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C'est ma vie
La lettre de hassiba ben bouali et le petit billet de maliha hamidou
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 09 - 2016

En franchissant le seuil de la demeure de Hadj Abdelhamid, nous étions loin de penser qu'on allait revivre avec une intense émotion cette journée du 13 avril 1959. Tlemcen a fait offrande de sa jeunesse pour la patrie. Maliha Hamidou en est une, mais on en parle peu. Elle symbolise pourtant le martyre et le courage de la femme algérienne pendant la longue nuit coloniale.
C'est une nouvelle génération de lycéennes qui, à l'occasion de la rentrée scolaire, vient de découvrir l'existence d'une icône de la Révolution algérienne. Le lycée de jeunes filles qui portait le nom de l'EPS fut baptisé au nom de la chahida Maliha Hamidou, qui a fréquenté cet établissement jusqu'en classe de seconde, avant de prendre le chemin du maquis. Il faut dire que cette rentrée scolaire fut chargée d'émotion, quand une étudiante a commencé à lire un message de Hassiba Ben Bouali à ses parents à la rentrée scolaire du 15 septembre 1957. Hassiba disait à ses parents que sa place était au maquis. C'est ce qu'a fait aussi Maliha Hamidou, jeune lycéenne, elle a laissé un petit billet à ses parents avant d'être arrêtée en pleine nuit par les éléments de la DST.
Depuis 2007, les lycéens français se remémorent la lettre de Guy Môquet, un jeune martyr de la résistance française. Guy Môquet, ce jeune résistant communiste fusillé par les nazis à l'âge de 17 ans, était un résistant comme beaucoup d'autres, sauf que sa lettre d'adieu à ses parents a marqué à tout jamais la mémoire des Français. Le président Sarkozy a d'ailleurs récupéré politiquement cet acte héroïque pour donner de l'allure à son mandat. Chez nous, peu de gens connaissent Maliha Hamidou. Elle était en classe de seconde comme Guy Môquet, elle a aussi laissé un petit billet à sa mère avant de partir. Elle ne connaîtra plus de rentrée scolaire. A la veille du 1er novembre 2007, nous avons rendu visite à la famille de cette héroïne. Son frère Smaïl Hamidou nous raconte...
Maliha, la petite fille de Bab-El-Hadid
Bab-El-Hadid, c'est dans ce quartier populaire situé à quelques mètres du sinistre quartier général des services spéciaux qu'est née en 1942 Maliha Hamidou. Comme toutes les petites filles de son âge, elle fréquenta l'école primaire de Blass-El-Khadem.
Durant toute sa scolarité, elle se rendait à Dar-El-Hadid pour parfaire son éducation religieuse. C'est là un tournant décisif qui allait marquer la petite fille qui commence à découvrir l'amère réalité à laquelle était confronté le peuple algérien. Elle commence alors à être imprégnée d'un sentiment de révolte. A cette époque, le courant révolutionnaire était très fort et le destin de Maliha allait prendre une autre tournure pendant ses études secondaires. Durant les cinq années qu'elle a passées au lycée jusqu'en classe de seconde, elle optera pour une participation active dans les rangs des fidaïne. Le premier contact avec la Révolution s'est fait par l'intermédiaire d'une certaine Z'hor, une femme militante.
Au cœur de la lutte, l'audace de l'adolescence
La maison familiale de feu Hadj Abdelhamid située sur les hauteurs de Tlemcen à Sid-Chaker devient alors le PC de tous les maquisards et moussebeline de la région, lieu de refuge, PC des opérations en ville et aussi lieu de transit des moudjahidine en partance vers le Maroc, un certain Chérif Belkacem est aussi passé par là, nous confie Smaïn, le frère de Maliha. Débordant de courage et surtout de lucidité, l'étudiante aux yeux noirs et au regard furtif est respectée et admirée pour son audace, elle est alors désignée comme secrétaire de la cellule combattante du secteur de Sidi-Chaker. Elle ne se contente pas de collecter des renseignements et de surveiller les mouvements de troupes de l'armée coloniale, elle participe de manière directe à des attentats en milieu urbain. Véritable planificatrice des opérations des plus dangereuses, l'étudiante des années 1957 savait aussi jouer de la grenade. Dans son cartable il y avait toujours une arme : Maliha était prête à tout. De ses activités militantes, sa famille était bien sûr au courant, mais Maliha ne disait jamais rien sauf à Rabéa, sa sœur adoptive, qui était sa véritable confidente. Le parcours de la jeune combattante n'était pas prêt au rendez-vous en ce printemps de l'année 1959.
