Les produits de large consommation sont quasiment inabordables pour une majorité d'Algériens qui ne savent plus à quel saint se vouer. Après les fruits, les légumes et les viandes rouges, aujourd'hui c'est au tour du poulet de prendre des ailes. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Les voyants sont au rouge : le consommateur algérien est livré depuis plusieurs mois à des difficultés sérieuses pour s'approvisionner quotidiennement. Les fruits, les légumes, les laitages, les viandes, tous les produits sont devenus inaccessibles. Dans l'incapacité d'acheter de la viande rouge, les Algériens se rabattent ainsi sur la volaille. Or, depuis plusieurs semaines, le prix du poulet connaît une hausse vertigineuse. Hier au marché T'nache à Belouizdad à Alger, le prix affiché du poulet faisait presque fuir. Sur son étal, Mustapha, vendeur de volaille, propose le poulet éviscéré à 410 dinars le kilogramme. Une augmentation qu'il incombe à la maladie qui a touché dernièrement, certains élevages de gallinacés dans la wilaya de Bouira, à une centaine de kilomètres au sud-est de la capitale. «Aujourd'hui, le prix du poulet augmente et baisse comme augmente et baisse la devise dans une bourse», s'amuse-t-il à dire. Mustapha fait remarquer toutefois, que depuis quelque temps, la vente du poulet a largement baissé. «Son prix fait fuir les clients et ceux qui continuent à l'acheter ont carrément changé leurs habitudes. Les clients qui, à l'accoutumée, prenaient un poulet entier, aujourd'hui se contentent d'un ou de deux morceaux», dit-il. C'est le cas d'une sexagénaire qui, à l'annonce du prix du poulet, a préféré se rabattre sur les abats qui reviennent moins chers. «Les abats coûtent moins cher que les autres parties du poulet», explique le vendeur. Chez un autre vendeur de volaille dans le vieux marché de Belouizdad, point de rush. Installés derrière leur étal, Toufik et son collègue chôment presque. Ils s'occupent à découper des morceaux de volaille et à les exposer dans leur présentoir frigorifié. «Durant le mois de Ramadhan, son prix ne dépassait pas les 260 dinars le kilo», se rappelle-t-il. Selon lui, ce n'est qu'après la fête de l'Aïd El Fitr que le prix de cette viande s'est envolé. Une flambée qu'il justifie à son tour par la baisse de production avicole en été. «Durant la saison estivale, nombre d'aviculteurs cessent la production du poulet en raison des grandes chaleurs qui, souvent, provoquent de grandes pertes dans leurs élevages. Seuls quelques-uns continuent leur activité et font face à une demande qui reste la même. Résultat : le prix du poulet augmente», explique-t-il. Une hausse qui, paradoxalement, n'a pas contraint tous les Algérois à bouder cette viande. Après avoir choisi son poulet, une quinquagénaire demande à Toufik de le lui peser et emballer sans même s'enquérir du prix. «J'ai pris l'habitude d'acheter du poulet et je l'ai fait machinalement sans demander le prix. D'ailleurs, je n'ai pas le choix, j'en ai besoin pour préparer le dîner», dit-elle avant de s'adresser au vendeur : «Au fait, il fait combien le kilo ?».