Epargné, jusque-là, par la violence verbale à laquelle sont confrontés ses ministres chargés des secteurs économiques à chacune des déclarations de Louisa Hanoune, le Président Bouteflika en a pris pour son grade, hier, à l'ouverture des travaux d'une réunion du bureau politique du Parti des travailleurs (PT) : «Parler d'Histoire implique la suspension de la politique d'austérité». Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - La SG du Parti des travailleurs Louisa Hanoune a longuement discouru, hier, à l'ouverture des travaux d'une réunion du bureau politique du parti sur ce qu'elle a qualifié de «contre-réformes économiques». Elle a d'emblée énuméré les points inscrits à l'ordre du jour de cette réunion avant d'émettre ses mises en garde habituelles contre les répercussions de la nouvelle orientation économique du pays : «Nous allons examiner la situation politique et socioéconomique à la veille de la rentrée sociale, porteuse à notre avis de graves tensions, ainsi que l'instabilité régionale et son impact sur la sécurité du pays.» Et de souligner : «Les élections législatives de 2017 ne sont pas à l'ordre du jour et il est encore prématuré d'en parler. Nous considérons qu'il est de notre responsabilité en tant que parti politique d'aider à la décantation et à la clarification des enjeux en cette période de grands troubles afin d'éviter de tomber dans la diversion et les faux débats.» Dans ce contexte, Louisa Hanoune a commenté le tout dernier message du Président Bouteflika adressé le 20 août à la Nation à l'occasion du double anniversaire de l'offensive du Nord-Constantinois et du Congrès de la Soummam où il convoque l'Histoire pour projeter l'avenir, faisant mention d'erreurs de gestion commises par ses prédécesseurs. «Il y a eu certes des erreurs. Nous aurions pu aller vers une Assemblée constituante après octobre 1988 qui aurait restitué la parole au peuple pour exercer la plénitude de sa souveraineté. Mais, si on veut parler de l'Histoire de la Révolution, il faut répondre aux exigences de la Révolution et suspendre la politique économique suivie qui sert une minorité au détriment de la majorité», a-t-elle déclaré. La SG du PT pense, en effet, que l'austérité n'est pas inéluctable : «Les solutions existent et sont réalisables. Le message du Président sonne creux parce que les réformes en cours sont plutôt des contre-réformes, un coup de poignard dans le dos de la Révolution, puisqu'il y a un retour grave sur les acquis sociaux.» Ainsi, Louisa Hanoune s'attend à une rentrée sociale chaude : «Les travailleurs des communes qui sont environ 500 000 ont déjà annoncé une grève». Elle a évoqué les difficultés des entreprises du BTP qui souffrent selon elle, du gel de près de 3 000 projets : «Cosider a déjà viré 1 000 travailleurs uniquement à Djelfa.» Quant aux solutions à la crise qui secoue le pays à cause de la baisse des recettes d'exportation du pétrole, Louisa Hanoune suggère «le recouvrement des 9 000 milliards de DA d'impôts impayés, les 7 500 milliards de DA de crédits non remboursés ou encore l'argent prêté au FMI». Et d'ajouter : «Selon les chiffres du Cnis, l'équivalent de 30 milliards de DA ont été transférés illicitement par le biais des surfacturations des importations durant les sept derniers mois. Des enquêtes ont été ouvertes concernant 5 000 opérateurs économiques. C'est cet argent qu'il faut récupérer ainsi que celui des pots-de-vin versés aux responsables corrompus au lieu de poursuivre une politique dangereuse d'austérité».