C'est par une certaine désillusion vis-à-vis du président de la République que le discours du Parti des travailleurs est davantage empreint. Considérant que le chef de l'Etat n'a pas tenu ses engagements, Louisa Hanoune a assuré hier s'en remettre à la volonté populaire. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Hier, troisième jour de l'université d'été du Parti des travailleurs qui se déroule au Village des Artistes à Zeralda. Lors d'une conférence, Louisa Hanoune a adopté un ton davantage critique, voire accusateur vis-à-vis du premier responsable de l'exécutif, le président de la République. Qu'il s'agisse notamment des réformes politiques, le développement socio-économique, la création d'emplois et l'abrogation de l'article 87 bis du Code du travail, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a considéré que les engagements que le Chef de l'Etat a pris «se sont évaporés». Ainsi, sceptique à l'égard de l'exécutif, Louisa Hanoune rappellera qu'elle s'est adressée à maintes reprises au président de la République pour au moins mettre un terme aux «déviations», notamment une prégnance de plus en plus forte de l'«oligarchie» et la politique d'austérité. Mais, «en vain», déplorera-t-elle, ne manquant pas de mettre en cause la responsabilité du «même président, du même gouvernement qui a permis ces déviations». Comme elle notera au passage que l'évocation de la réforme constitutionnelle est un sujet «dépassé» et ne pourrait relever que du «leurre». Or, dans la mesure où le PT entend revoir ses options tactiques sans renier ses principes et orientations stratégiques dont la démocratisation du régime, la souveraineté populaire et la révocabilité des élus et dirigeants, Louisa Hanoune assurera que le cap est davantage pris vers la mobilisation populaire. «Nous nous adressons directement au peuple», assènera-t-elle. Cela d'autant que la réactivité présidentielle fait défaut, la dirigeante du PT qui s'attendait à ce que le chef de l'Etat s'adresse au peuple, spéculera, ce faisant, sur l'existence d'une réelle volonté politique de la part de l'exécutif. Mais aussi dans la mesure où cette mobilisation populaire est seule garante de la préservation de l'intégrité du pays, de l'unité nationale dans le contexte actuel marqué selon Louisa Hanoune par «un péril interne encore plus fort que les menaces externes». Rappelant que son parti a impulsé le développement de 500 comités populaires en 2011, la secrétaire générale assure poursuivre la mobilisation, l'union avec les travailleurs. Réitérant le constat qu'elle avait dressé à l'ouverture de cette université d'été, la secrétaire générale déplorera «l'arrogance», la propension de l'oligarchie à vouloir s'accaparer des leviers du pouvoir et à dilapider encore les deniers. Voire, Louisa Hanoune relèvera qu'«un certain nombre de ministres ont été limogés, car ils s'opposaient à la dilapidation des deniers publics». Mettant en cause un exécutif assez généreux vis-à-vis de cette oligarchie mais qui ne se soucie pas des intérêts des travailleurs et des retraités, un gouvernement qui prend des mesures « aléatoires » sans en cerner les conséquences sur le plan social, la dirigeante du PT en appellera donc à «la rupture». Dans ce contexte, Louisa Hanoune assure que sa formation politique suivra avec «vigilance», avec «des appréhensions» le projet de loi de finances pour 2016. C. B. «Il est temps de réactualiser la charte de la paix» «Il est temps de réactualiser la Charte de la paix et de la réconciliation» adoptée en 2005, affirmait hier la secrétaire générale du PT. Tout en considérant que son parti a soutenu cette initiative, en dépit de ses contradictions, Louisa Hanoune estimera qu'il est temps de relancer la Charte afin de «traiter l'ensemble des facteurs de la crise». Pour cela, la dirigeante du PT insistera notamment sur la nécessité d'une «solution nationale algérienne exclusive».