Comme la plupart des événements culturels majeurs, le Dimajazz de Constantine a failli passer à la trappe cette année. Institutionnalisé depuis deux ans, ce festival, reconnu mondialement, est désormais cogéré par le ministère de la Culture et l'association fondatrice. La 14e édition aura donc lieu du 19 au 24 novembre. Délocalisé au Zénith de Constantine, le Dimajazz aura longtemps maintenu le mystère sur les dates de sa 14e édition. Certains proches de l'événement avancent qu'il y aurait eu des doutes sur la tenue de la cession 2016 étant donné que le festival, institutionnalisé depuis peu, pourrait souffrir, comme les autres événements étatiques, des mesures d'austérité qui ont déjà frappé nombre de manifestations culturelles. Mais au grand bonheur de ses centaines de fans, le Dimajazz aura bel et bien lieu et les organisateurs viennent de dévoiler une partie du programme avec une ouverture prestigieuse assurée par le groupe The Celtic Social Club. Ce collectif de musiciens bretons et écossais, fondé en 2013 par le batteur Manu Masko, s'inspire de l'expérience du fameux Buena Vista Social Club et aspire à mieux faire connaître la musique celtique en l'ouvrant au rock notamment. Leur premier album sorti en 2014 révèle un style riche en sonorités où le thème principal est toujours un air traditionnel celtique revisité par chacun des musiciens et leurs invités et rehaussé par des textes écrits par les auteurs-compositeurs-interprètes écossais et breton Jim O'Neil et Jean-Pierre Riou. Leur travail arbore en premier lieu l'ambition de sauver de l'oubli des mélodies traditionnelles du siècle dernier, issues de la Bretagne, d'Irlande, d'Ecosse, des Pays de Galles et d'autres régions à forte dominante celtique. Les membres permanents du groupe invitent régulièrement des amis à l'instar du chanteur-compositeur reggae jamaïcain Winston McAnuff, la chanteuse folk Colline Hill, l'artiste bretonne Louise Ebrel, l'accordéoniste Fixi, membre du groupe de rap-musette Java, etc. Le 21 novembre, c'est une diva de la soul qui foulera la scène du Zénith de Constantine : Martha High, une mystérieuse voix qui a longtemps accompagné James Brown, avant de s'émanciper et de créer sa propre formation, «The Royal Italian Family» qui ressuscite en la revisitant l'âme de la soul sudiste mais aussi le souvenir encore éclatant des bandes originales des films italiens des années 1960. Deux jours plus tard, le public découvrira en live le groupe français NoJazz qui mêle musique électronique et sonorités jazz, funk et musique cubaine ; un style survolté et atypique concocté par une bande de copains dont les trompettistes Guillaume Poncelet et Nicholas Folmer, ainsi que le DJ Mike Chekli. Enfin, une clôture en beauté est prévue le 26 novembre avec l'immense Richard Galliano, accordéoniste franco-italien, récipiendaire en 1992 du prestigieux prix Django Reinhardt qui a notamment couronné des sommités telles que Michel Petrucciani et Maurice Vandel. Comme chaque année, le Dimajazz ne lésine par sur la qualité de sa programmation. Reste à espérer que la délocalisation récente du festival de son lieu naturel qu'est le Théâtre régional vers le tout nouveau Zénith de Constantine, où les mesures de sécurité et d'accueil ont été décrites comme quasi policières, ne ternisse le plaisir des mélomanes amoureux de l'événement.