Comme prévu, Ahmed Ouyahia a été confortablement élu à la tête du Rassemblement national démocratique, le RND, jeudi dernier, au premier jour du congrès extraordinaire du parti transformé en un congrès ordinaire, le 5e du genre, suite à l'adoption d'une résolution par les 1 600 participants aux assises qui se tenaient à l'hôtel El-Aurassi à Alger, depuis jeudi dernier. Il ne s'agit pas seulement d'une élection, mais d'un plébiscite, obtenu par suffrage direct et à bulletins secrets. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Pour la première fois dans l'histoire du parti, deux candidats ont postulé au poste de secrétaire général, ce qui a nécessité cette autre première qu'est le vote direct par les congressistes, à bulletins secrets. Le verdict de cette épreuve des urnes sera sans appel : Ahmed Ouyahia obtient 1 513 voix, contre seulement 21 voix pour son rival, l'ancien secrétaire à la Jeunesse, Belkacem Mellah. Un résultat, mais aussi un mode de vote qui confère à l'actuel directeur de cabinet de la présidence de la République une légitimité et une autorité qu'aucun autre secrétaire général n'a pu obtenir avant lui. Un résultat qui mettra hors circuit, définitivement, les adversaires de Ouyahia, à savoir les «redresseurs». Outre la légitimité que lui confère désormais le congrès, Ouyahia obtiendra le plus sur des appuis, une sorte de validation officielle de son poste à la tête du RND, qu'est le message de félicitations que lui adressera Abdelaziz Bouteflika, le soir même de son élection. «J'ai suivi avec intérêt le vote qui vous a dûment porté, dans le cadre d'une opération démocratique à la tête du RND, ce parti qui a de tout temps adopté des positions nationales marquées du sceau de l'intégrité et de la sagesse, dans le seul but de placer les intérêts suprêmes du pays au-dessus de toute considération, à la faveur d'un programme politique et social rénové et d'une ligne nationale droite», écrira d'emblée Abdelaziz Bouteflika en préambule de son message. Puis, ce passage, un peu plus personnalisé et qui fera, au moins, un mécontent : Ammar Saâdani : «Ma conviction était grande que les militantes et militants du RND, connus pour leur grande expérience sur la scène politique et leur haut sens de responsabilité, allaient vous élire à la tête de leur parti, confiants en cela que votre éclatante victoire pourrait contribuer à relever les grands défis qui se posent à notre pays.» Le secrétaire général du FLN s'en est, pour rappel, violemment pris à Ahmed Ouyahia, fin mars dernier, l'accusant carrément de «trahison» envers Bouteflika ! Ce message du premier concerné constitue, sans doute, un cinglant désaveu à Saâdani qui, au passage, avait décliné l'invitation d'assister au congrès du RND auquel il s'est fait représenter par deux membres du bureau politique du FLN. Le message présidentiel constitue, pour Miloud Chorfi, un proche de Ahmed Ouyahia et porte-parole du congrès, «une reconnaissance du Président de tous les Algériens aux compétences et à la personne de Ahmed Ouyahia ainsi que du parti et de ses militants». Bouteflika, qui, dès son arrivée au pouvoir en 1999, avait commencé par malmener publiquement l'ancien parti majoritaire d'alors, le RND, finira par donner sa caution au congrès du parti, à travers un message, privilège jusque-là réservé au seul FLN dont il est le président. De quoi donner à Ahmed Ouyahia la «paix» pour au moins cinq ans ! L'homme, revenu à la tête du parti en juin 2015, à titre intérimaire, pourra ainsi conduire confortablement le RND lors des cruciales batailles électorales de 2017. Des élections législatives et locales qui devront déterminer la prochaine majorité mais qui, surtout, constitueront le socle sur lequel sera adossée la prochaine élection présidentielle. A l'occasion de ce 5e congrès, Ouyahia a pu également compter sur la vieille garde du parti, comme Boualem Allah Ghoulamallah, Mohamed Chérif Abbès, Chérif Rahmani, l'ensemble des ministres du parti comme le puissant ministre de l'Industrie et des Mines Abdesselam Bouchouareb, ainsi que quasiment tous les cadres du parti. N'ont manqué à l'appel que l'ancien ministre de l'Education Aboubakeur Benbouzid, «dont l'absence est justifiée» nous explique-t-on, et l'actuel ministre du Commerce, Bakhti Bélaïb, qui se trouve à l'étranger pour des soins. Ceci étant, et après le secrétaire général, le congrès s'est attelé hier à l'élection du conseil national composé de 400 membres. Plus précisément, 367 élus auxquels s'ajouteront 10% de désignés. Des désignés que Ahmed Ouyahia choisira parmi les cadres et les personnalités nationales du parti. Quant à la composante du bureau national, elle sera soumise à l'approbation du conseil national lors de sa première session, probablement en juin. Ouyahia, qui présidera, aujourd'hui, la cérémonie de clôture de ce cinquième congrès, annoncera, par ailleurs, la date de sa conférence de presse qui devrait intervenir courant de la semaine, fonction de son agenda de directeur de cabinet de la présidence.