De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Sur le putsch turc, dans les coulisses des institutions européennes, il se dit et s'échange des informations ô combien plus importantes que celles que l'on lit et entend dans la presse et les communiqués officiels. Sur le putsch manqué en Turquie, une rumeur tellement insistante et redite que l'on a du mal à ne pas classer comme source sûre, évoque non pas un coup d'Etat contre Erdogan mais d'Erdogan. Un auto-putsch. Sauf qu'à la différence avec l'auto-goal ou le contre son camp du football qui sanctionne le joueur et l'équipe fautifs, l'autre putsch de Tayyip Erdogan le favorise et plutôt conséquemment. Quelques heures à peine après le désordre du vendredi dernier, le président turc a pratiquement raflé tous les pouvoirs. En un tour de main, il a nettoyé l'armée, la justice, la haute administration et la Fonction publique en faisant arrêter, limoger ou mettre en garde à vue tous les gêneurs. Généraux et amiraux, magistrats de toutes les cours y compris le vice-président du Conseil constitutionnel, préfets, préfets de province, chefs de la police et même du renseignement alors que l'état-major des services a été loyaliste et républicain. Les listes étaient prêtes et dès l'annonce du ratage des putschistes qui ont commis des impairs tellement grossiers que l'on se pose de sérieuses questions sur leurs véritables desseins, tous les indélicats ont été désignés à la vindicte populaire. Le putsch avorté de Turquie est une grossière réplique, mélange de la tentative de Tahar Z'biri contre Boumediène en 67 en plus vulgaire. Au moins Z'biri a été chef de l'état-major et pouvait compter sur des réseaux de l'avant-indépendance. Mais, tout de même, se lancer dans un putsch sans les services, la police, les chefs de Régions militaires, le ministère de l'Intérieur et au moins des relais dans la, presse et la justice, relève plus de la folie que du coup d'Etat. D'où les interrogations dans les coulisses de la Commission, du Conseil et du Parlement. Il y en a d'autres comme cette descente sur la télé publique où des journalistes précèdent à... l'arrestation des militaires venus les réduire au silence et déclarer allégeance à la casquette ou cette curiosité de laisser libre Erdogan de ses mouvements et lui permettre d'adresser un message à ses compatriotes. Trop de zones d'ombre ! Le plus dramatique dans l'histoire est à chercher du côté de Bruxelles et non d'Ankara. Pourquoi ces questionnements de coulisses n'apparaissent-elles pas dans les médias ? Ou si peu... La liberté de la presse a en Union européenne des limites que les journalistes connaissent parfaitement. Le coup d'Etat de Z'biri s'arrête net à El Affroun. Celui des Turcs, on ne sait même pas où il débuta et comment il prit fin. Tout a été si vite, si mal engagé et si peu réfléchi... Le tout en faveur d'Erdogan. Evidemment...