L'armée syrienne a refermé l'étau sur les quartiers rebelles d'Alep, où des données filtrant des ONG, font craindre une inextricable crise humanitaire, au moment où Londres accueille une réunion pour discuter notamment des conditions nécessaires pour une reprise des pourparlers sous l'égide de l'ONU. La crise syrienne était au menu d'une réunion hier à Londres entre le nouveau ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, et ses homologues français, allemand et italien et la chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini. Cette réunion, précédée par une autre rencontre entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry, et le chef de la diplomatie britanique, portera sur le fragile accord de cessation des hostilités, (signé le 26 février entre les différents belligérants engagés en Syrie et mis au point avec la Russie et les Etats-Unis), la situation humanitaire désastreuse et les conditions nécessaires pour que les acteurs syriens reprennent des pourparlers. A ce titre, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a annoncé vouloir reprendre en août les négociations de paix inter syriennes, après l'échec de deux précédentes sessions à Genève, donnant lieu à des combats sans merci notamment à Alep, l'ancienne capitale économique de Syrie qui est l'une des villes les plus affectées par la guerre. Divisée depuis 2012 entre des quartiers ouest tenus par les forces syriennes et des quartiers est contrôlés par des rebelles, l'encerclement total d'Alep, constitue de l'avis de certains analystes, un «succès militaire majeur» pour le gouvernement syrien. Cela pourrait être même un tournant dans le conflit, qui a fait plus de 280 000 morts depuis son déclenchement en 2011. Du point de vue humanitaire, les choses ne sont pas lénifiantes pour plus de 200 000 civils qui y vivent, tel que le démontrent les données des ONG. Des pénuries de nourriture et d'essence se font sentir dans les quartiers rebelles de la deuxième ville de Syrie depuis que les forces régulières ont coupé le 7 juillet leur dernier axe d'approvisionnement, la route du Castello, selon ces sources citant des habitants. Elles se sont emparées ce week-end de la totalité de cette route, isolant complètement Alep-Est et faisant craindre un long siège. Les forces syriennes n'ont pas relâché lundi leurs frappes aériennes sur les quartiers rebelles, (Alep-Est). Celles-ci se sont intensifiées ces derniers jours. Au moins 28 personnes ont été tuées samedi dans des raids aériens sur des quartiers rebelles de la ville syrienne d'Alep (nord), a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG proche de l'opposition et basée à Londres. Le bilan pourrait encore s'alourdir en raison du nombre de blessés dans un état critique, a indiqué l'Observatoire. Selon les Nations unies, près de 600 000 personnes vivent dans des zones assiégées en Syrie, sans accès à la nourriture ni à une aide médicale. Des dizaines de personnes sont mortes de faim. L'ONU, qui n'a pas encore défini Alep-Est comme «zone assiégée», s'est déclarée «très inquiète de l'escalade de la violence» qui «met en danger des centaines de milliers de personnes» dans cette ville. Elle a appelé «toutes les parties à autoriser la livraison de l'aide humanitaire» et à «l'évacuation des civils qui le désirent». Le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a fait état d'une situation «particulièrement inquiétante en raison de la forte concentration d'habitants dans cette zone». Alors qu'Alep-Est n'a plus reçu aucune aide depuis le 7 juillet, l'Ocha affirme qu'il y a assez de nourriture pour couvrir les besoins de 145 000 personnes pendant un mois mais qu'il y a «une aide vitale qu'il est urgent de livrer».