Le gouvernement fait tout pour faire avorter la grève de deux jours que l'Intersyndicale autonome entame aujourd'hui lundi, à l'effet d'exiger le maintien du départ à la retraite sans condition d'âge. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - C'est le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale qui est, en effet, chargé de faire, tardivement, la promotion de la décision prise lors de la dernière tripartite portant annulation de la retraite anticipée. Une campagne menée sur un double front : en tentant de convaincre du bien-fondé de la démarche visant à venir à bout du déficit de la Ccaisse nationale de retraite (CNR), du fait, entre autres, de justement de cette retraite anticipée introduite en 1997 et de l'espérance de vie chez les Algériens actuellement de 77 ans d'abord auprès des partenaires sociaux et ensuite auprès des parlementaires appelés à trancher la question. Pour la première démarche, elle a été vaine, les syndicats autonomes de l'éducation, les plus représentatifs, ayant boudé la rencontre avant-hier samedi, la rencontre d'information animée avec le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, en vue de «sensibiliser le partenaire social à la «nécessité de recourir à la suppression de la retraite anticipée». Hier dimanche, c'était le tour des députés, ceux de la commission des affaires sociales de l'APN de débattre avec Mohamed El Ghazi de ce projet de loi tant controversé avant sa programmation en plénière. Et au bout de cette réunion de près de quatre heures, le ministre en est sorti quelque peu «déçu» par l'attitude de la majorité, pratiquement tous sur la «même longueur d'onde» que ceux de l'opposition, exprimant pour certains d'entre eux bien de «réserves» et de «craintes» au moment où d'autres auraient souhaité voir le projet «gelé» ou «reporté» à une «plus propice» conjoncture. Un refus «timoré» au moment où celui des parlementaires du PT est plus tranché et catégorique. Pour Nadia Chouitem, membre de la direction nationale du parti et membre de ladite commission des affaires sociales de l'APN, ce projet de loi consacre un «autre recul» en matière d'acquis sociaux dont le départ à la retraite sans condition d'âge». Il constitue une «compression déguisée» des effectifs que provoquera le départ massif des fonctionnaires de l'éducation, de la santé et de l'administration du fait de l'ultime délai fixé au 31 décembre prochain pour pouvoir bénéficier de la retraite anticipée. Pourtant, explique la députée du PT, les solutions pour inverser la tendance déficitaire de la Caisse nationale de retraite avancée pour expliquer cette mesure, «existent» et en nombre pour peu que la «volonté politique soit de mise». Et d'avancer les 400 000 travailleurs non déclarés, les fausses déclarations qui touchent près de 80% des travailleurs chez le privé ou encore les 1 400 000 jeunes exerçant dans le cadre de l'Anem. Un avis que partage le député du mouvement Nahda, Youcef Khababa pour qui le gouvernement tente de faire partager à défaut de pouvoir endosser sa non-gouvernance à d'autres. Et de mettre le doigt sur la «bêtise» de fixation du délai court du 31 décembre prochain pour la fin du bénéfice de la retraite anticipée. Ce qui a, selon lui, créé chez les travailleurs et les fonctionnaires, comme un «réaction tout opposée», s'empressant massivement à déposer leurs demandes de départ à la retraite anticipée. «Il aurait été mieux indiqué de prévoir un délai beaucoup plus long, deux ans, voire trois ans, ce qui aurait atténué, on ne peut plus certainement, de cette frénésie», dira-t-il enfin. A noter que ladite commission des affaires sociales de l'APN reçoit ce lundi matin, le secrétaire général de la Centrale syndicale pour les besoins de concertations autour de ce projet de loi. Une invitation qui aurait dû concerner également les syndicats autonomes, plus représentatifs notamment dans les secteurs de l'éducation et de la santé qui pâtiront à coup sûr de la grève de deux jours que lesdites entités syndicales autonomes enclenchent ce matin pour, justement signifier leur refus de l'annulation de la retraite anticipée et exiger leur association aux débats autour justement dudit projet de loi sur la retraite.