La plupart des boulangers sont en vacances. En l'absence de l'application de la réglementation des dates de fermeture estivale de ces commerces, les consommateurs triment pour trouver du pain. Un scénario qui se répète pourtant, chaque année. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le temps du mois d'août, les Algérois ne seront pas attirés par les odeurs du pain chaud, des croissants ou encore des brioches qui s'échappent des boulangeries. Encore une fois, ces commerçants sont pour la plupart, partis en congé au même moment. Dans certains quartiers, les consommateurs éprouvent beaucoup de mal à trouver du pain. Sur les quelques boulangeries qui sont encore en activité à Belouizdad, plusieurs d'entre elles ont baissé rideau pour le congé annuel. Les rares boulangeries restées ouvertes, connaissent de longues files d'attente. Elles ne désemplissent pas de la matinée et bénéficient ainsi de la fermeture des boulangeries voisines. A l'entrée d'une boulangerie pas très loin du marché T'nache, des clients arrivent à peine à s'extirper du magasin. Un sac en plastique plein de baguettes de pain à la main, ils quittent les lieux triomphants. Ils viennent de «décrocher» le pain nécessaire pour le déjeuner, le dîner et même pour les tartines du petit-déjeuner du lendemain. Il est midi tapante, une masse humaine attend toujours à l'intérieur de la boulangerie. «La prochaine fournée ne va pas tarder», lance le vendeur, histoire de faire patienter ses clients. Tout près du comptoir, une vieille femme attend son tour. De grosses gouttes de transpiration perlent sur son visage déjà suffisamment sillonné par les rides. Elle saisit un bout de son foulard et s'essuie le front puis les yeux, avant de balbutier quelques mots, vraisemblablement des prières. «La famille algérienne ne peut pas se passer du pain et les boulangeries ferment toutes en même temps», déplore-t-elle, lasse d'attendre sous des températures aussi élevées. Même scénario à El Biar sur les hauteurs d'Alger, où la majorité de ces commerces sont fermés pour la même raison. «Pour acheter le pain, il faut partir le matin sinon vous ne risquez pas d'en trouver», assure Malek, un jeune El Biarois. Selon lui, ici les boulangeries restées ouvertes en ce mois d'août, ne confectionnent le pain que pour la demi-journée. A Bab El-Oued, presque toutes les boulangeries sont fermées. Paradoxalement sur les trottoirs des marchés du quartier, des corbeilles posées à même le sol, débordent de baguettes. Ici, les revendeurs de pain ne chôment pas. Les corbeilles de pain se vident vite. Souvent, la baguette est proposée à 15 dinars. «Avec quelques graines de nigelle dessus et la baguette est cédée à 15 dinars», s'indigne une jeune femme. Les consommateurs ne se soucient plus des conditions d'hygiène ou du prix de la baguette. Pour eux, l'essentiel est de trouver du pain à mettre sous la dent. En ce mois où la baguette du boulanger devient presqu'une denrée rare, le pain traditionnel gagne du terrain. Afin d'éviter les longues files d'attente dans les quelques boulangeries ouvertes, les consommateurs se rabattent sur la galette ou le matlou'e. Les quelques grandes surfaces de la capitale concentrées toutes à l'Est, constituent également une autre alternative pour certains Algérois, notamment ceux qui possèdent un véhicule.