ennemi pour le surprendre et lui infliger le plus de pertes possibles. La désinformation est donc un ensemble de techniques modernes pour «guider» les opinions. Il faut savoir tout de même que la désinformation du public est moins sophistiquée que l'intox pratiquée par des professionnels en direction d'autres professionnels (les services ).
La désinformation grand public, en temps de guerre, se nourrit de l'exploitation des peurs, des préjugés mais aussi de l'excitation du chauvinisme nationaliste pour contrer le pacifisme anti-guerre, autant de paramètres qui sommeillent ou agitent les sociétés. Ainsi aujourd'hui, le moral de l'opinion et son soutien font-ils partie de la stratégie de la guerre. Parce que l'engagement militaire à l'extérieur a besoin d'un front intérieur anesthésié. Les Etats-Unis en savent quelque chose qui, en dépit de leur armada et de leur richesse, ont dû se résoudre à faire la paix avec le Vietnam. Ce dernier a si bien résisté qu'il a fini par ouvrir des béances dans la société américaine, non seulement parmi les classes moyennes (les boys mourraient ou bien revenaient au pays traumatisés) mais aussi dans les milieux économiques inquiets de voir la planche à billets du dollar (inflation) financer cette guerre.
Dans la guerre pour séduire l'opinion, cette sorte de théâtre d'ombre, chaque camp se pare des habits blancs de la morale. En revanche tout est bon pour traîner l'adversaire dans la boue.
L'Occident n'a pas compris qu'il n'est plus le seul à détenir le pouvoir de la force ni la noblesse de l'éthique ou de la morale. Toute l'énergie investie et toutes les contorsions idéologiques opérées dans la désinformation ne peuvent changer le cours de l'Histoire. Comme l'a dit un de ses représentants (Giscard d'Estaing), l'Occident, qui traîne tant de casseroles, n'a pas le «monopole du cœur», et ce, depuis belle lurette. Les ruses de sa désinformation sont toujours éventées car le mensonge le plus élaboré finit toujours par se fracasser contre la vérité, c'est-à-dire la réalité. Le déni du réel a un nom, la FOLIE.
A. A.
* Les médias du Qatar (Al Jazeera) et de l'Arabie Saoudite (Arabya) se sont déjà distingués dans cette vile entreprise du mensonge en Algérie et en Tunisie.
** Le document de la commission internationale (janvier 2012) organisée par le CF2R et le CIRET-AVT dont faisait partie Saïda Benhabillès, sénatrice algérienne, relate un chapelet des techniques de la désinformation qui défient l'entendement.


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