Le chapeau de présentation de votre interview, trop élogieux à mon égard, contient cependant la phrase suivante : «Ses positions critiques à l'endroit du pouvoir dans le domaine du droit (Constitution, etc.) lui valent son éloignement du pays, l'exil.» La vérité m'oblige à dire que cette phrase est inexacte et je sais, malheureusement, que la presse dit parfois que je suis en exil parce que je suis en France depuis 1990. Or, si je suis à Aix-en-Provence, c'est d'abord pour diriger un centre de recherche, l'Institut d'études et de recherches sur le monde arabe et musulman (IREMAM), puis pour la poursuite de mes recherches scientifiques. Je voudrais donc confirmer ce qui suit : - je suis en France par un choix volontaire et personne ne m'a jamais poussé à l'éloignement ni a fortiori à l'exil ; - j'ai toujours exercé pleinement ma liberté de parole scientifique, y compris à l'époque du parti et de la pensée uniques (comme en témoignent mes écrits de cette époque), et ce, sans jamais avoir été l'objet d'une objection quelconque de la part des autorités ; - je rappelle, au demeurant, qu'il m'est souvent arrivé de collaborer avec les différentes autorités du pays, en tant que membre des commissions de réforme ou à titre de conseil juridique, dès lors que je suis en accord avec l'orientation des réformes proposées; - je rappelle, enfin et également, que je continue de venir souvent en Algérie pour travailler avec les centres de recherches et les universités qui m'invitent.