Le Consortium international des journalistes (ICIJ), l'organisation établie à Washington qui a coordonné l'enquête sur les «Panama papers», a mis en ligne lundi 9 mai une partie des données issues des fuites sous forme de base de données, permettant d'y faire des recherches. Que contient cette base ? Il s'agit du registre interne des quelque 214 000 structures offshore administrées par Mossack Fonseca entre 1977 et 2015 et des données associées à chacune d'entre elles : dates de création et éventuellement de dissolution ; statut (active, dormante, dissoute...) ; nom des actionnaires, des intermédiaires financiers ; et, lorsque Mossack Fonseca possédait l'information (c'est-à-dire rarement), des bénéficiaires finaux de ces sociétés. Ces informations correspondent peu ou prou à celles que vous obtiendriez en cherchant une société en Algérie dans le registre du commerce. Mais dans un paradis fiscal, elles sont évidemment, en principe, cachées. Schématiquement, la base de données publiée par l'ICIJ est le hall d'entrée de Mossack Fonseca, contenant une boîte à lettres par société offshore. L'ensemble du «leak» auquel ont eu accès les médias qui ont travaillé sur les «Panama papers» permet d'accéder au contenu des boîtes aux lettres, et donc à tous les documents détaillant les montages financiers. Qu'y lirez-vous ? Des tas de noms de sociétés, qui ne vous diront sans doute pas grand-chose. Lorsqu'on cherche à dissimuler ses avoirs, on utilise rarement un nom de société qui permette de retrouver son bénéficiaire. Vous y trouverez aussi des noms de personne, notamment en Algérie. Là aussi, il faut savoir ce qu'on regarde : une personne citée comme directrice d'une société ne cherche en général pas à se dissimuler, car cette information est généralement publique. En revanche, il est plus intéressant de regarder les noms des actionnaires qui, eux, ne sont pas censés être publics. Mais les clients les plus prudents auront loué les services d'actionnaires prête-noms ou utilisé des actions au porteur pour dissimuler leur identité. Attention également aux homonymes, qui sont fréquents, et peuvent vous laisser croire à une découverte qui n'en sera pas une ! Enfin, même si vous avez la certitude d'avoir identifié le bénéficiaire d'une société, n'oubliez pas qu'il existe nombre de cas où créer une société offshore est légal et correspond à une nécessité économique. Par exemple pour s'implanter dans certains pays. Y a-t-il des informations inédites ? C'est peu probable. 109 rédactions internationales ont consacré près d'un an à travailler sur ces fichiers et à chercher les cas les plus remarquables qu'ils contiennent. Il faut rappeler qu'un montage fiscal «bien fait» évite justement que le bénéficiaire économique final apparaisse dans un document. Il est donc tout à fait possible que de «gros poissons» se cachent encore dans les fichiers, mais ils n'apparaîtront pas sous leur propre nom dans la base de données mise en ligne par l'ICIJ.