Les arrestations, suite au coup d'Etat manqué en Turquie le 15 juillet dernier, se poursuivaient hier, où plus de 5 600 présumés suspects ont été placés en détention provisoire jusqu'à présent, et l'instauration de l'Etat d'urgence pour trois mois dans le cadre des enquêtes lancées à la suite de ce putsch raté. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a mené une action énergique pour la reprise en main de la situation dans son pays, a décidé une série de mesures drastiques dont l'instauration de l'Etat d'urgence qui restreint le droit de manifester ou la liberté de circulation dans certains secteurs identifiés. Néanmoins, il a lancé un appel fort au peuple turc et à ses partisans de continuer à occuper les rues et les grandes places d'Istanbul pour la démocratie. Le gouvernement a décidé, dans le cadre de l'état d'urgence, la fermeture de 35 établissements de santé, 1 229 fondations et associations, 19 syndicats, fédérations et confédérations et 15 institutions privées d'enseignement supérieur, mais également de proroger la durée maximale de la garde à vue de quatre à 30 jours. Autre mesure forte, le passage sous tutelle du ministère de l'Intérieur de la gendarmerie, qui dépendait jusqu'à présent de la Défense. Les derniers chiffres compilés par l'agence Anadolu, indiquent 5 613 suspects sur 12.652 personnes arrêtées ont été accusés de liens avec le putsch sanglant qui a fait au moins 246 morts et plus de 2 100 blessés. Près de 300 officiers de police, 3 649 soldats, 1 559 juges et procureurs, 20 responsables administratifs locaux et 93 autres personnes ont été déférés devant le tribunal, selon la même source. Un total de 126 généraux et amiraux sur 133 arrêtés ont été placés en détention provisoire et un groupe de 1 200 soldats, «trompés» par leur hiérarchie et qui «n'ont pas tiré sur les civils», ont été remis en liberté samedi. Quelque 60 000 personnes ont fait, à ce jour, l'objet d'une mesure administrative ou judiciaire pour «purger» l'administration des proches du mouvement «Hizmet» de Fethullah Gülen, accusé par les autorités turques d'avoir fomenté la tentative de putsch. Un important collaborateur du prédicateur Fethullah Gülen, Hails Hanci, accusé par le gouvernement d'être l'instigateur du coup d'Etat manqué, a également été arreté. Les autorités ont déjà annoncé samedi le placement en garde à vue d'un neveu de Gülen, Muhammet Sait Gülen. Le gouvernement turc a accéléré vendredi le grand ménage au sein de ses forces de sécurité, une semaine après le putsch manqué qui a pris en défaut son service de renseignement réputé puissant. Depuis la tentative du coup d'Etat avortée, Ankara n'a pas observé de pause dans les purges massives : 283 militaires du régiment de la garde présidentielle ont été mis aux arrêts dont 123 généraux. Et 10 856 passeports de service de personnes susceptibles de fuir ou déjà arrêtées, notamment des fonctionnaires, ont été annulés vendredi. Les autorités turques ont annoncé la dissolution de la garde présidentielle après avoir arrêté presque 300 de ses membres, selon le Premier ministre Binali Yildirim. «Il n'y aura plus de garde présidentielle, elle n'a pas raison d'être, on n'en a pas besoin», a déclaré M. Yildirim à la chaîne A Haber. Des membres de cette unité faisaient partie d'un groupe qui a pénétré dans les bâtiments de la télévision publique TRT durant la tentative de coup d'Etat de la semaine dernière, a déclaré M. Yildirim. Ce groupe a forcé une présentatrice à lire une déclaration proclamant la loi martiale et l'instauration d'un couvre-feu. Le Premier ministre a ajouté que 13 002 personnes avaient été placées en garde à vue après le coup d'Etat manqué, parmi lesquelles 1 329 policiers, 8 831 militaires, 2 100 juges et procureurs, et 689 «civils».