Le 13 avril 1959, 1h du matin, la nuit du destin
Durant cette année, le combat s'intensifia contre l'oppresseur, les forces coloniales étaient harcelées en plein centre-ville. On assista alors à une répression sauvage et sanglante, beaucoup de fidaïne et de maquisards tombèrent au champ d'honneur les armes à la main, d'autres furent achevés sous la torture et ce fut un coup terrible pour le réseau des cellules combattantes. Certains avouaient sous la torture, Maliha était consciente du danger et s'attendait à tout moment au pire, elle savait qu'elle n'irait pas au bout de sa jeunesse. Dans la nuit du 13 avril, à 1h du matin, un commando des forces spéciales de la DST encercle sa maison. C'est la mère de Maliha qui ouvre la porte, un béret vert fait irruption à l'intérieur de la maison et hurla : «Qui est Maliha ?» Une voix lui répondit : «C'est moi.» Elle savait que c'était la fin. Avant de quitter le domicile familial dans un dernier geste, elle enfila un manteau et fut emmenée par ses bourreaux.
Le lendemain, un cousin de la famille et infirmier à l'hôpital de Tlemcen est venu annoncer la triste nouvelle. L'héroïne de Sidi-Chaker était morte.
Sa mère se rendit à l'hôpital pour identifier le corps, un corps criblé de balles et portant des traces de torture.
Maliha a tenu sa promesse, elle a résisté à ses tortionnaires, elle n'a livré aucun secret, son corps fragile a supporté toutes les douleurs, elle venait de réaliser son rêve de martyre. Rachida (nom de guerre de Maliha Hamidou) était partie pour un monde meilleur. Après sa mort, sa famille subit de dures représailles. Sa mère, à son tour, est accusée d'avoir lancé une grenade, elle fut condamnée à verser une amende. Un adjudant de l'armée coloniale, un certain Kremenker, menaçait toute la famille. Les Hamidou ont vécu le calvaire jusqu'à la fin de la guerre. Après la mort de Maliha, Rabéa a pris soin de brûler tous les documents secrets que Maliha dissimulait.
Smaïn, un frère marqué à jamais
Smaïn Hamidou, le frère de Maliha, nous narrait les faits avec une profonde émotion. Quand il a su l'objet de notre visite à l'époque, ce professeur n'avait rien oublié, il se souvient de tout, il avait du mal à retenir ses larmes en évoquant cette nuit du 13 avril 1959. Il était encore enfant quand il a vu les bourreaux prendre sa sœur. Il faut dire que la famille Hamidou n'a jamais demandé rien à personne, elle a même refusé des privilèges. Smaïn est catégorique : «Nous ne voulons pas souiller la mémoire de Maliha.» Cette famille a vécu des moments difficiles après la mort de leur père aux Lieux-saints de l'Islam. El Hadj Abdelhamid fut un exemple pour ses enfants, ce bachelier de 1934 était aussi le représentant du corps professoral musulman. Avant de nous quitter, Smaïn nous fait cette étonnante remarque, il nous cita l'exemple d'un autre martyr Benahbib, compagnon de Maliha. Un jour qu'ils étaient tous réunis dans la maison avec leurs compagnons d'armes, Djamel Benhabib ne put s'empêcher de dire : «Vous aurez l'indépendance et vous allez voir ce qui se passera.»Ces jeunes martyrs savaient qu'ils ne survivront pas, ils sont morts avant l'aube naissante de l'indépendance et de la liberté. Aujourd'hui, 49 ans après la mort de Maliha, la nouvelle génération ne sait pas grand-chose de cette héroïne. A Tlemcen, seul un lycée porte son nom. Il est peut-être temps de rattraper le cours de l'histoire et une fondation Maliha-Hamidou serait quand même une reconnaissance de la part de ces jeunes filles qui ont fréquenté le lycée baptisé en son nom. Une fois encore, l'histoire a failli au devoir de mémoire. Le 1er Novembre 2016 prochain sera comme les autres, personne ne viendra prier sur la tombe de Maliha ni déposer une gerbe de fleurs. Les lycéennes qui fréquentent le lycée Maliha-Hamidou ont un devoir de mémoire.
Dans un pays où l'on parle de l'existence de 10 000 faux moudjahidine (c'est tout ?), nos martyrs peuvent dormir en paix, ils n'ont besoin ni de gerbes de fleurs ni de discours glorifiant. En ce 4 septembre, nos pensées sont allées vers ceux et celles qui ont quitté les bancs de l'école pour répondre à l'appel de la patrie.


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