J'ai suivi avec un vif intérêt les commentaires de M. Nassim Abbas, neveu du Président Ferhat Abbas, sur la récente publication de M. Belaïd Abdeslam, aux éditions Dar Khattab, intitulée « Chroniques et réflexions inédites ». Deux passages de sa contribution m'ont interpellé : «La direction du C.R.U.A en tant que tendance du M.T.L.D» ; et, «Quand à l'U.D.M.A et les Oulémas qui se situent en dehors de ce mouvement, une fois contactés répondirent oui». Je fais part, ici, d'une contribution de feu Mohamed Boudiaf, intitulée la préparation du 1er Novembre, parue sur El Djarida de 1974 journal du PRS : «Le C.R.U.A (Comité Révolutionnaire d'Unité et d'Action) n'avait rien à voir avec le M.T.L.D. Le C.R.U.A vit le jour le 23 mars 1954, dont le comité était composé de quatre membres, deux anciens de l'O.S Mohamed Boudiaf et Mostefa Ben Boulaïd et deux centralistes Dekhli et Bouchebouba Ramdane. Le lendemain, une proclamation était lancée pour préciser les objectifs du C.R.U.A, qui se résumaient en ceci : Il n'est pas inutile d'expliquer les raisons qui nous ont poussés à nous associer dans le C.R.U.A à des centralistes. Il faut savoir qu'en mars 1954, il était impossible, malgré l'anarchie qui régnait dans l'organisation, de prendre des contacts dans cette dernière sans passer par les cadres permanents qui étaient précisément contrôlés par Dekhli. Le problème était donc, puisque nous avions déjà les Messalistes sur le dos, de gagner du temps tout en disposant de moyens financiers, matériels d'impressions et de locaux que le Comité Central avait en sa possession. Ce qui comptait le plus, c'était de parvenir à renouer le contact avec les militants de la base et parmi eux certains cadres de l'O.S, recherchés que nous avions perdus de vue depuis longtemps. C'est grâce a cela que j'ai pu retrouver Zighoud, Ben Tobbal, Benaouda, Souidani Boudjemaâ, Bouchaïb etc. Les centralistes, pour leur part, donnaient l'impression d'attendre que le C.R.U.A ou plus exactement ses éléments tirent les marrons du feu pour eux. Ouvertement, ils ne disaient rien, mais laissaient entendre à leurs proches partisans que le C.R.U.A, c'était eux. Les Messalistes, quant à eux forts de la bénédiction du "Zaïm" et après la tenue du congrès d'Hornu (Belgique) du 15 juillet 1954, excluant tout le Comité Central et bien entendu les membres du C.R.U.A ; ce n'était pas plus difficile que cela ! C'est à la suite de ce nouveau développement que le C.R.U.A se disloqua. Les deux centralistes, Dekhli et Bouchebouba retournèrent au bercail, la rupture eut lieu vers le 20 juillet 1954. Constitué en vue de sauver l'unité du parti, le C.R.U.A n'avait plus de raison d'être, puisque le congrès messaliste avait consommé la scission. Le C.R.U.A devait reconnaître son échec et se dissoudre ou alors se donner de nouveaux objectifs répondant à la situation nouvelle. Cette argumentation n'eut pas l'air de plaire à Dekhli, dont la présence au C.R.U.A n'avait d'autre but que de faire obstruction au Messalisme sous couvert du neutralisme». A cet effet, il m'a semblé opportun d'apporter une modeste contribution aux commentaires, en précisant que le Président Ferhat Abbas a rallié le FLN le 23 avril 1955 et les Oulémas à la mi-mai 1955. Toute information documentée contraire à celle-ci est la bienvenue car elle enrichira mes connaissances en la matière.