Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a demandé hier la fermeture de la frontière turco-syrienne afin de couper les voies d'approvisionnement des terroristes, y compris par le biais de convois humanitaires. «Une tâche très spéciale consiste à couper l'approvisionnement des terroristes à partir de l'extérieur. Pour y parvenir, il est important de fermer la frontière entre la Syrie et la Turquie, car à travers elle, ces gangs reçoivent des armes, y compris par le biais de convois humanitaires», a déclaré M. Lavrov devant le Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU à Genève. «Il n'y a pas de place pour les terroristes et les extrémistes, ni dans les accords de cessez-le-feu, ni dans un processus de règlement politique» en Syrie, a-t-il affirmé. Le chef de la diplomatie russe a souligné qu'une «défaite massive de l'organisation autoproclamée Etat islamique (Daesh) et du Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) est une condition préalable et nécessaire pour préserver les droits de la population syrienne qui a trop souffert». «Améliorer la situation humanitaire en Syrie est l'une des priorités clés de l'ONU, a-t-il poursuivi. Toutefois, la résolution des problèmes humanitaires et la restauration du pays détruit par la guerre ne seront possibles que grâce au maintien d'un cessez-le-feu durable et à la mise en place d'un dialogue intersyrien sur l'avenir du pays, qui doit être décidé par les Syriens eux-mêmes, sans ingérence extérieure». Lundi, des équipes de l'ONU ont livré de l'aide à l'une des villes assiégées de Syrie, pour la première fois depuis le début de la trêve entre régime et rebelles, généralement respectée malgré quelques accusations de violation. L'accord de cessation des hostilités a été négocié et conclu, avec le soutien de l'ONU, par Moscou et Washington. A ce propos, le président syrien Bachar Al-Assad promet de faire en sorte que la trêve entrée en vigueur samedi «fonctionne», dans une interview à la télévision publique allemande dont des extraits ont été publiés mardi. «Nous ferons ce qui dépend de nous pour que tout cela fonctionne», a déclaré M. Al-Assad, dans son interview qui devait être diffusée dans son intégralité hier soir. Pour prouver sa bonne volonté, il propose «un retour à la vie civile» aux groupes de l'opposition armée qui déposent les armes en leur accordant «une amnistie complète». «La chose la plus importante pour moi, légalement et constitutionnellement, en me fondant sur l'intérêt du peuple syrien et les principes qui régissent tout Etat, c'est que l'on n'est pas autorisé en tant que citoyen à détenir des armes à feu et à porter atteinte aux gens ou aux biens», a insisté M. Al Assad. S'agissant de la trêve, «les terroristes l'ont rompue dès la première heure», a dit M. Al Assad, ajoutant que «l'armée syrienne s'est abstenue de toutes représailles pour maintenir les chances de survie de l'accord». «Tout a ses limites. Cela dépend de l'autre camp», a-t-il cependant mis en garde. Dans cette interview, il qualifie de «désastre humanitaire» la situation de la population syrienne, contestant que «ses troupes empêchent la livraison de vivres ou de médicaments dans les zones contrôlées par l'opposition». «Comment pourrions-nous priver ces zones de vivres alors que nous ne parvenons pas à empêcher l'approvisionnement en armes ?», a-t-il dit.